Tensions au Kosovo : la pression internationale s'accroît sur Pristina et Belgrade

Des Albanais du Kosovo brandissant des drapeaux albanais participent à une manifestation dans le sud de Mitrovica, le 1er juin 2023. (Photo, AFP)
Des Albanais du Kosovo brandissant des drapeaux albanais participent à une manifestation dans le sud de Mitrovica, le 1er juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

Tensions au Kosovo : la pression internationale s'accroît sur Pristina et Belgrade

  • Si dans un premier temps des grandes puissances internationales ont attribué au gouvernement kosovar la responsabilité des derniers incidents, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé jeudi les deux parties à réduire les tensions
  • Le président français Emmanuel Macron a adopté une attitude similaire à l'issue d'une réunion quadripartite avec les présidents serbe et kosovare à Chisinau, et après une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz

ZVECAN: Des manifestants serbes restaient jeudi mobilisés contre l'intronisation de maires albanais dans le nord du Kosovo, théâtre de récents affrontements avec la force de l'Otan, au moment où la pression internationale s'accroît sur Pristina et Belgrade pour une désescalade des tensions.

Si dans un premier temps des grandes puissances internationales, notamment Paris et Washington, ont attribué au gouvernement kosovar la responsabilité des derniers incidents, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé jeudi les deux parties à réduire les tensions.

"Nous appelons les gouvernements du Kosovo et de Serbie à prendre des mesures immédiates en vue d'une désescalade des tensions", a déclaré M. Blinken à l'issue d'une réunion ministérielle de l'Otan à Oslo. Selon lui, "l'escalade actuelle" met en péril leurs aspirations à une intégration européenne.

Le président français Emmanuel Macron a adopté une attitude similaire à l'issue d'une réunion quadripartite avec les présidents serbe et kosovare à Chisinau, et après une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

"Nous avons demandé aux deux parties l'organisation dans les meilleurs délais de nouvelles élections dans ces quatre municipalités", a déclaré M. Macron en insistant sur des "décisions claires" demandées aux deux dirigeants "pour la semaine prochaine".

Selon le président français, cette demande implique un "engagement de la part du Kosovo" et la "participation à ces élections de manière claire de la part de la partie serbe".

Interrogée peu après sur ce point, la présidente du Kosovo Vjosa Osmani a assuré qu'elle était "prête à envisager" cette possibilité.

Sur le terrain, à Zvecan, dans le nord du Kosovo, ville d'affrontements en début de semaine entre des manifestants serbes et des militaires de la force de l'Otan (Kfor), quelques dizaines de Serbes se sont de nouveau rassemblés jeudi à proximité de la mairie, moins nombreux que les jours précédents, a rapporté une journaliste de l'AFP.

A cet endroit, trente militaires internationaux et une cinquantaine de manifestants serbes ont été blessés lundi dans les heurts.

Le bâtiment municipal est protégé depuis mardi par un important dispositif de la Kfor, qui a davantage renforcé mercredi sa défense avec du fil barbelé et des barrières en métal.

Des militaires de la Kfor ont aussi pris position jeudi sur plusieurs axes menant vers le centre-ville, répondant à l'appel du principal parti serbe local après des incidents dans lesquels deux voitures de la police kosovare ont été caillassées mercredi par des groupes de personnes "masquées".

Crises successives dans la région 

Un policier a été blessé et les vitres des voitures ont été brisées, selon le ministère kosovar de l'Intérieur.

La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, et encourage les quelques 120 000 Serbes qui y vivent (entre 6% et 7% de la population), à défier les autorités de Pristina.

Les anciens ennemis négocient un accord de normalisation de leurs relations sous les auspices de l'Union européenne, mais la région va de crise en crise depuis des années. Cette dernière a motivé l'Otan de décider d'y déployer rapidement 700 soldats supplémentaires.

Les Serbes ont boycotté les municipales d'avril dans quatre localités dans le nord du Kosovo où ils sont majoritaires, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais avec une participation inférieure à 3,5%.

Leur intronisation la semaine dernière par le gouvernement kosovar d'Albin Kurti a mis le feu aux poudres.

Les manifestants serbes s'opposent à ce que ces édiles, qu'ils considèrent comme "illégitimes", occupent leurs fonctions et réclament le retrait du nord du Kosovo des forces spéciales kosovares.

Dans un nouvel incident, survenu dans la journée dans la partie serbe de la ville divisée de Mitrovica (nord), deux Albanais ont été agressés et blessés par un "groupe de criminels masqués et organisés pour cet attaque", a indiqué la police kosovare dans un communiqué.

Dans cette ville, plusieurs centaines de Kosovars albanais, des jeunes essentiellement, ont brièvement manifesté en milieu de la journée près d'un pont qui relie les deux parties de la ville, albanaise et serbe, a constaté une journaliste de l'AFP.

Répondant à des appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux, ils ont agité des drapeaux albanais et scandé "Mitrovica ne peut pas être divisée".

La police kosovare avait appelé les gens à ne pas aller à cette manifestation afin d'éviter de jeter de l'huile sur le feu.

Les manifestants avaient prévu de se rendre dans la partie nord de la ville, mais un important cordon policier leur bloquait le passage vers le pont.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.