OSLO : Adhésion de l'Ukraine, succession de Jens Stoltenberg et dépenses militaires: les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan vont tenter jeudi à Oslo de trouver des compromis sur ces trois épineux dossiers à l'agenda du sommet de Vilnius en juillet.
Sans consensus, il n' y aura pas de décision, rappelle le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg. Or, à un mois de la réunion, aucun point n'est tranché. Les dirigeants lituaniens, hôtes du sommet de Vilnius, s'en inquiètent et disent redouter un échec, ce qui agace.
L'adhésion de l'Ukraine est la question la plus ardue. "Il y aura des discussions difficiles entre les alliés avant Vilnius, notamment sur les garanties de sécurité ou les assurances pour l'Ukraine et son désir d'adhérer à l'Otan", a averti Jens Stoltenberg à l'avant-veille de la réunion d'Oslo.
Or, les attentes de Kiev sont énormes. Le président Volodymyr Zelensky souhaite "un message très clair" indiquant que l'Ukraine rejoindra l'Alliance "après la guerre".
"Trois mesures doivent être adoptées pour faire du sommet de Vilnius un succès: renforcer les liens institutionnels et l'assistance entre l'Ukraine et l'Otan, faire un pas vers l'adhésion de l'Ukraine et fournir des garanties de sécurité sur la voie de cette adhésion", a averti mardi le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba après avoir contacté un à un ses 31 homologues avant la réunion d'Oslo.
"Le sujet est très politique et il y a des lignes divergentes entre certains alliés"", explique-t-on de source diplomatique française.
"L'Ukraine veut une feuille de route claire, la confirmation d’une trajectoire. La perspective de l'adhésion n'est pas remise en cause. Mais aujourd'hui ce n'est pas réaliste, car l'Ukraine pourrait déclencher l’article 5 le jour de son entrée", souligne-t-on.
Cette clause de défense collective oblige tous les alliés à s'engager en cas d’attaque contre l'un d'eux.
Les Américains et de nombreux autres alliés refusent d'aller plus loin que la déclaration de Bucarest, ont confié à l'AFP plusieurs diplomates.
Lors de ce sommet, en 2008, les dirigeants avaient affirmé que l'Ukraine et la Géorgie "deviendraient membres de l’Otan", sans aucune indication de calendrier.
"Nous soutenons une politique de porte ouverte à l'Otan", a assuré un porte-parole du Pentagone. Mais pour l'heure Washington s’efforce de doter l’Ukraine "des capacités à court terme pour repousser la guerre" provoquée par Moscou.
Un nouveau visage à la tête de l'Otan
Une base de compromis pourrait être des "garanties de sécurité" comme celles données à la Suède, dont l'adhésion est bloquée par la Turquie et la Hongrie, un sérieux sujet de contentieux pour Vilnius.
La France s'est officiellement déclarée prête à accorder de telles garanties à l'Ukraine, mais l'accord des autres alliés n'est pas acquis.
Jens Stoltenberg refuse de s'avancer. "Personne n’est en mesure de vous dire exactement quelle sera la décision finale au sommet de Vilnius sur cette question", a-t-il déclaré avant la réunion d'Oslo.
Nommé en 2014, le Norvégien, âgé de 64 ans, arrive au terme de son mandat, déjà prolongé trois fois dont à nouveau l'an dernier après l'invasion russe de l'Ukraine. Son successeur devrait être un Européen. Les pays membres de l'UE souhaiteraient la nomination d'une femme issue de leurs rangs.
Le président américain Joe Biden, qui aura le dernier mot, doit recevoir le 5 juin la Première ministre danoise Mette Frederiksen, candidate potentielle.
"Le choix se fait toujours à la dernière minute et la reconduction de Jens Stoltenberg est toujours sur la table", confient des diplomates de l'alliance. L'intéressé, lui, répète vouloir se retirer.
Les dépenses militaires de son pays sont un critère de sélection pour la ou le futur nouveau patron. Les alliés se sont engagés à leur consacrer 2% de leur PIB en 2024 et le projet pour Vilnius est de dépasser ce plafond.
Or sept pays seulement, dont les Etats-Unis, ont atteint l'objectif et le Danemark est loin d'avoir rempli sa part de l'effort demandé.