À Cannes, fin de la compétition avec «The Old Oak» de Ken Loach en guise d'adieu

Le réalisateur britannique Ken Loach lève le poing lors d'un photocall pour le film «Sorry We Missed You» lors de la 72e édition du Festival de Cannes, le 17 mai 2019 (Photo, AFP).
Le réalisateur britannique Ken Loach lève le poing lors d'un photocall pour le film «Sorry We Missed You» lors de la 72e édition du Festival de Cannes, le 17 mai 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 26 mai 2023

À Cannes, fin de la compétition avec «The Old Oak» de Ken Loach en guise d'adieu

  • Dernière ligne droite au Festival de Cannes, où deux films doivent encore être projetés vendredi
  • Vendredi, le Britannique Ken Loach (86 ans), doyen de la compétition, est attendu sur la Croisette avec «The Old Oak», présenté comme son ultime long-métrage

CANNES: Jamais deux sans trois ? Dernière ligne droite au Festival de Cannes, où deux films doivent encore être projetés vendredi, dont celui du double palmé Ken Loach, avant que le jury ne se retire pour décerner samedi soir la Palme d'Or.

Cette 76e édition a déjà été marquée par le retour des stars hollywoodiennes et la présence record de réalisatrices.

Vendredi, le Britannique Ken Loach (86 ans), doyen de la compétition, est attendu sur la Croisette avec "The Old Oak", présenté comme son ultime long-métrage. Avec une question: deviendra-t-il le premier réalisateur à décrocher pour la troisième fois la récompense suprême du plus grand festival de cinéma au monde ?

Témoin impitoyable de son époque, droit dans ses bottes et ses convictions (très à gauche) depuis ses débuts, il a remporté sa première Palme en 2006 avec "Le vent se lève" et la seconde en 2016 avec "Moi, Daniel Blake".

"Sorry We Missed You", son dernier film, avait aussi été présenté en compétition à Cannes en 2019.

L'intrigue de "The Old Oak" se déroule dans un village en déshérence d'anciens mineurs de charbon, que des réfugiés syriens tentent de réveiller. Au centre du village et de l'intrigue, l'avenir incertain du dernier pub, The Old Oak.

Le Britannique partagera les marches vendredi avec l'Italienne Alice Rohrwacher. Pour la troisième fois en compétition, elle présentera "La Chimera", sur un jeune archéologue mêlé à un groupe de pilleurs de tombes dans l'Italie des années 80.

«Anatomie d'une chute»

La cinéaste de 41 ans avait reçu le Grand prix du festival en 2014 avec "Les Merveilles", avant de recevoir, quatre ans plus tard, le prix du scénario ex aequo pour "Heureux comme Lazzaro". En 2019, elle avait été membre du jury présidé par le réalisateur Alejandro González Iñárritu.

Avec trois réalisateurs italiens en compétition cette année – Marco Bellocchio (83 ans), Nanni Moretti (69 ans) et elle-même – le 7e art transalpin a fait la démonstration de sa vitalité.

Qui succèdera à Ruben Östlund, Palme d'or l'an dernier avec "Sans filtre" ? A ce stade, Aki Kaurismäki fait la course en tête avec "Les feuilles mortes", selon le magazine professionnel Screen qui compile des critiques de la presse internationale.

Le Finlandais, expert du spleen, a reçu un accueil extrêmement élogieux avec sa romance minimaliste aux accents baudelairiens entre deux âmes esseulées, dans une Finlande ouvrière et pluvieuse.

L'auteur du "Havre" et de "l'Homme sans Passé" y narre la rencontre improbable entre une caissière de supermarché licenciée pour le vol d'un sandwich et un homme alcoolique. Épure de la mise en scène, humour pince-sans-rire des situations et sens du décalage, Kaurismäki, est à son meilleur dans ce film, l'un des rares à avoir été applaudis lors des séances de presse.

21 longs-métrages sont en lice

L'autre grand favori est le film de la Française Justine Triet, "Anatomie d'une chute". Dense et rythmé, il dresse le portrait d'une femme accusée d'avoir tué son mari. Castratrice diabolique ou victime ? Au spectateur de trancher.

Dans le rôle-titre: l'Allemande Sandra Hüller, également présente dans "The Zone of Interest" du Britannique Jonathan Glazer.

Autre coup de cœur des festivaliers, "May December", du réalisateur américain Todd Haynes. Un film sur les faux-semblants et le déni d'une relation interdite entre un mineur et une adulte avec Julianne Moore et Natalie Portman.

Au total, 21 longs-métrages sont en lice cette année. Sept sont réalisés par des femmes, dont la benjamine de la compétition Ramata-Toulaye Sy, 36 ans.

Après avoir visionné les derniers films, le jury se retirera dans une villa pour délibérer samedi, et annoncer le palmarès en début de soirée. Aux côtés de Ruben Östlund, l'acteur français Denis Ménochet, la réalisatrice française Julia Ducournau, Palme d'or 2021 ou encore le réalisateur argentin Damian Szifron.


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).