De Medellín à Marseille, l'art urbain pour lutter contre la «stigmatisation»

L'artiste colombienne Daniela Velasquez, également connue sous le nom de "La Crespa", de la comuna 13 de Medellin, peint un mur dans un quartier nord de Marseille, le 7 juin 2023. (Photo, AFP)
L'artiste colombienne Daniela Velasquez, également connue sous le nom de "La Crespa", de la comuna 13 de Medellin, peint un mur dans un quartier nord de Marseille, le 7 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 14 juin 2023

De Medellín à Marseille, l'art urbain pour lutter contre la «stigmatisation»

  • «L'art, c'est la résilience», lance la Colombienne Daniela Velasquez, une graffeuse de 34 ans connue comme «la Crespa», qui trace un parallèle entre ce quartier de la cité portuaire du sud de la France et «Comuna 13», un quartier de Medellin
  • Armés de leurs aérosols, les graffeurs veulent faire passer un message de «vie» et «liberté» sur cette immense fresque de 70m2 sur la façade de Méta 2, le centre d'art urbain qui les accueille depuis le mois de mai

MARSEILLE: A des milliers de kilomètres de Medellin, dans un quartier populaire et sinistré de Marseille, deux graffeurs, aérosols en mains, créent une fresque murale aux couleurs vives, pour un message clair: "on peut laisser la violence derrière soi".

"L'art, c'est la résilience", lance la Colombienne Daniela Velasquez, une graffeuse de 34 ans connue comme "la Crespa", qui trace un parallèle entre ce quartier de la cité portuaire du sud de la France et "Comuna 13", un quartier des hauts de la ville colombienne de Medellin.

"Ce sont des lieux stigmatisés par leur histoire", explique la jeune femme. Comuna 13 était à la fin du XXe siècle un des quartiers les plus pauvres et les plus dangereux de Medellin, en proie à des affrontements meurtriers entre narcotrafiquants et paramilitaires. Il est désormais un lieu touristique connu pour ses immenses escalators extérieurs permettant aux habitants de gravir la colline et ses maisons peintes aux couleurs vives.

Medellin, deuxième ville de Colombie et fief du célèbre narcotrafiquant Pablo Escobar, mais aussi ville natale du peintre Fernando Botero, a entamé aux débuts des années 2000 sa "métamorphose" et est devenu une des villes les plus touristiques du pays.

"C'est ce que nous voulons transmettre: il est possible d'aller de l'avant, de laisser la violence derrière soi, et de comprendre que c'est possible", renchérit Cristian Alvarez, alias Bicho, graffeur de 32 ans.

Avec le soutien de l'ambassade colombienne et la municipalité de Marseille, ces artistes de la Casa Kolacho, centre culturel situé à Comuna 13 partagent depuis bientôt un mois leur expérience avec les habitants du quartier Saint-Mauron de Marseille, ville également en proie à la violence et au trafic de drogue.

Depuis le début de l'année, 23 personnes ont été tuées dans des règlements de comptes liés au trafic, selon un décompte de l'AFP. Dernier épisode en date, une fusillade sur une terrasse de bar lundi soir a fait quatre blessés.

«Tropiques et Méditerranée»

Le troisième arrondissement de Marseille souffre de sa réputation. "La première chose, c'est que, quand vous regardez sur internet, on vous dit que c'est dangereux. A aucun moment je ne me suis sentie en danger ici", raconte Daniela Velasquez.

Armés de leurs aérosols, les graffeurs veulent faire passer un message de "vie" et "liberté" sur cette immense fresque de 70m2 sur la façade de Méta 2, le centre d'art urbain qui les accueille depuis le mois de mai. Elle représente, sur fond bleu, une perruche à collier et une femme colombienne au regard espiègle portant un panier de fruits sur la tête.

"Une fusion entre les Tropiques et la Méditerranée", résume Daniela.

La fresque, qui sera inaugurée samedi, fera partie d'un circuit culturel du Musée des arts urbains de Marseille (MauMA), projet initié en 2021 et inspiré notamment du "Graffitour" de La Comuna 13.

Le projet permet "de vivre cet espace public d’une autre manière. D’une manière libre, d’une manière rebelle et aussi amusante", explique la franco-colombienne Johanna Carvajal, chercheuse spécialisée en art et politique, qui a participé à l'exportation du "Graffitour" colombien.

Le MauMA cherche à dynamiser et valoriser les quartiers mal famés du centre et du nord de Marseille, explique-t-elle.

"La Joconde de Marseille", de Kan/DMV, le visage d'une femme ouïghoure peint par le street artiste Mahn Kloix, ou encore une œuvre de la graffeuse "Zurik" font partie de ce circuit touristique et culturel.

"On va faire venir visiter les endroits, où on avait peur d’aller auparavant", promet la Colombienne Aurélie Masset, directrice artistique du Méta2 et du MauMA.

Des ateliers pour enfants, des résidences pour artistes colombiens ou des formations d'insertion pour les jeunes dans le secteur de la construction font aussi partie du projet.

"On ne va pas tout changer", reconnaît Mme Masset, "mais on apporte une pièce à l'édifice".


Comment Netflix fait voyager l'humour français d'Astérix et d'Alain Chabat

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
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  • Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme
  • Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga

PARIS: "C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René.

Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme.

Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga, a assuré à l'AFP Céleste Surugue, le directeur général des Editions Albert René, qui détiennent les droits des albums.

Le géant du streaming, qui n'a pas répondu à l'AFP à ce sujet, s'est notamment appuyé sur les traductions existantes de l’œuvre originale, qui ne manquent pas: avec 120 langues et dialectes au compteur, "Astérix" est la bande dessinée la plus traduite au monde.

"On a travaillé main dans la main, que ce soit sur les noms des personnages (...) certaines phrases célèbres", l'éditeur ayant fait "relire et valider" les scripts avec une société spécialisée partenaire et donné accès à ses traducteurs "quand il y avait des interrogations, des difficultés", selon Céleste Surugue.

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver.

Fastanfurious 

De même, en anglais, Idéfix s'appelle toujours Dogmatix, comme l'a baptisé la traductrice britannique historique d'Astérix Anthea Bell, tout comme Abraracourcix conserve le nom Vitalstatistix.

Quid des ajouts d'Alain Chabat, connu pour son humour ultra-référencé? Sur "un certain nombre d'endroits", le réalisateur et scénariste "est très fidèle, voire très proche dans les dialogues à ce qu'on a dans l'album" sorti en 1966, souligne Céleste Surugue.

Pour les nouveaux personnages, "des noms fonctionnant dans plein de pays" ont souvent été choisis, comme Metadata, Potus (abréviation de "President of the United States") ou encore Fastanfurious (en référence à la franchise centrée sur les voitures).

Quant aux "références culturelles locales", les traducteurs "ont pris soin d'essayer de trouver des équivalents à chaque fois".

Pour autant, certaines blagues semblent impossibles à transposer, comme une allusion au duo français Omar et Fred (Omar Sy et Fred Testot) impliquant... homard et fraises.

Une "problématique" commune aux albums, relève Céleste Surugue, citant l'exemple des Romains "déplaçant des bornes" dans "Astérix et la Transitalique".

Connu dans le monde entier, avec plus de 400 millions d'exemplaires vendus, Astérix "est particulièrement fort en Europe continentale", et est, en langue anglaise, surtout prisé dans "les pays du Commonwealth" comme l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou l'Inde, selon M. Surugue.

Son adaptation sur Netflix devrait permettre de le faire découvrir à un public plus large que les films dédiés au cinéma, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre, où ses aventures sont généralement cantonnées aux salles d'art et essai, en version originale, d'après M. Surugue.

Succès public en France en 2023 avec 4,6 millions d'entrées, le long-métrage de l'acteur et metteur en scène français Guillaume Canet, "L'empire du milieu", doublé dans "une petite trentaine de langues", avait bénéficié d'une sortie dans plus de 50 pays.


Le prince héritier jordanien célèbre le 31e anniversaire de la princesse Rajwa

Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
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  • La famille royale partage un nouveau portrait officiel de la princesse.
  • La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière

DUBAI : Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi sur les réseaux sociaux ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire.

"Joyeux anniversaire Rajwa ! Reconnaissant pour l'amour, la gentillesse et la chaleur que tu apportes dans la vie d'Iman et la mienne", a-t-il écrit, faisant référence à leur petite fille, la Princesse Iman.

