ROME: Silvio Berlusconi, l'ancien Premier ministre italien décédé lundi à l'âge de 86 ans, était fier de ses liens personnels avec le monde arabe et ses dirigeants, même si ceux-ci étaient controversés en Occident.
Il n'a jamais caché son amitié avec Mouammar Kadhafi, par exemple, rendant visite à plusieurs reprises au défunt dirigeant libyen dans son quartier général près de Tripoli.
En 2008, il a signé un accord politique important avec Kadhafi pour «dédommager» la Libye de l'occupation coloniale italienne entre 1911 et 1943.
L'Italie s'y était engagée à verser 5 millions de dollars à la Libye et à financer la construction d'une autoroute entre les villes de Tripoli et de Benghazi.
En échange, le gouvernement libyen avait accepté d'investir en Italie et de fournir à Rome un important approvisionnement en gaz et en pétrole.
Berlusconi a, par ailleurs, invité Kadhafi à participer au sommet du G8 en Italie en juillet 2009, au cours duquel a eu lieu une poignée de main historique entre le dirigeant libyen et le président américain Barack Obama.
Lorsque Kadhafi a été renversé et tué en octobre 2011, Berlusconi s'est abstenu d'exprimer une position officielle.
Cependant, l'un de ses plus proches collaborateurs a déclaré à Arab News : «Lors d'une réunion privée quelques jours plus tard, il a exprimé ses regrets et a ajouté qu'à partir de ce moment, la situation serait différente en Afrique du Nord, avec des conséquences difficiles pour l'Italie également.»
L’«avocat d'Ankara»
Berlusconi a également entretenu des relations très étroites avec le défunt président égyptien Hosni Moubarak, auquel il a rendu visite à plusieurs reprises au Caire en tant que Premier ministre. Les deux pays ont signé des accords de coopération économique et militaire.
Il a aussi entretenu des relations d'amitié avec le défunt président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali. Berlusconi avait des intérêts financiers personnels dans le pays, notamment dans l'industrie du cinéma. L'un de ses plus anciens et plus fidèles associés était le producteur de films et homme d'affaires tunisien Tarek Ben Ammar.
Grâce à un réseau complexe de relations personnelles et professionnelles, Berlusconi était par ailleurs un ami de Recep Tayyip Erdogan, devenant témoin au mariage de l'un des fils.
Berlusconi a été l'un des plus fervents partisans de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, obtenant le titre d’«avocat d'Ankara» dans certains journaux turcs.
Lors d'une interview accordée au quotidien italien Corriere della Sera, il a déclaré: «Je suis convaincu qu'il est dans l'intérêt du peuple européen et de l'Occident d’intégrer la Turquie dans l'Union européenne pour favoriser le dialogue entre le monde occidental et les cultures musulmanes et éviter ainsi des conflits à l'avenir.»
Berlusconi avait également des liens personnels avec Rafic Hariri, milliardaire et cinq fois Premier ministre du Liban, assassiné avec 21 autres personnes en février 2005 lorsque son convoi a été visé par une bombe cachée dans une camionnette.
Lors d'une rencontre à Beyrouth avec le fils de Rafic Hariri, Saad, Berlusconi se serait dit «honoré» de se considérer comme un ami de son père et aurait loué ses efforts en faveur de la modernisation du pays.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com