Espagne: Pedro Sánchez crée la surprise en convoquant des législatives anticipées

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'entretient avec les médias après avoir voté à Madrid le 28 mai 2023 lors des élections locales et régionales (Photo, AFP).
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'entretient avec les médias après avoir voté à Madrid le 28 mai 2023 lors des élections locales et régionales (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mai 2023

Espagne: Pedro Sánchez crée la surprise en convoquant des législatives anticipées

  • Ces élections se tiendront donc durant le semestre de présidence espagnole du Conseil européen, qui commencera le 1er juillet
  • Lors d'une allocution télévisée, M. Sanchez a annoncé avoir communiqué au roi Felipe VI, le chef de l'Etat, sa «décision de dissoudre le Parlement»

MADRID: Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a convoqué lundi des élections législatives anticipées le 23 juillet en Espagne, un pari risqué pour tenter de se maintenir au pouvoir après la victoire sans appel des conservateurs lors d'un double scrutin municipal et régional dimanche.

La mine grave, M. Sanchez a annoncé avoir communiqué au roi Felipe VI, le chef de l'Etat, sa décision de "dissoudre le Parlement et de procéder à la convocation d'élections générales". 

Ces élections auront lieu "le dimanche 23 juillet", soit durant le semestre de présidence espagnole du Conseil européen qui commence le 1er juillet, a ajouté le socialiste, au pouvoir depuis 2018.

"J'ai pris cette décision à la vue des résultats des élections d'hier", a dit M. Sánchez, alors que les législatives devaient initialement se tenir à la fin de l'année, à une date qui n'avait pas encore été fixée.

"Comme président du gouvernement et comme secrétaire général du Parti socialiste, j'assume (la responsabilité des) résultats et je pense qu'il est nécessaire de donner une réponse et de soumettre notre mandat démocratique à la volonté populaire", a-t-il encore dit.

Fragilisé par l'usure du pouvoir et la baisse du pouvoir d'achat des Espagnols, le socialiste a subi un revers cuisant lors des municipales et des régionales de dimanche que les conservateurs du Parti Populaire (PP) avaient voulu transformer en référendum anti-Sánchez.

Devancé depuis des mois dans les sondages par le PP, son image a également souffert des tensions récurentes entre les socialistes et leurs partenaires de Podemos (gauche radicale) au sein du gouvernement. Il a été également été critiqué, parfois jusque dans son camp, pour ses alliances avec les indépendantistes catalans ou basques.

Espagne: Pedro Sánchez, un habitué des coups de poker politiques

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a démontré son goût pour les coups de poker au cours d'une carrière en forme de montagnes russes.

Fragilisé par cinq années de pouvoir mouvementées, entre crise sanitaire et turbulences économiques liées à la guerre en Ukraine, ce socialiste de 51 ans a pris l'Espagne de court en convoquant lundi des élections générales le 23 juillet, un peu plus de quatre mois avant la date attendue.

Un pari perçu comme risqué au vu de la déconfiture subie dimanche par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et ses alliés lors d'un double scrutin municipal et régional, mais cohérent avec la stratégie suivie depuis toujours par cet économiste de formation.

"L'alternative, c'était six mois d'hémorragie pour le gouvernement", observe Oriol Bartomeus, politologue à l'Université autonome de Barcelone. Dans ce contexte, il "a préféré jouer le tout pour le tout", ajoute le chercheur, jugeant ce choix "typique" du Premier ministre.

Derrière cette décision, "il y a un calcul stratégique" car les socialistes peuvent encore espérer "se maintenir à un niveau" correct fin juillet, alors que le résultat aurait sans doute "été pire s'ils avaient attendu quatre mois" de plus, complète Paloma Román, de l'Université Complutense de Madrid.

Ténacité 

Passé du statut de jeune député inconnu à celui de chef du plus ancien parti d'Espagne en 2014 puis de chef du gouvernement en 2018, Pedro Sánchez a connu une carrière politique en forme de montagnes russes.

Né le 29 février 1972 à Madrid dans une famille aisée, il avait été donné pour politiquement mort après avoir essuyé en 2015 et 2016 les pires résultats électoraux de l'histoire du PSOE.

Démis de la tête du parti par ses caciques, cet ancien joueur de basket amateur d'1 mètre 90 était parvenu à rebondir en se faisant réélire contre toute attente en mai 2017 par les militants, après avoir sillonné l'Espagne dans sa voiture personnelle.

