BEYROUTH : Le président du Parlement, Nabih Berri, a fixé la prochaine séance d’élection du président libanais au 14 juin.
Le mandat de l’ancien président Michel Aoun a pris fin en octobre dernier et aucun successeur n’a été désigné.
L’annonce de lundi est intervenue après que l’opposition disparate du Liban, les partis indépendants et les principaux partis chrétiens ont déclaré dimanche avoir désigné Jihad Azour, responsable du FMI, comme candidat à la présidence, face à Sleiman Frangié, le candidat soutenu par le Hezbollah.
Le Hezbollah et ses alliés insistent sur la nomination de Frangié, le chef du mouvement Marada, à ce poste, dans un contexte de divisions politiques accrues au sujet des qualités nécessaires du prochain président.
Berri avait arrêté de fixer des séances depuis janvier, après 11 séances n’ayant pas abouti à l’élection d’un président.
Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature à la présidence. Il a cependant tenu plusieurs réunions avec des députés de l’opposition, au cours desquelles il a répondu à leurs questions et à leurs préoccupations.
Le résultat de la session d’élection présidentielle est attendu avec impatience lundi.
Mais des fuites ont affirmé que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait informé le patriarche maronite, Bechara Boutros al-Rahi, lors de leur rencontre dimanche, que le parti insistait sur son soutien à Frangié.
Les forces d’opposition attendent avec impatience la position du bloc du Parti socialiste progressiste qui devrait tenir une session cette semaine afin de déterminer l’orientation de son vote lors de la prochaine élection.
Réactions politiques
Le député Hadi Abou al-Hassan, du Parti socialiste progressiste, s’est dit surpris de l’inquiétude manifestée par le Hezbollah et le mouvement Amal à l’égard d’Azour. Il a indiqué que le candidat est «patriotique et ne poignarde pas un partenaire libanais».
«De plus, notre système n’est pas présidentiel et le président ne prend pas de décisions sans tenir compte du Parlement et du gouvernement», a-t-il ajouté.
«Tout accord avec le FMI passe par le Parlement et le gouvernement», a-t-il précisé, ajoutant qu’Azour «n’est pas un candidat provocateur, et nous avons proposé son nom il y a cinq mois».
Le député a déclaré que les forces de l’opposition s’étaient mises d’accord avec le Courant patriotique libre pour désigner Azour.
«Notre nomination (d’Azour) n’était pas une manœuvre, mais une proposition sérieuse au sujet de laquelle nous n’avons pas changé d’avis. Cependant, la question n’est plus de savoir s’il s’agit d’une nomination ou d’un vote, mais de savoir comment préparer l’atmosphère pour Azour afin qu’il atteigne la présidence», a affirmé Abou al-Hassan.
«L’alignement net peut créer une sorte de polarisation qui peut être interprétée comme un défi à l’investiture.»
Le député a suggéré «d’élargir l’éventail de soutiens à Azour et de ne pas assister à des séances qui ressembles aux précédentes afin de nommer un président qui puisse garantir un large consensus».
«Nous avons besoin d’un quorum de 86 députés pour qu’un candidat gagne au premier tour, et d’un quorum de 65 pour qu’un candidat réussisse au second tour. En l’absence de consensus, deux obstacles se dressent sur le chemin d’Azour vers la présidence.
«Le premier est le refus du quorum lors de la deuxième séance, et le second est le sectarisme. C’est-à-dire que les députés chiites du Parlement s’abstiendront de l’élire», a expliqué Abou al-Hassan.
Le député Bilal Abdallah, membre du Rassemblement démocratique, a déclaré : «L’élection d’un président en l’absence d’un consensus chiite-chrétien est impossible.
«Pour combler le vide présidentiel le quorum est nécessaire, et personne n’est en mesure de l’obtenir.»
Le député Kassem Hachem, du bloc du mouvement Amal, a minimisé l’importance de l’accord de l’opposition sur la nomination d’Azour.
Il a déclaré : «Ce qui se passe a pour but d’empêcher Frangié d’accéder à la présidence.»
Le député indépendant Abdelrahmane Bizri a indiqué qu’il étudiait toujours la situation avec les députés Oussama Saad, Charbel Nahas et plusieurs députés du Changement afin de prendre la bonne décision.
«Nous ne voulons pas d’une bataille entre un candidat soutenu par le duo chiite, le Hezbollah et le mouvement Amal, et un candidat soutenu par la majorité chrétienne», a-t-il révélé.
Un observateur politique a exprimé la crainte que certaines forces d’opposition n’aient nommé Azour que pour affronter et renverser Frangié, le candidat des partis chiites, pour ensuite le remplacer par un candidat de consensus plus approprié.
Enjeu national
Dans une déclaration commune, le Conseil national pour mettre fin à l’occupation iranienne du Liban et le rassemblement de la Dame de la Montagne ont déclaré qu’ils rejetaient la «tentative du Hezbollah d’imposer un président au peuple libanais, en violant la Constitution libanaise, ainsi que la diversité politique et sectaire du pays».
La déclaration commune ajoute : «Puisqu’il y a deux candidats à la présidence, il n’y a plus d’excuse politique pour que le président du Parlement ne tienne pas une séance de scrutin continu afin d’élire le président.
«Quiconque entrave le quorum doit porter l’entière responsabilité de la poursuite du vide présidentiel.»
La Constitution libanaise stipule que les séances du corps électoral restent ouvertes jusqu’à l’élection du président.
Elle stipule également qu’avant la fin du mandat du président en exercice (au moins un mois ou au plus deux mois), le Parlement doit se réunir à l’invitation de son Président, pour élire un nouveau président.
«Si le Parlement ne se réunit pas à cette fin, il se réunit de droit le dixième jour précédant la fin du mandat du président.
«Le Parlement convoqué pour élire le président est considéré comme un organe électoral et non comme un organe législatif, et il est tenu de procéder immédiatement à l’élection du président sans discuter d’autres questions.»
Selon la Constitution, le président négocie et conclut les traités internationaux en accord avec le Premier ministre, et ils n’entrent en vigueur qu’après avoir été approuvés par le gouvernement.
Les traités qui impliquent des conditions financières liées à l’État et les traités commerciaux ne peuvent être conclus sans l’approbation du Parlement.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com