Festival du film européen, seconde édition saoudienne pour un cinéma « humain »

Capture d'écran du film Sisters Apart réalisé par Daphné Charizani (fournie)
Capture d'écran du film Sisters Apart réalisé par Daphné Charizani (fournie)
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Publié le Samedi 10 juin 2023

Festival du film européen, seconde édition saoudienne pour un cinéma « humain »

  • «En tant qu’UE, nous tenons à faire partie de la scène culturelle croissante du Royaume. L’engagement entre les peuples reste un pilier important du partenariat stratégique de l’UE avec le Golfe» a déclaré Patrick Simonnet
  • Le festival a débuté par la projection du film allemand « Sisters Apart » réalisé par Daphné Charizani, un titre sélectionné au Festival IndieCork, l’un des plus grands événements de l’Irlande, célébrant le cinéma et la musique indépendants

RIYAD : Organisé par la délégation de l’Union européenne (UE) en coopération avec les ambassades des États membres de l’UE et Arabia Pictures Entertainment, la seconde édition du Festival du film européen a été inaugurée par Patrick Simonnet l’ambassadeur de l’Union Européenne en Arabie Saoudite, le 9 juin au sein du cinéma Vox Front Riyadh.   

Durant son allocution, l’ambassadeur européen a exprimé sa joie et son immense plaisir quant à la tenue de cette seconde édition du film européen. Il a déclaré à cet effet : « Ce soir, nous célébrons également notre amitié entre l’Europe et l’Arabie saoudite. En tant qu’UE, nous tenons à faire partie de la scène culturelle croissante du Royaume. L’engagement entre les peuples reste un pilier important du partenariat stratégique de l’UE avec le Golfe »

Par la suite, il a tenu à remercier les partenaires Arabia Pictures, VOX Cinemas et la Saudi Film Commission pour leur véritable contribution et leur profond engagement pour la réussite de cette seconde édition du festival.  Il a aussi remercié les Co-sponsors : Ambassades de France, des Pays-Bas et du Portugal, l’Institut Camões, l’Alliance Française et l’Institut Goethe.

« Les Européens ont été les pionniers de l’industrie cinématographique. Le cinéma européen est connu pour sa narration simple, artistique, ironique et métaphorique. Les personnages et les histoires du cinéma européen sont nuancés, avec leurs propres forces et faiblesses, leurs espoirs et leurs rêves. Bref, ils sont humains », affirme Mr. Patrick Simonnet.

Le festival a débuté par la projection du film allemand « Sisters Apart » réalisé par Daphné Charizani, qui a fait partie cette année des titres sélectionnés au Festival IndieCork, un des plus grands événements de l'Île d'émeraude (l’Irlande), célébrant le cinéma et la musique indépendants. Précédant ainsi la projection de 15 autres films européens sélectionnés particulièrement pour ce festival.  

L'affiche du film Sisters Apart (fournie)
L'affiche du film Sisters Apart (fournie)

« Sisters Apart », réalisé par Daphné Charizani, a fait partie cette année des titres sélectionnés au Festival IndieCork, un des plus grands événements de l'Île d'émeraude (l’Irlande), célébrant le cinéma et la musique indépendants.

L’histoire de « Sisters Apart » s'articule autour d'un personnage de femme-soldat allemande avec des racines kurdes-irakiennes qui s’appelle Rojda Xani (Almila Bagriacik) et qui vit en Europe depuis son enfance. Le film s'ouvre sur une scène chaotique où on la voit cherchant sa mère, Ferhat (Maryam Boubani), dans un camp de réfugiés grec. Rojda va parvenir à retrouver sa maman, après de nombreuses années séparées l'une de l'autre. Cependant, elle apprend d'elle que sa sœur Dilan (Gonca de Haas) est encore bloquée en Irak. Après avoir pu amener Ferhat en Allemagne, Rojda reçoit un appel inattendu de Dilan, qui se bat contre Daesh avec l’armée kurde. Elle décide alors de demander son redéploiement à Erbil pour la retrouver.

Dans l’ensemble, on peut avancer que l'histoire de Sisters Apart est très émouvante, sa mise en scène est claire, persuasive, bien soutenue par une écriture sophistiquée, bien pensée et le jeu des acteurs est plus que louable. Charizani nous livre ici le portrait mur et crédible de trois femmes troublées, et n’hésite pas à mettre en avant à la fois leurs forces et leurs faiblesses.

