L'Opéra de Paris à la rencontre des quartiers Nord de Marseille

Une photo prise le 5 novembre 2013 montre l'opéra municipal de la ville méridionale de Marseille. (Photo ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)
Une photo prise le 5 novembre 2013 montre l'opéra municipal de la ville méridionale de Marseille. (Photo ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)
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Publié le Mardi 13 juin 2023

L'Opéra de Paris à la rencontre des quartiers Nord de Marseille

  • Le ballet classique est «quand même un monde un peu élitiste. Que des jeunes de milieux populaires puissent accéder à cela, c'est merveilleux», «ce ne sera plus des a priori mais quelque chose qu'elles auront vécu», estime Rania Yahyaoui
  • «C'est un quartier où en règle générale, il y a plus de morts de kalachnikov que de danseurs de l'Opéra», souligne Dominique Bluzet, le directeur des Théâtres

MARSEILLE: "Non, l'Opéra de Paris n'est pas réservé aux beaux quartiers": au pied des barres d'immeubles d'une cité de Marseille, Sarah, Wellia, Hidaya et leurs camarades adolescentes s'initient, guidés par deux danseurs de la prestigieuse institution, à leur première chorégraphie de danse contemporaine.

"En deux heures, on ne va pas vous apprendre à danser: vous savez certainement danser plein de choses que nous, nous ne savons pas danser. On va juste essayer de vous transmettre une petite part de ce qu'est notre quotidien", les met d'emblée à l'aise Julien Guillemard, 27 ans, du corps de ballet de l'Opéra de Paris.

"L'idée c'est surtout d'apprendre de soi et des autres", poursuit-il à l'attention des dix jeunes filles de 10 à 14 ans réunies pour cet atelier hors norme, avant que sa comparse, Marion Gautier de Charnacé, 26 ans, n'entame l'échauffement.

Un des points chauds du trafic de stupéfiants

Une porte qui grince et qu'il faut huiler, de l'air qu'on pousse et qui résiste, une bougie qui fond: avec une énergie communicative, la danseuse multiplie les images pour rendre plus lisibles les mouvements auprès du groupe qui, tantôt en cercle, tantôt dispersé, ne ménage pas sa peine.

"Quand je vais taper dans les mains, on va essayer de se relever le plus vite possible", lance la pétillante danseuse, faisant alterner gestes doux, relaxation et phases cardio, pour le plus grand bonheur des participantes, dont beaucoup arborent de larges sourires.

"Quand tu fais du contemporain, il faut être souple, plus flexible, agile", note Wellia, 11 ans, crop top rose flashy, les cheveux noués en chignon. Chaque semaine, elle suit avec ses camarades un cours de danse afro-urbaine dans ce centre social tout juste rénové de la Busserine. Un quartier surtout connu pour être un des points chauds du trafic de stupéfiants dans le nord de la ville.

Le ballet classique est "quand même un monde un peu élitiste. Que des jeunes de milieux populaires puissent accéder à cela, c'est merveilleux", "ce ne sera plus des a priori mais quelque chose qu'elles auront vécu", estime Rania Yahyaoui, la directrice du centre social de l'Agora.

«Casser une forme d'élitisme»

"C'est un quartier où en règle générale, il y a plus de morts de kalachnikov que de danseurs de l'Opéra", souligne Dominique Bluzet, le directeur des Théâtres, qui regroupe quatre salles de spectacle à Marseille et Aix-en-Provence, à l'origine de ce partenariat avec l'Opéra de Paris: "Aller dans les cités, c'est aussi casser une forme d'élitisme, (...) que des mondes aussi éloignés se rencontrent".

"On est une maison d'Etat, on se doit d'aller dans les différents territoires de France car l'Opéra est à tout le monde", abonde Marion: "Là nous avons vu des danseurs qui ont une vie entièrement différente de la nôtre, et la façon dont ils dansent est forcément influencée par cela".

Dans la seconde partie de l'atelier, en duo désormais, Maïssa, Djila et leurs camarades reproduisent pas à pas une "phrase chorégraphique" tiré de "Pit", un ballet de l'Américaine Bobbi Jene Smith et de l'Israélien Or Schraiber.

"Pit, ça veut dire la fosse, le noyau, le coeur de quelque chose", explique en préambule Julien, avant d'esquisser avec Marion les premiers pas du duo. "Cette approche de la danse plus contemporaine (...) leur permet d'avoir accès à un éventail de choses que l'Opéra de Paris est aussi", développe-t-il.

Une rencontre qui va laisser des traces

"C'était beau à voir mais c'est plus dur à faire", commente avec malice Sarah, 13 ans, à la fin de l'atelier. "On a l'énergie mais (...) quand on s'entraîne, on ne fait pas beaucoup de mouvements avec notre haut du corps, nos bras, on travaille plus vers les pieds, sur les appuis", détaille-t-elle.

A la fin de l'échauffement, sur un rythme endiablé, les dix jeunes filles montrent à Marion et Julien la chorégraphie qu'elles présenteront pour le spectacle de fin d'année.

"Le but n'est pas d'en faire des spectateurs de théâtre, le but c'est d'avoir organisé une rencontre qui va laisser des traces", relève Dominique Bluzet.

"L'art c'est quand même la plus belle des excuses pour se retrouver ensemble et partager". Or ,"sans ce projet-là, on ne se serait pas rencontrés", conclut Marion.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaff, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaff, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaff - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com