RAMALLAH: Le gouvernement israélien d’extrême droite a été accusé jeudi de profiter des fêtes juives pour transformer la crise palestinienne en un conflit religieux.
Tels sont les propos tenus par le président du Conseil national palestinien, Rauhi Fattouh, dans un entretien accordé à Arab News, au moment où les autorités israéliennes ont fermé les points de passage de Kerem Shalom et d’Erez avec la bande de Gaza de jeudi à dimanche sous prétexte de célébrer les fêtes juives.
Jeudi, des colons juifs ont pratiqué des rituels collectifs dans les cours de la mosquée Al-Aqsa. M. Fattouh a critiqué cette action, qu’il voit comme une tentative pour transformer cette zone en un lieu de culte pour les juifs.
Des Palestiniens de Jérusalem ont déclaré que les autorités israéliennes avaient empêché les fidèles d’entrer à la mosquée Al-Aqsa depuis mercredi soir et pendant toute la journée de jeudi, ce qui, selon eux, se produit lors de toutes les célébrations juives.
Des dizaines de colons ont pris d’assaut l’enceinte d’Al-Aqsa jeudi sous la protection de la police israélienne, accomplissant des rituels talmudiques aux portes de la mosquée.
Les forces armées israéliennes ont également lancé une campagne massive d’arrestations et de raids contre les maisons des citoyens dans les villes de Cisjordanie, rassemblant dix-sept Palestiniens.
Huit citoyens ont été blessés lors du raid de l’armée israélienne jeudi à l’aube sur le camp d’Aqabat Jaber, à Jéricho.
Les forces armées ont également averti les propriétaires de dix-sept installations agricoles, maisons mobiles, routes et lignes du réseau électrique de la ville d’arrêter la construction à Aqraba, au sud de Naplouse.
Citant la violence des colons comme principale raison, cent soixante-dix-huit personnes, dont soixante-dix-huit enfants, ont commencé jeudi à quitter leurs maisons dans la communauté pastorale palestinienne d’Ein Samiya, à l’est de Ramallah.
«Ces familles ne partent pas par choix», indique Yvonne Helle, coordinatrice de l’action humanitaire par intérim des Nations unies dans les territoires palestiniens occupés.
«Les autorités israéliennes ont démoli à plusieurs reprises des maisons et d’autres structures qu’elles possèdent et elles ont menacé de détruire leur seule école», ajoute-t-elle.
«Par ailleurs, les terres disponibles pour le pâturage ont diminué en raison de l’expansion des colonies.»
«Les enfants et les adultes ont été exposés à la violence des colons.»
La coordinatrice poursuit: «Nous assistons aux conséquences tragiques des pratiques israéliennes et de la violence des colons depuis longtemps.»
Les démolitions répétées, l’expansion des colonies, la perte d’accès aux pâturages et la violence des colons continuent de susciter des inquiétudes quant à l’environnement coercitif auquel les Palestiniens sont soumis, ce qui entraîne une augmentation des troubles humanitaires.
Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, décrit le déplacement par les autorités israéliennes des habitants d’Ein Samiya et les plans de déplacement qui affectent environ deux cent cinquante communautés le long du versant oriental de la Cisjordanie comme une forme de nettoyage ethnique.
Ces actions s’inscrivent dans une politique systématique d’expansion par laquelle les autorités d’occupation israéliennes visent à s'emparer des terres palestiniennes pour étendre leurs colonies.
M. Shtayyeh souligne que les habitants des villages palestiniens ciblés vivent désormais dans la peur. Ils craignent les soldats de l’occupation et les colons.
Les colons de la colonie de Karmi Zur, près d’Hébron, ont détruit 5 000 mètres carrés plantés au sud de Beit Ommar en les aspergeant de pesticides toxiques, ce qui a détruit toute la récolte.
Ils ont également attaqué des maisons palestiniennes dans le village de Barqa, au nord-ouest de Naplouse, et ils ont incendié des bergeries ainsi que des oliveraies.
Ils ont tiré à balles réelles sous la protection de l’armée israélienne tandis que des bulldozers rasaient des terres qui appartiennent à des Palestiniens.
Moustafa Barghouti, secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne, déclare à Arab News que ce qui se passe actuellement fait partie d’une guerre israélienne qui vise à briser la résistance palestinienne et à renforcer le plan de l’occupation d’annexer et de judaïser la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
M. Barghouti confie que «ce qui s’est passé à Ein Samiya […] nous rappelle les massacres israéliens commis contre les Palestiniens en 1948».
Il soutient que les dirigeants palestiniens doivent répondre à ces défis sans plus tarder, unir les Palestiniens et prendre des mesures efficaces pour arrêter la perpétuation de la violence.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com