Les seize projections européennes venus d’Autriche, de Chypre, du Danemark, d’Estonie, de France, d’Allemagne, d’Irlande, d’Italie, de Lettonie, de Lituanie, de Malte, des Pays-Bas, du Portugal, de Slovénie, d’Espagne et de la Suède seront projetées du 10 au 14 mai au cinéma VOX, situé au sein du centre commercial Sahara Mall.

Outre les projections de films, le Festival permet également des événements parallèles réunissant des professionnels du cinéma européen et leurs pairs saoudiens du Portugal, d’Espagne, d’Allemagne, et d'Italie.

Les deux éditions de ce festival prouvent que la coopération culturelle entre l’Arabie Saoudite et l’Europe est une relation centrée sur les échanges culturels variés et le souci mutuel de renforcer la compréhension entre les peuples.

Cette relation entre le Royaume et les régions internationales est tout simplement bénéfique au développement de la jeune industrie cinématographique saoudienne. C’est aussi une opportunité de faire venir des experts en production cinématographique, de créer des programmes de formation, des stages, des coproductions et se familiariser avec le système de financement cinématographique.


Rétrospective Mehdi Qotbi à l’IMA: l’art de faire danser les lettres arabes

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
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  • Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable
  • Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat

PARIS: Alors que l’Institut du Monde Arabe à Paris met à l’honneur la langue arabe en collaboration avec l’Académie Internationale du Roi Salman pour la langue arabe, c’est l’écriture et les lettres arabes qui sont à l’honneur à travers la rétrospective des œuvres de l’artiste franco-marocain Mehdi Qotbi exposé à l’institut jusqu’au 5 janvier prochain.

qotbi
C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique. (Photo Arlette Khouri)

C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique.

Il a beau se servir des lettres arabes pour composer ses tableaux, son œuvre est à l’opposé de la calligraphie.

Son art, selon sa propre définition est plutôt « une désécriture » et non un alignement calligraphique de mots et de phrases.

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable.

Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat dans une famille modeste.

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L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ». (Photo Arlette Khouri)

Dès l'enfance, Qotbi a baigné dans un univers de couleurs à l’ombre de sa mère tapissière dont il dit « elle ne savait ni lire, ni écrire, elle n’avait aucune culture. Mais elle avait la faculté de faire fusionner les couleurs », « elle savait les allier. Pour moi c’étaient des moments de rêve ».

Ce sont peut-être ces moments avec les émotions qui les accompagnent que Qotbi tente de reproduire dans son travail qui s’expose au musée Georges Pompidou à Paris ainsi qu’au musée d’art moderne, ailleurs aussi à la National Gallery of fins arts à Amman où à Houston dans le cadre de la Menil Collection.

Pourtant à l’âge de douze ans, Qotbi s’est cru destiné à une carrière militaire, il saisit l’opportunité d’un défilé militaire et aborde le ministre de la Défense de l’époque Mahjoubi Ahetdane qui l’aide à intégrer le lycée militaire de Kénitra.

Très vite, son penchant pour et le dessin pris le dessus sur son penchant pour le maniement des armes, et rejoint par la suite l’école des beaux arts de Rabat.

Sa rencontre avec le grand artiste marocain Jilali Gharbaouie finit par sceller son destin, il se consacre à sa vocation artistique qui le mène par la suite aux Beaux arts de Paris, dont il est diplômé.

Parallèlement à sa carrière d'artiste, Qotbi s’attache à transmettre sa passion aux jeunes et enseigne les arts plastiques dans des lycées à Paris et Auxerre.

Travailleur infatigable, il publie des livres d’artistes en collaboration avec de grands écrivains et poètes dont le syrien Adonis, la libanaise Andrée Chédid, la française Nathalie Sarraute et également le tchèque Vaclav Havel et le sénégalais Léopold Sedar Senghor.

L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ».

Sa notoriété lui ouvre les portes des plus hautes sphères culturelles et politiques aussi bien en France qu’au Maroc, et Qotbi met cela à profit pour resserrer les liens entre son pays natal et son pays d’adoption.

