WASHINGTON : Le ministre des Affaires étrangères de Singapour, Vivian Balakrishnan, en visite vendredi à Washington, a jugé qu'il serait "prématuré" que les pays de l'Asean reprennent des discussions à haut niveau avec la junte birmane.
"Nous pensons qu'il serait prématuré de reprendre les discussions avec la junte au niveau d'un sommet ou même au niveau des ministres des Affaires étrangères", a déclaré M. Balakrishnan, interrogé sur des informations de presse faisant état d'une proposition de la Thaïlande en ce sens.
La Birmanie reste membre de ce groupe de dix pays, mais est exclue des réunions de haut niveau.
Le ministre singapourien a rappelé que les pays de l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) avaient condamné le coup d'Etat en Birmanie et les violences qui ont suivi.
"Malheureusement, cela fait maintenant plus de deux ans. Nous n'avons constaté aucun signe d'amélioration", a-t-il souligné.
Les militaires birmans ont repris le pouvoir lors d'un putsch en 2021 après avoir démis le gouvernement démocratique d'Aung San Suu Kyi, puis procédé à une répression qui a fait des milliers de morts.
M. Balakrishnan s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui l'avait reçu peu auparavant.
"Il faudra bien, au bout du compte, que tout le monde s'asseoie et négocie", a-t-il cependant affirmé.
"Je ne sais pas combien de temps il faudra. La dernière fois, il a fallu attendre 25 ans avant que ne se produise une forme de transition démocratique en Birmanie".
M. Blinken a, lui, insisté sur le soutien des Etats-Unis aux efforts de l'Asean et estimé "très important que nous continuions, tous ensemble, à maintenir une pression appropriée sur la junte".
Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a proposé dans un récent courrier d'accueillir dimanche et lundi une réunion ministérielle informelle de quelques membres de l'Asean avec la Birmanie pour relancer le dialogue.
"Il est temps pour l'Asean de réintégrer totalement la Birmanie au niveau des dirigeants", selon cette lettre, vue par l'AFP.
La Malaisie n'a toutefois pas l'intention de participer à ce dialogue, d'après un responsable régional s'exprimant sous condition d'anonymat.
"La Thaïlande cherche probablement à vérifier s'il existe la moindre possibilité de réinviter les dirigeants birmans à des réunions à haut niveau de l'Asean afin de discuter directement avec eux", a estimé ce responsable.
"Ils essaient de convaincre d'autres pays membres de l'Asean d'accepter d'une certaine manière que la Birmanie participe aux réunions à venir (de l'Asean)", a-t-il indiqué, ajoutant que cette proposition de réunion n'était pas "une plate-forme commune acceptée par les pays de l'Asean".
Le ministre des Affaires étrangères du Cambodge a en revanche accepté l'invitation et participera à Bangkok à la réunion proposée par la Thaïlande, selon un communiqué du gouvernement cambodgien.
La rencontre se concentrera sur les moyens de faire avancer le plan de paix en cinq points accepté par la Birmanie il y a deux ans, selon le ministère thaïlandais des Affaires étrangères.
Le dernier sommet de l'Asean, qui a eu lieu en mai, s'était conclu sans "réel progrès" sur ce plan de paix, selon le président indonésien Joko Widodo.
Un porte-parole de la junte au pouvoir en Birmanie n'a pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP.