Jack Lang: «Choisir Riyad comme lieu de l’exposition universelle 2030 serait un choix intelligent et visionnaire»

Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe. (Photo fournie)
Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe. (Photo fournie)
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Publié le Mardi 19 septembre 2023

Jack Lang: «Choisir Riyad comme lieu de l’exposition universelle 2030 serait un choix intelligent et visionnaire»

  • Mohammed ben Salmane est en ce moment en visite à Paris, notamment pour présenter la candidature saoudienne à l’Expo universelle 2030 lors des réunions du Bureau international des expositions (BIE)
  • «L'Arabie, c'est une histoire, une civilisation, des moments puissants de la vie du monde. Consacrer l'Arabie par cette exposition universelle aurait une grande portée symbolique et emblématique», affirme Jack Lang à Arab News en français

PARIS: Vendredi, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a gravi le perron de l’Élysée avant de déjeuner en tête-à-tête avec Emmanuel Macron. À quelques centaines de mètres de là, Jack Lang nous reçoit dans son bureau du 8e étage, avec vue sur la Seine. «C'est une visite extrêmement importante et je me réjouis que, son altesse, le prince héritier, soit présent à Paris au cours des prochains jours», estime d’emblée le président de l’Institut du monde arabe (IMA). «C'est un moment d'amitié entre la France et l'Arabie saoudite, une occasion pour le président français et le haut responsable saoudien d'aborder toute une série de sujets d'actualité concernant la vie internationale», ajoute-t-il. 

Mohammed ben Salmane est en effet en France depuis quelques jours, pour une visite un peu plus longue que celle qu’il avait effectuée dans la capitale française en juillet dernier. En plus de   son entretien avec Emmanuel Macron, où il discutera des relations bilatérales – notamment dans les domaines de la sécurité et de la défense – ainsi que de transition énergétique, le prince héritier présidera la délégation saoudienne au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui se tiendra à Paris les 22 et 23 juin. 

Emmanuel Macron souhaite en effet bâtir «un nouveau contrat entre les pays du Nord et du Sud pour faire face au double défi des changements climatiques et des inégalités mondiales». Cette initiative visant à mettre en place un «choc de financement», selon le président français, avait été annoncée à l'automne dernier lors de la COP27 en Égypte avec la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, qui voit sa petite île affronter de plein fouet les menaces du changement climatique.

«J'imagine qu'Emmanuel Macron et Mohammed ben Salmane vont aussi évoquer la coopération culturelle très active qui existe entre nos deux pays, par exemple à AlUla ou concernant le projet de création à l’IMA du plus grand musée d'art contemporain du monde arabe», explique Jack Lang, à la tête de cette institution à la fois diplomatique et culturelle depuis dix ans. «Ce sont quelques-uns des projets sur lesquels nous travaillons main dans la main et avec plaisir avec les autorités saoudiennes.»

Un projet sur lequel Français et Saoudiens pourraient être amenés à travailler ensemble est celui de l’exposition universelle 2030 à Riyad. Mohammed ben Salmane est en effet aussi à Paris pour présenter la candidature saoudienne lors des réunions du Bureau international des expositions (BIE) en début de semaine prochaine. 

Après Dubaï 2020 et Osaka Kansai 2025, Riyad propose d’accueillir l’Expo universelle 2030 sur un terrain de 6 millions de m2 situé au nord de la capitale saoudienne. «Riyad est une extraordinaire capitale», s’enthousiasme Jack Lang. «L’Arabie saoudite est d’abord un grand pays, immense par son territoire, par sa population. C'est un pays vivant, avec une jeunesse active et créative, des femmes en pleine action aussi. Les projets d'investissement imaginés par les autorités saoudiennes sont prometteurs, à la fois pour le développement culturel, mais aussi industriel et économique», note Jack Lang. 

«Au delà du présent, l'Arabie, c'est une histoire, une civilisation, des moments puissants de la vie du monde. Je crois que consacrer l'Arabie par cette exposition universelle aurait une grande portée symbolique et emblématique. Ce serait un choix intelligent et visionnaire», assure Jack Lang, qui voit dans le Royaume «un grand pays d’avenir».

«Nous avons en France, en tout cas pour ma part à l’IMA, une grande admiration pour ce qui est entrepris en ce moment en Arabie. La révolution culturelle, qui est véritablement lancée, est visible partout à Djeddah, à Riyad et dans le reste du pays. Les musées, la cinématographie, la musique, tous les arts sont mis en mouvement et la jeunesse saoudienne est heureuse de participer à ce grand mouvement culturel», poursuit le président de l’IMA. 

L’institution culturelle a d’ailleurs accueilli la Nuit du cinéma saoudien en mai, et surtout «l’unique et grande exposition sur AlUla (en 2019), inaugurée par le prince Badr» et prolongée plusieurs mois en raison de son succès.

