WASHINGTON: Renouant avec le message d'unité et d'apaisement de son début de mandat, Joe Biden s'est félicité vendredi d'avoir évité un défaut de paiement "catastrophique" des Etats-Unis, et a vanté les vertus du compromis politique.
"Rien n'aurait été plus irresponsable, rien n'aurait été plus catastrophique" qu'une banqueroute de la première puissance mondiale, a dit le président américain, en annonçant qu'il signerait samedi une loi permettant de repousser jusqu'en janvier 2025 cette perspective périlleuse.
Le Congrès américain a adopté cette semaine ce texte, qui permet de suspendre pour près de deux ans le plafond d'endettement public des Etats-Unis, et qui fixe aussi certains objectifs budgétaires.
Sans ce texte, le pays risquait de se trouver en défaut de paiement dès lundi prochain, le 5 juin.
Joe Biden a soigné la mise en scène pour s'adresser à la nation: assis derrière sa table de travail, dans le célèbre Bureau ovale, le démocrate de 80 ans, candidat à sa réélection en 2024, s'est exprimé sur un ton très posé, rassurant.
«Trouver un consensus»
"Trouver un consensus au-delà des clivages partisans est difficile. L'unité est difficile. Mais nous ne devons jamais cesser d'essayer", a-t-il dit.
Après plusieurs semaines de très difficiles négociations avec l'opposition républicaine, le président américain a voulu renouer avec le message de réconciliation de son investiture, en janvier 2021.
"Sans unité, il n'y a pas de paix", a dit le démocrate, qui avait pris ses fonctions peu après l'assaut du Capitole par des partisans de son prédécesseur Donald Trump.
Dans un discours qui visait certainement aussi à renforcer le contraste avec le milliardaire républicain, lui aussi en course pour 2024, Joe Biden a estimé qu'il fallait "arrêter de se crier dessus" et faire "baisser la température".
Il a tenu à "saluer" son adversaire le plus en vue dans ce dossier de la dette, le patron républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy.
"Les deux partis ont négocié de bonne foi. Les deux côtés ont tenu leur parole", s'est félicité Joe Biden, qui ne rate jamais une occasion de vanter son sens du compromis politique.
Le président démocrate, même s'il entend bien tirer tout le crédit politique possible de cette affaire, ne clame pas ouvertement victoire à l'issue des négociations budgétaires avec l'opposition: "Personne n'a eu tout ce qu'il voulait. Mais les Américains ont obtenu ce dont ils avaient besoin."
«Polarisation politique»
Assurant avoir évité des coupes drastiques dans les prestations sociales et dans ses grands projets d'investissement, Joe Biden a aussi cherché à se projeter vers l'avenir, lui que de nombreux Américains jugent trop vieux pour rester à la Maison Blanche.
Evoquant sa volonté de taxer davantage les plus riches, il a déclaré à ses concitoyens: "Je vais revenir à la charge et avec votre aide, je vais gagner".
Rien ne dit que ce combat politique et très technique autour de la dette, qui avait déjà eu lieu quand Barack Obama était président, aura réellement une influence sur l'électorat.
Mais il a laissé quelques traces: l'agence de notation Fitch a ainsi maintenu vendredi sous surveillance la précieuse note AAA des Etats-Unis en déplorant la "polarisation politique" et en notant "une détérioration constante de la gouvernance au cours des 15 dernières années".
Comme toutes les économies développées ou presque, les Etats-Unis vivent à crédit - ils affichent d'ailleurs la plus lourde dette au monde, en valeur absolue.
Mais aucun autre pays industrialisé ne bute ainsi, à intervalles réguliers, sur un plafond de la dette rigide, que le Congrès doit relever.