Les partis chrétiens soutiennent la candidature de Jihad Azour à la présidence du Liban

L’ancien ministre libanais des Finances, Jihad Azour (57 ans), figure parmi les candidats proposés par le bloc chrétien. (Reuters/Photo d’archives)
L’ancien ministre libanais des Finances, Jihad Azour (57 ans), figure parmi les candidats proposés par le bloc chrétien. (Reuters/Photo d’archives)
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Publié le Lundi 29 mai 2023

Les partis chrétiens soutiennent la candidature de Jihad Azour à la présidence du Liban

  • À la veille de sa visite au Vatican et en France, le patriarche Raï a salué le consensus auquel sont parvenus les députés
  • Le Hezbollah voit dans la nomination de Jihad Azour une manœuvre pour renverser son candidat, en l’occurrence Sleiman Frangié

BEYROUTH: Les plus grands partis chrétiens représentés au sein du Parlement libanais (le Courant patriotique libre [CPL], les Forces libanaises [FL]et les Phalanges libanaises [Kataëb]) sont sur le point de parvenir à un consensus sur le nom d’un candidat à la présidence de la république, a-t-on appris dimanche de plusieurs sources.

En effet, l’ancien ministre des Finances, Jihad Azour (57 ans), figure parmi les candidats à la présidence.
M. Azour occupe actuellement le poste de directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI).

Le patriarche maronite Béchara Raï a fait allusion à ce consensus dans son sermon de dimanche, avant de se rendre au Vatican et à Paris. Il a appelé à élire un président de la république dans les plus brefs délais afin de mettre sur pied les institutions constitutionnelles.

Le patriarche Raï a fait la déclaration suivante: «Nous remercions Dieu au sujet des informations faisant état d’une certaine entente entre les blocs parlementaires autour d’un candidat à la présidence. Un candidat qui ne représente un défi pour personne, qui réponde aux besoins actuels du Liban, et qui inspire la confiance aux Libanais ainsi qu’à la communauté internationale.»

Béchara Raï espère que «ce développement mettra fin au chaos qui règne à plusieurs niveaux».

Le Hezbollah ainsi que son bloc parlementaire sont favorables à Sleiman Frangié, chef du parti Marada et proche du régime syrien. La plupart des partis chrétiens représentés au Parlement sont hostiles à cette proposition.

Mohammed Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, a réagi à la possibilité que les blocs parlementaires chrétiens parviennent à se mettre d’accord sur la candidature de Jihad Azour.

M. Raad a déclaré dans un communiqué dimanche: «En proposant le nom du candidat dont on entend parler, ils cherchent à s’opposer au candidat que nous soutenons et à l’affaiblir.»
Il a exhorté l’autre camp à «ne plus perdre de temps et à ne plus repousser l’échéance».

Le 1er juin, le vide présidentiel au Liban entrera dans son huitième mois. Onze sessions parlementaires n’ont pas permis à un candidat d’accéder au second tour de l’élection présidentielle, faute de quorum.

Les partis opposés au Hezbollah avaient proposé la candidature du député Michel Moawad. Le Hezbollah s’est opposé à ce nom, qui constitue, pour lui, un «candidat incendiaire».

Un analyste politique précise que M. Azour ne souhaite pas être un «candidat provocateur ou suscitant des conflits».
Jihad Azour souhaite «réaliser une opération de sauvetage en accord avec tous les acteurs dans le pays, s’il est élu président», rapportent les médias libanais.

L’analyste politique se montre prudent quant à la possibilité de «considérer M. Azour comme un candidat définitif des blocs chrétiens». Il craint en effet que des surprises ou des changements de position ne surviennent au dernier moment.
Il salue toutefois les avancées positives réalisées jusqu’à présent.

Pas un problème pour le Hezbollah

Le député Elias Hankach, qui participe aux négociations, indique que les chances d’élire un président prochainement se sont améliorées. Selon ce député, le nom de l’ancien ministre Azour figure parmi les noms sur lesquels les différents partis chrétiens, y compris le CPL, se sont mis d’accord.

M. Hankach précise: «Nous sommes déterminés à empêcher le Hezbollah de mettre la main sur la présidence.»

«Nous voulons un candidat qui réponde aux attentes sur lesquelles nous insistons. La situation dans le pays ne tolère pas les compromis. Aujourd’hui, nous nous sommes mis d’accord sur le nom d’un candidat, et nous n’avons pas fait de compromis.»

«Nombreux sont ceux qui sont morts pour défendre certains principes. Le jour où nous renonçons à ces principes, nous serons contraints de trouver un compromis. Nous nous sommes accordés sur un candidat; il ne s’agit pas d’un compromis.»

Le député Georges Okaïs, ancien juge et représentant du parti des FL au Parlement, souligne le progrès dans les négociations entre l’opposition et le CPL. Ces avancées n’ont pas encore conduit à la nomination d’un candidat, précise-t-il.

M. Okaïs s’attend à ce qu’une évolution dans ce dossier se produise la semaine prochaine.

Il affirme que le nom de Jihad Azour avait été proposé à la suite d’un accord avec le CPL autour d’un candidat qui ne constitue pas un problème pour le Hezbollah.

Dans ce contexte, il déclare que ce nom pourrait unifier l’opposition. «Nous avons ainsi parcouru la moitié du chemin et nous attendons que l’autre camp nous rejoigne», se félicite-t-il.

Ali Hassan Khalil, membre du bloc du mouvement Amal, considère que «notre pays ne saurait vivre en sécurité si les forces politiques ne s’unissent que pour empêcher notre candidat d’arriver au pouvoir».
Il précise: «Si nous avons soutenu la candidature de Sleiman Frangié à la présidence, c’est parce que nous sommes convaincus qu’il faut élire un président pouvant faire l’objet d’un consensus national.»

Hachem Safieddine, chef du conseil exécutif du Hezbollah, déclare quant à lui que «le consensus reste le seul moyen d’élire un président de la république».

Pour M. Safieddine, «c’est la logique qui sous-tend le pays, c’est sa nature, et les problèmes qui s’y posent doivent être résolus de cette manière».

Le porte-parole du patriarcat maronite, Walid Ghayad, a annoncé dimanche dernier que le cardinal Raï se rendrait au Vatican aujourd’hui afin de s’entretenir avec le cardinal secrétaire d'État, Pietro Parolin.
Il se rendra mardi à Paris pour rencontrer le président français, Emmanuel Macron.

Toujours selon M. Ghayad, le cardinal Raï sollicitera le soutien de la France pour résoudre le problème des réfugiés syriens au Liban et assurer leur retour dans leur pays. Il abordera également les défis financiers auxquels le pays est confronté dans le contexte de la crise économique actuelle qui le frappe de plein fouet.

Durant la période 2005-2008, M. Azour a occupé le poste de ministre libanais des Finances. Au cours de son mandat, il a supervisé la mise en œuvre d’importantes initiatives de réforme.
Il a également occupé de nombreux postes au sein d’entreprises privées, que ce soit avant ou après son entrée en fonction. Il a notamment travaillé auprès des cabinets McKinsey & Company et Booz & Company, où il a été associé principal et conseiller exécutif.

Avant de rejoindre le FMI au mois de mars 2017, il a occupé le poste d’associé directeur au sein de la firme de conseil et d’investissement aux entreprises Infinity Partners.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.