«Je ne veux pas m'attribuer des mérites que je n'ai pas à me décerner moi-même, mais c'est vrai que l'IMA et son président, depuis le premier jour, ont cru à la sincérité des plans lancés par le prince héritier», explique Jack Lang, qui se prépare à accueillir un festival du cinéma arabe en coopération avec le festival international du film de la mer Rouge. «Tout le monde était sceptique un peu partout en Europe et dans le monde. Et d'ailleurs, à deux ou trois reprises, le prince héritier que j'ai rencontré, notamment à AlUla, m'a dit: "Merci d'avoir été les premiers dans le monde à croire à la véracité de nos projets".» 

L’ancien ministre de la Culture sous Mitterrand espère donc que la candidature de Riyad soit retenue. «Si Riyad est choisi, nos amis saoudiens qui désireront, comme ils savent le faire, réaliser la plus belle des expositions universelles, solliciteront les créateurs, les architectes et les ingénieurs français qui sont spécialement doués et ont l'habitude de concevoir des projets d’envergure», soutient Jack Lang en citant leur travail à AlUla, à Paris et ailleurs. «L’Institut du monde arabe a été conçu par un jeune architecte que j'avais choisi, Jean Nouvel. Et depuis lors, il est devenu une star, sollicitée d'ailleurs par le prince héritier à AlUla et à Riyad. D'autres personnalités fortes et puissantes peuvent apporter à l'organisation de l'exposition universelle leurs talents, leur énergie et leurs capacités», conclut Jack Lang.


Gaza: des groupes armés ont dérobé 66 millions d'euros à la Banque de Palestine, selon Le Monde

Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
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  • Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets
  • Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide

PARIS : Des groupes armés palestiniens, dont l'un se revendiquant du groupe islamiste Hamas, ont dérobé le mois dernier un total de 66 millions d'euros dans les coffres de plusieurs agences bancaires de Gaza, rapporte samedi Le Monde.

Le quotidien français a eu accès à un document transmis par la Banque de Palestine «à certains partenaires internationaux» qui décrit des casses spectaculaires dont celui survenu dans sa principale agence dans la ville de Gaza.

Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets, contenant l'équivalent de 2,8 millions d'euros en shekels israéliens».

Le Monde poursuit: «Dès le lendemain matin, le 17 avril, +des groupes armés+ munis d'explosifs se sont de nouveau rendus dans le bâtiment» pour faire sauter le caisson de ciment coulé la veille pour protéger l'argent et ont ouvert trois coffres, «emportant l'équivalent de 29 millions d'euros en différentes devises».

Le 18 avril, c'est la seconde agence, la plus importante du centre-ville, qui a été assaillie par un «commando» d'hommes se réclamant «des plus hautes autorités à Gaza», une formule qui désigne le Hamas, rappelle le journal, et est reparti «avec l'équivalent de 33,6 millions d’euros en shekels israéliens».

Par ailleurs, l'armée israélienne a de son côté saisi dans l'enclave «une importante somme d'argent appartenant à l'institution», selon les informations du Monde. Le quotidien cite aussi des médias israéliens, qui «avaient rapporté en février que le montant confisqué se chiffrait à plusieurs dizaines de millions de dollars et que l'opération visait à éviter que le Hamas ne mette la main sur cette somme».

Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide.

«Seuls deux distributeurs de billets fonctionnent encore, à Rafah et à Deir Al-Balah (Sud), lorsqu'ils sont alimentés en électricité», souligne le journal.

Enfin, «selon des témoignages de Gazaouis, corroborés par des enregistrements de caméras de surveillance, des hommes armés et masqués rançonnent les clients devant les distributeurs, exigeant un pourcentage de leurs retraits», explique le journal.


Le Hamas en Egypte pour discuter de l'offre de trêve à Gaza

Khalil al-Hayya (à droite), responsable des relations arabes du Hamas, lors d'une visite à Damas, la capitale syrienne, le 19 octobre 2022, pour la première fois depuis que le groupe islamiste palestinien a rompu ses liens avec la Syrie il y a une dizaine d'années. (Photo Louai Beshara AFP)
Khalil al-Hayya (à droite), responsable des relations arabes du Hamas, lors d'une visite à Damas, la capitale syrienne, le 19 octobre 2022, pour la première fois depuis que le groupe islamiste palestinien a rompu ses liens avec la Syrie il y a une dizaine d'années. (Photo Louai Beshara AFP)
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  • «La réalité, en ce moment, c'est que le seul obstacle entre le peuple de Gaza et un cessez-le-feu, c'est le Hamas», a affirmé vendredi soir le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken
  • L'offre comprend une pause de l'offensive israélienne et la libération de prisonniers palestiniens contre celle d'otages enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a déclenché la guerre

TERRITOIRES PALESTINIENS : Une délégation du Hamas se rend samedi au Caire pour «poursuivre les discussions» afin de «parvenir à un accord» de trêve dans la bande de Gaza avec Israël, qui menace de lancer une opération terrestre dans le secteur de Rafah malgré les mises en garde de Washington et de l'ONU.

