SINGAPOUR : Un tribunal de Singapour a ordonné vendredi à Credit Suisse de verser 926 millions de dollars à l'ancien Premier ministre géorgien et milliardaire Bidzina Ivanishvili pour avoir échoué à protéger ses actifs, un nouveau revers pour la banque en faillite récemment rachetée par UBS.
Le tribunal de commerce international de Singapour a tranché en faveur de M. Ivanishvili, qui impute à la banque suisse des pratiques frauduleuses lui ayant causé d'importantes pertes financières. L'ancien Premier ministre (2012-2013) a également engagé des poursuites contre Credit Suisse en Nouvelle-Zélande et aux Bermudes.
Selon le tribunal, Credit Suisse a failli à son obligation d'éviter que les actifs de M. Ivanishvili soient affectés par les transactions frauduleuses d'un ancien conseiller financier de la banque, Patrice Lescaudron, condamné en Suisse à cinq ans de prison en 2018 pour fraude et usage de faux.
Credit Suisse a annoncé faire appel de la décision. "Le jugement publié aujourd'hui est erroné et soulève d'importants problèmes légaux", a indiqué la banque dans un communiqué.
Credit Suisse avait pris contact avec M. Ivanishvili fin 2004 pour lui proposer de gérer sa fortune juste après que le milliardaire géorgien et un de ses partenaires eurent vendu un complexe métallurgique basé en Russie pour 1,6 milliard de dollars.
M. Ivanishvili avait accepté de confier à Credit Suisse la gestion de plus d'un milliard de dollars placé dans un trust mis en place en 2005 pour gérer des actifs et sa future succession, a indiqué le jugement.
Selon le tribunal, Patrice Lescaudron avait toutefois alloué plusieurs millions de dollars issus de ces fonds à d'autres investissements jusqu'à ce que ses agissements frauduleux soient mis au jour en 2015.
Dans sa décision, la juge Patricia Bergin a évalué à 926 millions de dollars le montant des indemnisations que devra verser la banque, auquel devraient être retranchés près de 80 millions de dollars aux termes d'un compromis.
L'oligarque russe Vitaly Malkin a lui aussi engagé des poursuites contre Credit Suisse pour des pertes de 500 millions de francs suisses (491 millions d'euros) attribuées aux agissements frauduleux de Patrice Lescaudron.
Fragilisé par des scandales à répétition et des revers de gestion, Credit Suisse a été absorbée mi-mars par son sa rivale helvétique UBS afin d'éviter la banqueroute.