RABAT: Longtemps à l'étranger, le roi Mohammed VI multiplie les activités publiques depuis plusieurs semaines au Maroc, un retour au premier plan qui semble destiné à répondre aux interrogations des médias étrangers sur son absence prolongée.
Après un séjour de trois mois au Gabon, chez son ami Ali Bongo, le monarque chérifien est rentré au Maroc en mars, à la veille du mois sacré du ramadan.
Depuis, il n'a pas quitté le royaume, après avoir passé 200 jours hors du Maroc en 2022, principalement en France et au Gabon, d'après un décompte officieux.
Le roi préside: causeries religieuses du ramadan, opérations caritatives, réunion sur le stress hydrique, lancement de chantiers, conseil des ministres...
Le roi inaugure: un centre médical à Casablanca, un CHU neuf à Tanger, un institut de formation professionnelle près de Rabat...
Le roi renouvelle des hauts fonctionnaires et nomme un nouveau chef de l'armée.
"Objectif: rétablir l'autorité du pouvoir monarchique, qui passe moins par le fonctionnement régulier des institutions que par la présence physique du roi", explique le journaliste et universitaire Omar Brouksy sur le site en ligne Orient XXI.
«Le roi est là»
Une omniprésence coïncidant avec une enquête de l'hebdomadaire britannique The Economist sur "le mystère du roi du Maroc absent" et d'autres articles publiés à l'étranger.
D'après certains commentateurs, une partie du sérail partagerait les interrogations des journaux étrangers sur l'absence du roi.
Le palais royal n'a pas réagi.
"D'aucuns, esprits malveillants et cédant à des colportages de la presse étrangère, ont cru impunément s'immiscer dans la vie privée du Souverain lui reprochant d'être souvent à l'extérieur plus qu'au Maroc", déplore le journal Maroc Diplomatique.
"Aujourd'hui, ils déchantent et se rendent à l'évidence: le roi est là, de retour, il règne et si l'on peut dire, gouverne aussi", opine son éditorialiste Hassan Alaoui.
A la mi-mai, Mohammed VI a assisté, au palais royal de Rabat, à la présentation d'un prototype de la première voiture 100% marocaine.
A cette occasion on l'a vu très aminci dans son costume sans qu'on sache la raison de cet amaigrissement.
Depuis 2018, l'état de santé du chef de l'Etat est source de spéculations au Maroc et au-delà des frontières du royaume.
En février dernier, une grippe l'a contraint à reporter une visite prévue au Sénégal.
En, 2021, il avait subi une opération au coeur à Rabat, après une première intervention en janvier 2018 à Paris.
Trio sulfureux
Si la forme du monarque et ses activités sont scrutées, les médias locaux et étrangers s'intéressent aussi à son entourage proche, plus spécifiquement à trois frères germano-marocains entourés d'une aura sulfureuse, Abubakr, Ottman et Omar Azaitar, dont les deux premiers sont des champions des arts martiaux mixtes (MMA).
C'est le journal électronique marocain Hespress qui a le premier, dans une série d'articles postés à partir de mai 2021, critiqué l'influence à ses yeux délétère du trio sur le souverain.
Hespress y fustige "les frasques" des Azaitar, au "capital criminel très fourni" en Allemagne, s'alarmant de leur "déploiement obscène de signes extérieurs de richesse", notamment de s'arroger des symboles de la dynastie alaouite à de vulgaires fins commerciales et médiatiques.
"A un moment où le Maroc est au bord d’une crise sociale, suscitée essentiellement par la cherté de la vie, l'inflation et la hausse des prix", s'offusquait ce site proche du pouvoir.
Selon une étude du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le Maroc est retombé en 2022 au niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité de 2014, malgré la résilience globale de l'économie.
Malgré les critiques répétées contre la fratrie controversée, la maison royale est restée muette.
"Le roi exerce à nouveau avec vigueur ses intenses activités après des rumeurs colportées par les adversaires du Maroc sur sa santé et l'exercice de ses fonctions constitutionnelles", se félicite l'hebdomadaire arabophone Al Ayam.
Mohammed VI règne depuis juillet 1999, date à laquelle il a succédé à son père Hassan II. Il aura 60 ans le 21 août prochain.
Si elle n'est pas d'actualité, la question de sa succession n'est pas absente des esprits.
Le prince héritier Moulay Hassan, tout juste 20 ans et encore étudiant à l'université polytechnique de Rabat, est préparé depuis sa naissance à monter sur le trône. Il accompagne aujourd'hui son père dans la plupart des activités officielles.