«La réalité, en ce moment, c'est que le seul obstacle entre le peuple de Gaza et un cessez-le-feu, c'est le Hamas», a affirmé vendredi soir le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui avait déjà qualifié d'«extraordinairement généreux» le projet de trêve proposé par Israël.

Dans un communiqué publié tard vendredi, le mouvement islamiste palestinien a dit être dans un «esprit positif».

«A la lumière des récents contacts avec les frères médiateurs en Egypte et au Qatar, la délégation du Hamas se rendra au Caire samedi pour achever les discussions», a-t-il ajouté.

Au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, le Hamas est toutefois «déterminé» à obtenir «un arrêt total de l'agression» israélienne, «le retrait» des forces israéliennes et «un arrangement sérieux pour l'échange» d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens.

Un haut responsable du Hamas a confirmé à l'AFP que la délégation arrivera en matinée au Caire et sera menée par Khalil al-Hayya, N.2 de la branche politique du mouvement dans la bande de Gaza.

Et selon le site Axios, le chef de la CIA, William Burns, est déjà arrivé vendredi soir dans la capitale égyptienne, signe que l'heure des décisions clés a sonné après des mois de tractations.

Les médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis - attendent depuis près d'une semaine la réponse du Hamas à une nouvelle offre de trêve soumise fin avril.

La délégation du mouvement islamiste avait alors annoncé quitter Le Caire, lieu des derniers pourparlers, pour se rendre au Qatar afin d'étudier cette offre de trêve tout en promettant de retourner en Egypte pour transmettre sa réponse.

- Trêve ou Rafah ? -

L'offre comprend une pause de l'offensive israélienne et la libération de prisonniers palestiniens contre celle d'otages enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a déclenché la guerre.

Or le Hamas insiste sur un cessez-le-feu définitif, ce que refuse Israël qui insiste pour mener une offensive terrestre sur le secteur de Rafah (sud), dernier grand bastion du mouvement islamiste où s'entassent plus d'un million de Palestiniens, en majorité des déplacés par les violences.

«Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah», a répété cette semaine le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en réaffirmant son intention de lancer cette offensive «avec ou sans accord» de trêve.

Mais pour Hossam Badran, membre du bureau politique du Hamas, les déclarations de M. Netanyahu sur un assaut à Rafah «visent clairement à faire échouer toute possibilité d'accord».

Dans la nuit de vendredi à samedi, des sources hospitalières ont fait état de frappes israéliennes à Rafah mais aussi dans la ville voisine de Khan Younès, détruite après une opération terrestre israélienne et d'intenses combats avec le Hamas.

- «Bain de sang» -

Selon le Wall Street Journal, qui cite des sources égyptiennes, Israël donnerait encore une semaine aux pourparlers en vue d'une trêve, sans quoi son armée lancera son offensive promise depuis des semaines sur le secteur de Rafah, situé à la lisière de l'Egypte.

Les Etats-Unis, grand allié d'Israël, ont manifesté à plusieurs reprises leur opposition à cette attaque.

Selon M. Blinken, Israël n'a présenté aucun plan pour protéger les civils de Rafah. «En l'absence d'un tel plan, nous ne pouvons pas soutenir une opération militaire d'envergure à Rafah, car les dommages qu'elle causerait seraient au-delà de ce qui est acceptable», a-t-il averti.

«Une opération militaire à grande échelle à Rafah pourrait conduire à un bain de sang», a prévenu lui aussi vendredi Tedros Adhanom Ghebreyesus le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui prépare un plan d'urgence pour «faire face à une augmentation des blessés et des morts» en cas d'opération à Rafah.

«Ce plan d'urgence n'est qu'un pansement», a déclaré Rik Peeperkorn, le représentant de l'OMS dans les territoires palestiniens. «Le système de santé en difficulté ne sera pas en mesure de résister à l'ampleur potentielle de la dévastation que l'incursion causerait», a-t-il ajouté.

L'aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes principalement d'Egypte via Rafah, et reste très insuffisante pour répondre aux besoins des quelque 2,4 millions de Gazaouis.

Face aux difficultés d'acheminement de l'aide par la route, des vivres sont parachutés par plusieurs pays sur Gaza. Les Etats-Unis construisent de leur côté un port artificiel au large de Gaza et une jetée afin de faciliter l'acheminement de l'aide par voie maritime.

