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La visite du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, au royaume d’Arabie saoudite, a attiré l’attention des observateurs compte tenu des récentes tensions dans les relations entre les deux pays alliés.
Selon les médias, un diplomate américain de haut rang a déclaré qu’il y avait beaucoup de travail à accomplir et que l’accent était mis sur un plan d’action destiné à faire avancer les choses. On peut supposer que cela implique que les États-Unis ont établi une stratégie pour maintenir l’élan des relations avec le Royaume, malgré les différences qui existent en termes d’objectifs et d’intérêts stratégiques entre les deux pays alliés.
Les faits montrent que les canaux de communication entre Riyad et Washington sont restés ouverts tout au long des dernières périodes, même en cas de différends, qu’ils soient tacites ou déclarés. La coopération entre les deux pays s’est poursuivie dans divers domaines, en particulier dans les secteurs militaire, sécuritaire et politique. Les exemples les plus récents de cette coopération concernent la médiation des deux pays entre les parties en conflit au Soudan lors des récents pourparlers qui se sont tenus à Djeddah.
La réunion organisée par le Royaume pour les États membres de la Coalition internationale contre Daech représente peut-être un nouveau souffle pour cette organisation et envoie un message fort : le terrorisme figure toujours parmi leurs principales priorités, alors que le monde entier est préoccupé par d’autres crises, notamment par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Pour leur part, les États-Unis adhèrent à la formule de la coopération stratégique qui existe avec le royaume d’Arabie saoudite. Les deux parties partagent plusieurs sujets, notamment la lutte contre le terrorisme international. Cette mission continue de poser un défi à environ quatre-vingts pays qui ont formé une alliance internationale pour lutter contre le terrorisme en 2014. En effet, les organisations terroristes se sont déplacées de l’Irak et de la Syrie vers l’Afrique, où les zones grises qui souffrent de l’absence d’un État national sont très répandues. En outre, d’autres facteurs contribuent à la propagation du terrorisme et à son expansion régionale.
Sans aucun doute, il est important que des puissances régionales et internationales telles que le royaume d’Arabie saoudite et les États-Unis ne perdent pas de vue les priorités stratégiques, comme la lutte contre le terrorisme. Elles doivent aussi veiller à ce que les différences de perspectives sur d’autres questions n’affectent pas ces priorités.
La diplomatie saoudienne a objectivement réussi cette étape - Salem Alketbi
La diplomatie saoudienne a le désir de construire des équilibres et de maintenir l’intérêt ainsi que les priorités dans cette phase vitale des relations internationales. À son actif, citons la poursuite du dialogue saoudo-américain et la réception de deux responsables américains par le Royaume en moins d’un mois (le Royaume a reçu Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale américain, il y a quelques semaines). Ces événements montrent l’engagement de Riyad à assumer ses devoirs ainsi que ses responsabilités régionales et internationales qui découlent de sa position stratégique et de son poids, économique, politique et spirituel.
Ils illustrent également la détermination de la diplomatie saoudienne à établir de nouvelles bases pour la gestion de ses relations avec les grandes puissances internationales. Cette perspective est rendue possible grâce à une politique étrangère basée sur la diversité, le pluralisme, l’agilité et le maintien d’une équidistance avec tous – autant d’éléments qui assurent la préservation des intérêts du Royaume, tandis que ce dernier se tient à l’écart des alliances et des axes unilatéraux.
La «réinitialisation» des relations avec le royaume d’Arabie saoudite telle qu’elle a été décrite par le président Joe Biden à la fin de l’année dernière est manifestement le cadre dans lequel Washington opère. Il est important de noter que cette orientation n’est pas nécessairement perçue comme négative, contrairement à ce que l’on croit souvent. Les États-Unis reconnaissent pleinement l’importance du Royaume dans leur stratégie pour le Moyen-Orient et le golfe Arabique. Ils sont tout à fait conscients des répercussions qu’aurait la rupture de leur partenariat stratégique et de leur alliance de longue date avec l’Arabie saoudite, en particulier face à la concurrence stratégique intense avec la Chine, la Russie et d’autres acteurs qui se disputent la domination et l’influence dans le système post-Ukraine.
En outre, les destinataires prévus dans les cercles décisionnels de Washington ont reçu avec succès les messages indirects transmis par Riyad, ce qui signifie que les règles du jeu ont bel et bien changé.
Avec l’évolution de la politique étrangère saoudienne, il est impératif que la diplomatie américaine s’adapte en conséquence en assurant la protection des intérêts américains tout en évitant toute confrontation avec l’un de ses principaux alliés historiques au Moyen-Orient.
En saisissant l’initiative et en agissant conformément à ses intérêts, la diplomatie saoudienne a objectivement réussi cette étape. En se libérant progressivement des anciens cadres et des règles qui ont façonné ses relations traditionnelles avec l’allié américain, elle a gagné l’appréciation et le respect. Elle est entrée dans une nouvelle étape qualitative, avec de nouveaux fondements et de nouveaux cadres.
Les déclarations du porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, illustrent clairement ces progrès: «Nous nous concentrons sur l’avenir. Il s’agit d’un partenariat stratégique important.» Il a ajouté: «Cela ne signifie pas que nous sommes toujours d’accord avec les Saoudiens sur tout, ou qu’ils sont d’accord avec nous sur tout. Nous avons certainement eu des divergences d’opinions.»
Cette reconnaissance met en évidence la prise en compte des différences et la tolérance des points de vue divergents dans les relations entre ces alliés traditionnels. Il s’agit d’une évolution notable dans la gestion des relations américano-saoudiennes.
Conscients de l’émergence d’un nouvel ordre mondial et de l’importance des sphères d’influence vitales telles que la région du Golfe, les États-Unis réfutent les spéculations antérieures sur la diminution de l’importance des combustibles fossiles, entre autres, au gré de l’évolution rapide des événements.
Observant l’expansion de leurs concurrents stratégiques dans des espaces où l’influence américaine recule, les États-Unis sont déterminés à rétablir leurs relations avec leur allié stratégique, l’Arabie saoudite, et acceptent de poursuivre dans le cadre de la diversité. Ces éléments reflètent le succès et l’efficacité de la diplomatie saoudienne. Cette dernière ne cesse de consolider son influence, son rôle et son statut au niveau régional et international.
Salem Alketbi est un analyste politique émirati. Il a été membre du Conseil national fédéral.
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