Cette ténacité lui a ensuite permis de prendre la tête du gouvernement lors d'un nouveau coup de poker le 1er juin 2018. Rassemblant derrière son nom les voix de l'ensemble de la gauche et des indépendantistes et nationalistes basques et catalans, il renverse alors le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption.

"C'est un responsable politique habitué de ce style de décisions", souligne Oriol Bartomeus. "Jusqu'à présent, ça lui a plutôt réussi. Mais désormais, la situation s'annonce plus compliquée", le Premier ministre étant affaibli par l'exercice du pouvoir, ajoute le politologue.

Profil international 

Encarté au PSOE depuis l'adolescence, Pedro Sánchez a dû jouer les équilibristes pour se maintenir au pouvoir depuis cinq ans.

Sa majorité fragile, baptisée "Frankestein" par ses détracteurs, explose en février 2019, l'obligeant à convoquer un scrutin anticipé puis un deuxième quelques mois plus tard, faute de soutiens suffisants pour être investi.

Forcé à un mariage de raison début 2020 avec la gauche radicale de Podemos, qui a fait grincer des dents jusque dans son camp, ce père de deux adolescentes, titulaire d'un doctorat obtenu dans une université privée, a fait passer un vaste éventail de réformes nettement ancrées à gauche.

Le Premier ministre, qui avait marqué les esprits dès son entrée au palais de la Moncloa en nommant le gouvernement le plus féminin de l'histoire du pays, a augmenté d'un tiers le salaire minimum en cinq ans et fait voter une réforme du travail destinée à réduire la précarité.

Arrivé au pouvoir après la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, il est parvenu à renouer le dialogue avec les indépendantistes, au prix de concessions inacceptables selon l'opposition de droite. Il a fait voter une loi réhabilitant la mémoire des victimes du régime du dictateur Francisco Franco (1939-1975), dont la dépouille a été exhumée du mausolée pharaonique dans lequel elle reposait près de Madrid.

A l'aise en anglais, cet ancien membre du cabinet du haut représentant de l'Onu en Bosnie, président de l'Internationale socialiste (IS) depuis l'an dernier, a par ailleurs tout fait pour accroître la visibilité de l'Espagne sur la scène internationale.

«Tourner la page»

"Le message reçu hier soir a été très clair, il faut faire les choses autrement", a commenté la numéro trois du gouvernement, la ministre communiste du Travail Yolanda Diaz, représentante au sein de l'exécutif de la gauche radicale, dont les résultats ont été particulièrement mauvais dimanche.

Sur les 10 régions gouvernées par les socialistes, directement ou dans le cadre d'une coalition, qui étaient en jeu dimanche, le Parti Populaire en a conquis six.

Il s'est par ailleurs renforcé dans ses deux bastions régionaux de Madrid et de Murcie (sud-est) et a pris à la gauche les mairies de Valence et de Séville (sud), troisième et quatrième villes du pays.

"L'Espagne veut, selon moi, tourner la page" et a "entamé un renouvellement (politique) qui ne s'arrêtera pas", a lancé lundi le chef du PP, Alberto Núñez Feijóo, en appelant les Espagnols à faire de lui "le prochain chef du gouvernement de l'Espagne".

Le parti de droite aura toutefois besoin du soutien de Vox, un parti d'extrême droite, pour pouvoir gouverner dans la quasi-totalité des régions qu'il a conquises dimanche, mais aussi - selon les sondages - au niveau national après les législatives s'il les remportent.

Une équation problématique pour le PP, qui essaie de projeter une image modérée et qui a été déjà embarrassé par les prises de position de la formation ultranationaliste en Castille-et-León, la seule région où les deux formations gouvernent ensemble.

Selon les analystes, la convocation de ces législatives anticipées est un énième coup de poker de Pedro Sánchez, arrivé au pouvoir à la faveur d'une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy après la condamnation en justice du PP dans un méga-procès pour corruption.

"Il tente le tout pour le tout" car "la seule alternative était (d'assister à) six mois d'hémorragie du gouvernement", analyse Oriol Bartomeus, politologue à l'Université autonome de Barcelone.

Pour Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo, le Premier ministre socialiste veut avant tout essayer de "limiter les dégâts" après les "résultats désastreux" de dimanche.

Il pense également pouvoir tirer profit de la peur de l'extrême droite et "mobiliser les électeurs de gauche contre un potentiel gouvernement PP-Vox au niveau national", au moment même où ces deux formations négocieront la formation d'exécutifs dans plusieurs régions espagnoles, ajoute l'expert.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.