Il se retrouve chargé de créer un « cercle d’amitié franco-marocain » qui s’est nourri de son large réseaux de contacts autant au Maroc qu’en France.

Le tout Paris artistique et politique était invité à l’inauguration de sa rétrospective, et bien sûr, l’épouse du président français Brigitte Macron était parmi les premiers à être présente.

 


Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024 de l’Institut du Monde Arabe

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
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  • Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français
  • Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès)

PARIS : Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury du Prix s’est dit ravi lundi dernier que cette nouvelle édition du Prix de la littérature arabe consacre « un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d'une Tunisie en pleine mutation. L’ensemble des membres du jury et moi-même saluons par ailleurs la plume unique de l’auteure qui, grâce à un procédé narratif élaboré, a su donner naissance à une œuvre puissante, portée par une nouvelle collection qui met en lumière la littérature arabophone du Maghreb, encore trop souvent privée d’écho en France ».

Ce roman est celui d’ Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024. Née en 1978 à Sousse en Tunisie, elle est agrégée d’arabe, titulaire d’un doctorat en linguistique et enseigne à l’université de Sousse. Elle est l’autrice d’essais universitaires et de trois romans, dont Le dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024).

Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français.

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès).

Pour sa part, Jack Lang, Président de l’IMA, a voulu souligner « l’importance de faire rayonner la richesse des cultures du monde arabe, dont la littérature et la poésie sont des modes majeurs. Dans le contexte où la traduction des textes arabophones se raréfie, la mise en lumière des auteurs issus du monde arabe est essentielle et ce prix, également porté désormais par la jeunesse, en est le précieux instrument ».

 


Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes

Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
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  • Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes
  • Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens"

DUBAÏ: Des auteurs de renom du monde entier appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes.

Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes qui "sont complices ou sont restées des observateurs silencieux de l'oppression écrasante des Palestiniens".

Parmi les auteurs populaires qui ont signé la lettre figurent l'Irlandaise Sally Rooney, connue pour des romans tels que "Conversations with Friends", "Normal People" et, plus récemment, "Intermezzo"; le romancier américano-libyen Hisham Matar, lauréat du prix Pulitzer; le romancier Viet Thanh Nguyen, lauréat du prix Pulitzer; la lauréate du prix Booker Arundhati Roy; Mohsin Hamid, auteur de "The Reluctant Fundamentalist"; et la lauréate du prix Booker Avni Doshi, qui est basée à Dubaï.

Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens", notamment en appliquant des "politiques et pratiques discriminatoires" ou en "blanchissant et justifiant l'occupation, l'apartheid ou le génocide d'Israël".

Les institutions qui n'ont jamais reconnu publiquement les "droits inaliénables du peuple palestinien tels qu'ils sont inscrits dans le droit international" seront également boycottées.

La campagne a été organisée par le Festival palestinien de littérature (également connu sous le nom de PalFest), qui organise chaque année des manifestations publiques gratuites dans plusieurs villes de Palestine.

"En tant qu'écrivains, éditeurs, travailleurs de festivals littéraires et autres travailleurs du livre, nous publions cette lettre alors que nous sommes confrontés à la crise morale, politique et culturelle la plus profonde du XXIe siècle", commence la déclaration, qui poursuit en indiquant qu'Israël a tué "au moins 43 362" Palestiniens à Gaza depuis octobre dernier et que cela fait suite à "75 ans de déplacement, de nettoyage ethnique et d'apartheid".

La culture "a joué un rôle essentiel dans la normalisation de ces injustices". Les institutions culturelles israéliennes, "qui travaillent souvent directement avec l'État, ont joué un rôle crucial dans l'obscurcissement, le camouflage et le lavage artistique de la dépossession et de l'oppression de millions de Palestiniens pendant des décennies".

Les travailleurs de l'industrie ont un "rôle à jouer", affirme l'engagement. "Nous ne pouvons pas, en toute conscience, nous engager avec les institutions israéliennes sans nous interroger sur leur relation avec l'apartheid et le déplacement", peut-on lire, en notant que "d'innombrables auteurs" ont adopté la même position contre l'apartheid en Afrique du Sud.

La lettre se termine par un appel aux pairs des signataires à se joindre à l'engagement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com