VILLE-SOUS-LA-FERTÉ: Les portes sont ouvertes, les serrures retirées: une des plus célèbres prisons de France, la centrale de Clairvaux, située dans une ancienne abbaye, a été vidée et doit être reconvertie en un lieu ouvert, qui devra intégrer sa "dimension cistercienne et l'héritage carcéral".
A l'issue d'un appel à projets pour la reconversion de ce site de 32 hectares, deux candidatures restent en lice. L'arbitrage final sera annoncé à l'automne.
Les offres devaient "intégrer la double dimension du site, sa dimension cistercienne et l'héritage carcéral", a précisé le sous-préfet Barthélémy Champanhet.
Le site, qui a vu se succéder une "ex-abbaye cistercienne, une maison centrale napoléonienne" et une "maison centrale moderne", construite en 1971, n'a "pas d'équivalent" en Europe, note Jean-Lucien Sanchez, chargé d'études historiques au ministère de la Justice.
De son passé cistercien, elle a notamment gardé l'immense dortoir qui servit de prison pour femmes, ou le cloître, transformé en cour de promenade.
Au XIXe siècle, elle était l'une des principales prisons de France, avec 2 500 hommes, femmes et enfants détenus, certains dans de minuscules cellules de 3 m2.
Partiellement classé, ce site situé dans l'Aube, au sud-est de Paris, a vu passer depuis le 19ème siècle tout un gotha pénitentiaire.
Le député d'extrême gauche Auguste Blanqui (1805-1881) ou l'écrivain d'extrême droite Charles Maurras (1868-1952) passèrent entre ses murs. Tout comme les derniers guillotinés en France, Claude Buffet et Roger Bontems, condamnés après une tentative d'évasion qui avait coûté en 1971 la vie à un surveillant et une infirmière.
En 2016, lors de l'annonce de la fermeture de cette ancienne abbaye cistercienne du XIIe siècle devenue prison au XIXe, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas avait jugé l'état du lieu "incompatible avec la dignité" des détenus.
Les derniers détenus, une petite trentaine, pour la plupart âgés, ont finalement été transférés vers d'autres établissements fin mai, a indiqué le directeur de l'établissement, Cédric Esteffe, lors d'une visite de presse organisée jeudi.
La direction mène désormais un gros travail de démantèlement en vue de la remise des lieux au ministère de la Culture, a priori à l'automne.