La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière.

rajwa
La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire (Instagram).

La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire. On la voit porter un ensemble composé d'un haut à col bénitier et d'un pantalon à jambe large de la marque Simkhai, basée à Los Angeles. Elle a accessoirisé son look avec le collier lariat two letters de Joy Jewels, qui reprend les premières lettres arabes des noms du prince héritier et de la princesse Rajwa.
 


Sommet de la culture d'Abou Dhabi : La culture au cœur de la gouvernance mondiale

L'une des tables rondes a réuni d'anciens dirigeants mondiaux qui ont discuté du rôle de la culture dans la gouvernance mondiale. (Arab News)
L'une des tables rondes a réuni d'anciens dirigeants mondiaux qui ont discuté du rôle de la culture dans la gouvernance mondiale. (Arab News)
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  • Des dirigeants du monde entier ont discuté de la manière dont la culture peut transformer les défis mondiaux lors de la septième édition du Sommet de la culture d'Abou Dhabi
  • Le sommet, qui s'est ouvert dimanche au cœur du quartier culturel d'Abou Dhabi, au Manarat Al-Saadiyat, accueille une série de panels et de discussions sur le thème « La culture pour l'humanité et au-delà »

ABU DHABI: Des dirigeants du monde entier ont discuté de la manière dont la culture peut transformer les défis mondiaux lors de la septième édition du Sommet de la culture d'Abou Dhabi.

Le sommet, qui s'est ouvert dimanche au cœur du quartier culturel d'Abou Dhabi, au Manarat Al-Saadiyat, accueille une série de panels et de discussions sur le thème « La culture pour l'humanité et au-delà ».

L'une des tables rondes a réuni d'anciens dirigeants mondiaux qui ont discuté du rôle de la culture dans la gouvernance mondiale.

L'ancienne première ministre slovaque, Iveta Radicova, a donné le ton lors du panel « Bridging the Cultural Gap : The Role of Culture in Shaping Global Governance » (combler le fossé culturel : le rôle de la culture dans la gouvernance mondiale) en déclarant : « Il y a 400 ans, la planète comptait 800 millions d'habitants. Aujourd'hui, ils sont 8 milliards, répartis en 195 États et 6 000 groupes communautaires différents, tous ayant leurs propres langues et cultures ».

abu dhabi
Le panel a réuni d'anciens dirigeants mondiaux qui ont discuté du rôle de la culture dans la gouvernance mondiale (Photo AN).

L'ancienne Première ministre néo-zélandaise Jenny Shipley a souligné l'importance d'un leadership inclusif, partageant le modèle réussi de son pays d'intégration du patrimoine culturel maori dans la gouvernance nationale.

Elle a fait remarquer que les dirigeants doivent être "intentionnels" en ce qui concerne la diversité. « Je commence toujours par le "je", a-t-elle expliqué, car si vous n'êtes pas un dirigeant engagé et inclusif, vous n'atteindrez pas la destination de l'équité ».

L'ancien président de l'île Maurice, Cassam Uteem, a illustré le fonctionnement de la diplomatie culturelle dans la pratique, en expliquant comment sa petite nation insulaire a joué un rôle majeur dans la politique culturelle internationale. Il a souligné la participation de l'île Maurice à l'UNESCO, en apportant les perspectives des petits États insulaires en développement dans les discussions mondiales.

Les panélistes ont unanimement reconnu que les institutions internationales traditionnelles sont mal équipées pour gérer le paysage culturel complexe d'aujourd'hui. Ils ont appelé à des approches plus innovantes qui placent la culture au centre de la gouvernance mondiale, plutôt que de la traiter comme une préoccupation périphérique.

"La culture est le miroir de l'existence humaine et le producteur de nouveaux rêves, et sans rêves, nous perdons notre dignité humaine", a déclaré Mme Radicova.

Un thème récurrent a été la nécessité de lutter contre la désinformation et de protéger l'authenticité culturelle à une époque où les magnats de la technologie règnent en maîtres et où l'intelligence artificielle progresse.

"Si l'on veut construire la cohésion sociale et la solidarité dans le monde, il faut se battre pour la vérité, ouvertement, sans hésiter, avec courage et des arguments réellement vérifiés", a conclu Mme Radicova.