Tunisie: 10 ans après la mort de son frère, Leïla Bouazizi appelle à continuer la lutte

La famille de Mohamed Bouazizi se recueille sur sa tombe (Photo, AFP).
La famille de Mohamed Bouazizi se recueille sur sa tombe (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 07 décembre 2020

Tunisie: 10 ans après la mort de son frère, Leïla Bouazizi appelle à continuer la lutte

  • Leïla Bouazizi, 34 ans est originaire de cette famille modeste de Sidi Bouzid, chef lieu d'une région défavorisée du centre-ouest de la Tunisie devenue le foyer de la Révolution du jasmin
  • Le 17 décembre 2010, son frère s'est immolé par le feu après que la police a de nouveau saisi sa marchandise et la charrette qui lui servait d'étal

MONTRÉAL: Les jeunes Tunisiens doivent continuer « à manifester » pour une vie décente : pour la sœur du vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi, dont l'immolation il y a dix ans a donné le coup d'envoi du Printemps arabe, la révolution n'est pas finie.

Leïla Bouazizi, 34 ans est originaire de cette famille modeste de Sidi Bouzid, chef lieu d'une région défavorisée du centre-ouest de la Tunisie devenue le foyer de la Révolution du jasmin.

Lorsqu'elle repense à l'acte de son frère aîné, elle est catégorique : malgré la démocratisation en marche, la révolution n'a pas permis de répondre aux problèmes principalement « économiques » qui l'ont poussé à bout. « Très déçue », elle « espère que ça va changer ».

Comme de nombreux jeunes sans emploi, Mohamed Bouazizi, alors 26 ans, faisait vivre les siens grâce à un petit commerce informel en vendant fruits et légumes.

Le 17 décembre 2010, il s'est immolé par le feu après que la police a de nouveau saisi sa marchandise et la charrette qui lui servait d'étal.

Quand il est allé plaider sa cause auprès des autorités locales « il n'a pas eu de réponse ». Mohamed était « vraiment très énervé », se souvient Leila, « c'est pour ça qu'il a pris l'essence ». Il succombera à ses blessures début janvier 2011.

« C'est une accumulation de choses qui l'a fait exploser. »

Menaces et harcèlement

Ce geste de désespoir a déclenché des manifestations à Sidi Bouzid, qui se sont étendues à tout le pays, appuyées par la force de mobilisation du syndicat UGTT et la caisse de résonance des réseaux sociaux. 

A l'issue d'un mois de soulèvement populaire sans précédent, le président Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, a pris la fuite le 14 janvier 2011.

« Après l'immolation de mon frère, tout le monde (...) a manifesté contre le système », se souvient Leïla, soulignant que Mohamed avait vécu et dénoncé « la même situation » que beaucoup de jeunes.

« Ce n'est pas seulement mon frère, il y a beaucoup de gens qui ont perdu la vie » en réclamant une amélioration.

Après la mort de Mohamed, la famille Bouazizi a été la cible de harcèlement et « beaucoup de menaces », y compris de mort, sur les réseaux sociaux ou dans la rue de la part d'opposants à la révolution.

Jalousés, ils ont aussi été accusés d'avoir profité de la mort du jeune homme pour s'enrichir. « C'était dangereux », dit-elle, et sa mère, ses frères et sœurs l'ont rejointe au Québec, où ils sont « bien intégrés ». Désormais machiniste dans l'aéronautique à Montréal, Leïla continue depuis son exil de suivre les transformations en Tunisie.

« Pire maintenant »

Dix ans après, il y a eu des avancées, reconnaît-elle : le pays a adopté une nouvelle Constitution et organisé des élections démocratiques.

« On peut parler, on peut manifester (...) Avant, on n'avait pas le droit de juger, de parler ». « Le vote c'est très important. »

Mais le bal des gouvernements successifs n'a pas arrangé pas la situation économique, toujours difficile particulièrement pour les jeunes, souligne-t-elle.

« A chaque fois, on vote, ils disent ‘on va changer’, (...) mais dès qu'ils prennent le pouvoir, rien ne change. »

Elle déplore le manque de mesures concrètes par exemple pour réformer un système de santé défaillant ou pour canaliser les eaux de pluies qui font des morts chaque année.

Le taux de chômage des jeunes dans les régions marginalisées reste deux à trois fois supérieur aux 16% de moyenne nationale.

« La situation est peut-être pire maintenant », juge Leïla, citant l'augmentation du coût de la vie qui rogne des salaires dérisoires.

Des dizaines de jeunes continuent à s'immoler chaque année en Tunisie dans l'indifférence, tandis que d'autres risquent leur vie pour rallier l'Europe clandestinement. 

En Tunisie, « quand quelqu'un finit les études, il ne trouve rien. (...) Même avec un salaire moyen, ils ne peuvent pas vivre comme il faut ».

Mais Leïla garde espoir car de nombreux Tunisiens « n'arrêtent pas de manifester, de parler ». Selon elle, l'acte de son frère leur « donne beaucoup de force » pour « changer le système ».

« Ça prendra peut-être plus de dix ans : il faut que les jeunes continuent à manifester, à parler, pour obtenir leurs droits. »


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.