Yémen: Les commerçants dénoncent le harcèlement des Houthis

Un vendeur yéménite en attente de clients sur le marché de la vieille ville de la capitale Sanaa, au Yémen (Photo, AFP).
Un vendeur yéménite en attente de clients sur le marché de la vieille ville de la capitale Sanaa, au Yémen (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mai 2023

Yémen: Les commerçants dénoncent le harcèlement des Houthis

  • Les Houthis sont critiqués pour avoir «saisi des véhicules chargés de marchandises sans justification légale et les avoir vendus par la force»
  • Les commerçants yéménites affirment que l'action des Houthis a endommagé leurs marchandises et leur a fait perdre des millions de dollars.

AL-MUKALLA : Deux grandes organisations chapeautant les hommes d'affaires yéménites ont accusé les Houthis, soutenus par l'Iran, de harceler les commerçants dans les zones qu'ils contrôlent en imposant des taxes illégales, en confisquant leurs produits et en utilisant d'autres moyens.

Dans une déclaration ferme, la Fédération des chambres de commerce et d'industrie du Yémen et la Chambre de commerce et d'industrie de Sanaa se sont plaintes que le ministère de l'Industrie et du Commerce des Houthis ait fermé des entreprises sans justification légale, saisi des véhicules transportant des marchandises pour des commerçants dans les zones contrôlées par les Houthis, manipulé et même vendu ces marchandises par la force, et imposé une liste de prix des articles sans consulter les commerçants.

Les deux organisations ont critiqué les Houthis pour avoir «saisi des véhicules chargés de marchandises sans justification légale, les avoir ouverts de force, s'être débarrassés des marchandises et les avoir vendues de manière coercive».

Des dizaines de camions transportant des produits vitaux, comme la farine, sont restés bloqués devant les points de contrôle à Al-Bayda, Taiz et Sanaa, les Houthis ayant interdit aux entreprises yéménites d'importer des marchandises. Les commerçants yéménites affirment que l'action des Houthis a endommagé leurs marchandises et leur a fait perdre des millions de dollars.

En plus d'entraver la circulation de leurs marchandises, les Houthis ont imposé des prix fixes aux commerçants qu’ils n’ont pas ajustés, même après la guerre en Ukraine, lorsque les marchandises importées étaient facturées à des prix plus élevés.

Ils ont également mis des mois à délivrer de nouvelles licences commerciales ou à renouveler celles qui existaient déjà.

Les commerçants ont qualifié les actions du ministère houthi «d’épée de Damoclès» et ont averti qu'elles forceraient des entreprises à faire faillite et d'autres à abandonner leurs communautés.

Commerce en péril

«Ces pratiques entraînent des pertes et des destructions pour les entreprises nationales et sont considérées comme une catastrophe économique qui affectera le secteur économique et l'équilibre du marché», ont indiqué les commerçants yéménites dans leur communiqué.

Ces pratiques «conduiront à la suspension des importations et à la perturbation des stocks stratégiques du pays, et leur poursuite entraînera la migration du capital national vers une sécurité commerciale et économique», ajoute le communiqué.

Les économistes yéménites affirment que le secteur privé yéménite, qui a toujours évité les conflits avec les Houthis, a décidé de réagir cette fois-ci, car les mesures qu’ils appliquent menacent de mettre fin à leurs activités.

«La formulation de cette déclaration indique que les pratiques, les violations et les procédures (des Houthis) ont atteint un niveau qui met en péril le secteur privé et le capital national, ainsi que les groupes d'affaires importants qui opèrent au Yémen depuis des décennies», a déclaré Moustafa Nasr, directeur du Centre d'études et de médias économiques, à Arab News.

«Il semble que la situation soit devenue incontrôlable et que le secteur privé ne puisse plus rester muet.»

Les Yéménites pensent que les Houthis harcèlent le secteur privé dans les zones qu'ils contrôlent afin de permettre à leur propre secteur naissant de se développer et de prospérer. 

En mars, les Houthis ont enlevé Abdallah Ahmed Al-Houtheily, propriétaire d'une grande entreprise de transport de pétrole, de logistique et de services liés au pétrole basée à Sanaa, pour avoir prétendument enfreint leur interdiction de travailler dans les champs pétrolifères contrôlés par le gouvernement.

Toutefois, selon d'autres journalistes et économistes yéménites, malgré leur ressentiment croissant à l'égard des mesures prises par les Houthis à Sanaa et dans d'autres villes sous leur contrôle, les hommes d'affaires ne délocaliseraient pas leurs activités dans les zones contrôlées par le gouvernement parce que la majorité de leurs clients se trouvent dans les provinces contrôlées par les Houthis et que le gouvernement yéménite d'Aden ne propose aucune incitation.

«À l'heure actuelle, il est difficile pour un commerçant de quitter Sanaa pour se rendre à Aden, car plus de 80 % de la population yéménite vit dans les territoires contrôlés par les Houthis», a déclaré à Arab News Fatehi ben Lazerq, rédacteur en chef du journal Aden Al-Ghad.

Il a ajouté que la hausse de 50 % du taux de change du dollar américain décidée par le gouvernement yéménite, ainsi que les problèmes de sécurité, dissuaderaient les entreprises de s'installer à Aden.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.

 


Trump s'entretient avec Sissi des Houthis et de Gaza

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
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  • Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen
  • Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé"

WASHINGTON: Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé".

"Nous avons abordé de nombreux sujets, notamment les progrès militaires considérables que nous avons réalisés contre les Houthis au Yémen qui détruisent les navires", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Il n'a pas précisé quand cet appel a eu lieu.

Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen.

Rapidement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d'attaques de missiles contre Israël et en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël.

Le président américain a également dit avoir discuté avec le dirigeant égyptien de "Gaza et des solutions possibles, de l'état de préparation militaire, etc".

Israël a repris sa campagne militaire le 18 mars avec d'intenses bombardements et une nouvelle offensive au sol, rompant deux mois de trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien.

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".