RIYAD: Dans un contexte de prix élevés et d'inquiétudes sur l'offre qui «accélèrent la transition» vers des carburants plus propres, la demande mondiale de pétrole devrait ralentir par rapport à la reprise postpandémique d'ici à la fin de l'année, selon les prédictions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Dans son rapport à moyen terme publié mercredi, l'AIE indique que, sur la base des politiques gouvernementales actuelles et des tendances du marché, la demande mondiale de pétrole augmentera de 6% entre 2022 et 2028 pour atteindre 105,7 millions de barils par jour (bpj), soutenue par une forte demande des secteurs de la pétrochimie et de l'aviation.
La forte demande de la Chine et de l'Inde a stimulé les perspectives de croissance de l'agence basée à Paris de près de 300 000 bpj, pour atteindre 2,4 millions de bpj, mais ce chiffre chutera de près de deux tiers en raison notamment de l'utilisation accrue des voitures électriques.
«Le passage à une économie fondée sur les énergies propres s'accélère, et un pic de la demande mondiale de pétrole est en vue avant la fin de la décennie, à mesure que les véhicules électriques, l'efficacité énergétique et d'autres technologies progressent», déclare Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE.
Les investissements mondiaux en amont dans l'exploration, l'extraction et la production de pétrole et de gaz devraient atteindre cette année 528 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro), soit le niveau le plus élevé depuis 2015, et ils devraient permettre au monde d'être suffisamment approvisionné jusqu'en 2028, selon l'AIE.
Un ralentissement accentué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie
L'agence n'a pas expressément réitéré une projection datant de l’année 2021 selon laquelle les investisseurs ne devraient pas financer de nouveaux projets d'approvisionnement en pétrole, en gaz et en charbon pour que le monde parvienne à des émissions nettes nulles d'ici à 2050.
Elle a toutefois indiqué que les investissements actuels «dépassent le montant qui serait nécessaire dans un monde qui se mettrait sur la voie d'émissions nettes nulles».
«Pour que la demande totale de pétrole diminue plus rapidement, conformément au scénario d'émissions nettes zéro de l'AIE d'ici à 2050, des mesures politiques supplémentaires et des changements de comportement seraient nécessaires», souligne l'AIE.
L'agence s'attend à ce que les difficultés économiques réduisent la croissance à 860 000 bpj l'année prochaine et à seulement 400 000 bpj en 2028, pour une demande globale de 105,7 millions de bpj contre 102,3 millions de bpj en 2023.
«Le ralentissement a été accentué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie sur fond de préoccupations accrues en matière de sécurité énergétique et par les plans de dépenses de relance post-Covid des gouvernements, avec plus de 2 000 milliards de dollars mobilisés pour des investissements dans les énergies propres d'ici à 2030», explique l'AIE.
La demande de carburant fossile, à l'exclusion des biocarburants, des matières premières pétrochimiques et d'autres utilisations non énergétiques, devrait culminer à 81,6 millions de bpj en 2028, selon l'AIE, qui ajoute que la demande de pétrole pour les transports devrait atteindre son pic en 2026.