Premier allié d'Israël, Washington s'oppose à une vaste opération sur Rafah qui causerait des dommages «au-delà de l'acceptable» a souligné M. Blinken qui avait dit plus tôt cette semaine ne pas avoir vu jusqu'à présent de plan israélien pour protéger les civils sur place.

- «Ces enfants dormaient» -

Une opération à l'heure actuelle interviendrait dans un contexte déjà tendu aux Etats-Unis avec la multiplication des manifestations contre la conduite de la guerre à Gaza sur les campus.

Et 88 parlementaires dans les rangs des démocrates américains ont exhorté vendredi le président Joe Biden à envisager d'interrompre ses ventes d'armes à Israël si le gouvernement israélien ne change pas sa conduite de la guerre contre le Hamas.

Cette guerre Israël-Hamas a débuté le 7 octobre par une attaque de commandos du mouvement islamiste dans le sud israélien qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Durant l'attaque, plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes, selon l'armée.

En représailles, Israël a lancé une offensive de grande envergure à Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.622 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Vendredi, dans un quartier de Rafah, plusieurs corps dont ceux d'enfants ont été retrouvés sous les décombres de la maison de la famille Chahine touchée par une frappe israélienne avant l'aube.

Sur place, Sanaa Zourob, une Palestinienne qui a perdu sa sœur et six de ses neveux et nièces dans ce bombardement n'en pouvait plus de cette guerre. «Quelle est leur faute à ces enfants? Qu'ont-ils fait pour que leur immeuble soit bombardé? Ces enfants dormaient!».

 


Le Hamas, «seul obstacle entre le peuple de Gaza et un cessez-le-feu», souligne Blinken

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rencontré des dirigeants de premier plan lors de son dernier voyage au Moyen-Orient la semaine dernière. (Reuters)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rencontré des dirigeants de premier plan lors de son dernier voyage au Moyen-Orient la semaine dernière. (Reuters)
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  • «Nous attendons de voir si, vraiment, ils peuvent accepter de répondre oui au cessez-le-feu et à la libération des otages», a déclaré M. Blinken lors du Forum Sedona de l'Institut McCain dans l'Etat d'Arizona
  • Le secrétaire d'Etat américain a par ailleurs estimé qu'une attaque israélienne contre Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où s'entassent plus d'un million de Palestiniens déplacés par la guerre, causerait des dommages «au-delà de l'acceptable»

WASHINGTON : Le mouvement islamiste palestinien Hamas reste le «seul obstacle entre le peuple de Gaza et un cessez-le-feu» avec Israël, a affirmé vendredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

«Nous attendons de voir si, vraiment, ils peuvent accepter de répondre oui au cessez-le-feu et à la libération des otages», a déclaré M. Blinken lors du Forum Sedona de l'Institut McCain dans l'Etat d'Arizona. «La réalité, en ce moment, c'est que le seul obstacle entre le peuple de Gaza et un cessez-le-feu, c'est le Hamas», a-t-il ajouté.

Israël et les pays médiateurs attendent toujours une réponse du mouvement islamiste à une proposition portant sur une trêve de 40 jours associée à une libération d'otages retenus dans Gaza, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Une délégation se rend samedi au Caire pour poursuivre les discussions.

Notant que les militants du Hamas «prétendent représenter» le peuple palestinien, M. Blinken a assuré que «si cela est vrai, l'acceptation d'un cessez-feu devrait être évidente».

Le secrétaire d'Etat américain a par ailleurs estimé qu'une attaque israélienne contre Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où s'entassent plus d'un million de Palestiniens déplacés par la guerre, causerait des dommages «au-delà de l'acceptable».

Selon M. Blinken, Israël n'a présenté aucun plan pour protéger les civils lors de cette éventuelle attaque. «En l'absence d'un tel plan, nous ne pouvons pas soutenir une opération militaire d'envergure à Rafah, car les dommages qu'elle causerait seraient au-delà de ce qui est acceptable», a-t-il déclaré.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé jeudi son intention de lancer une offensive à Rafah «avec ou sans accord» de trêve. «Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah», a-t-il déclaré.

M. Blinken, qui s'est rendu lundi en Arabie saoudite, a également affirmé que le dirigeant de fait du royaume, le prince héritier Mohammed ben Salmane, pourrait engager des discussions sur une possible normalisation des relations avec Israël.

«Il a dit clairement qu'il voulait faire quelque chose sur la normalisation et qu'il voudrait le faire aussi vite que possible» mais seulement si les conditions sont réunies, a assuré le secrétaire d'Etat américain.

Riyad veut la mise en place d'un processus conduisant à la création d'un Etat palestinien, un scénario rejeté par le Premier ministre israélien et ses alliés d'extrême droite.