BRUXELLES : Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg assistera samedi à Ankara à la cérémonie d'investiture de Recep Tayyip Erdogan, réélu président, alors qu'il s'efforce de lever l'opposition de la Turquie à l'adhésion de la Suède à l'Alliance.
Lors de sa visite, prévue samedi et dimanche, il aura des entretiens bilatéraux avec le président Erdogan et plusieurs hauts responsables turcs, a précisé vendredi l'Otan dans un communiqué.
Jens Stoltenberg avait annoncé jeudi son intention de se rendre en Turquie "dans un avenir proche" pour tenter de lever les obstacles à l'adhésion suédoise et faire en sorte que le pays scandinave "devienne membre de l'Alliance aussi vite que possible".
La Turquie et la Hongrie sont les derniers des 31 pays de l'Otan à n'avoir pas encore ratifié une adhésion de la Suède. La Finlande, de son côté, est formellement devenue le 31e membre de l'Alliance le 4 avril.
Réélu le 28 mai à la tête du pays, le président Erdogan a bloqué jusqu'ici la candidature suédoise, reprochant à Stockholm d'être un havre pour des militants kurdes qualifiés de "terroristes" par la Turquie. Il réclame l'extradition de plusieurs dizaines de militants. Mais la Suède souligne n'avoir reçu aucune liste précise et que ce sont des tribunaux indépendants qui statuent au final dans ces dossiers.
Remplissant une exigence clef d'Ankara, le Parlement suédois a adopté une nouvelle loi interdisant les activités liées à des groupes extrémistes, renforçant ainsi sa législation sur le terrorisme. La législation est entrée en vigueur ce jeudi.
"Je suis confiant que la Hongrie ratifiera aussi le protocole d'accession", a affirmé M. Stoltenberg jeudi, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan à Oslo.
Lors de cette rencontre, le chef de la diplomatie suédoise, Tobias Billström, a estimé que son pays remplissait désormais toutes les conditions d'une adhésion à l'Otan, "y compris une nouvelle législation sur le terrorisme", et appelé la Turquie et la Hongrie à lever leur opposition.
De nombreux ministres présents à Oslo ont exprimé le souhait qu'une décision sur l'adhésion suédoise puisse avoir lieu avant le sommet de l'Otan à Vilnius les 11 et 12 juillet, une hypothèse que M. Stoltenberg a qualifiée d'"absolument possible" mardi.
Un nouvel incident est venu rappeler la fragilité de la candidature suédoise: un groupe pro-kurde a diffusé en début de semaine une vidéo sur les réseaux sociaux montrant la projection sur le Parlement suédois d'un drapeau du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) honni d'Ankara.
La Turquie a condamné une action "inacceptable" et demandé à Stockholm d'empêcher une manifestation de militants proches du PKK et des groupes armés kurdes en Syrie prévue dimanche dans la capitale.