BEYROUTH: L'homme politique libanais Walid Joumblatt a annoncé sa démission soudaine de la tête du Parti socialiste progressiste jeudi.
Leader druze de premier plan, Joumblatt a dirigé un parti qui occupe une position centrale dans la vie politique libanaise depuis sa création en 1949.
Dans son annonce, Joumblatt a appelé à la tenue d'une réunion électorale générale le 25 juin, conformément aux dispositions des statuts et du règlement intérieur du parti.
Il a chargé le secrétariat général de mener à bien les préparatifs nécessaires, notamment l'envoi des notifications concernant les demandes de nomination et les dates limites de retrait, ainsi que toutes les conditions liées au processus électoral.
En outre, le secrétariat préparera les listes des membres de la réunion et enverra les invitations.
La décision de Joumblatt est inhabituelle, car les dirigeants ne quittent généralement pas volontairement leurs fonctions. La plupart des dirigeants qui ont participé à la guerre civile libanaise ont continué à occuper les postes politiques qu'ils avaient pris après la guerre.
Joumblatt a hérité de la direction du parti de son père, Kamal Joumblatt, assassiné le 16 mars 1977. Il a dirigé le parti pendant les phases les plus sombres de la guerre civile libanaise.
Actuellement, le Parti socialiste progressiste est représenté au parlement libanais par le bloc du Rassemblement démocratique, dirigé par le fils de Joumblatt, le député Taymour Joumblatt, et est composé de neuf députés.
Taymour assumera probablement la présidence du Parti socialiste progressiste à l'issue des élections.
Druze et socialiste Walid Joumblatt sensible aux symboles
En 2017, à l'occasion de la commémoration du fondateur du Parti socialiste progressiste, Kamal Joumblatt, Walid Joumblatt a pris la décision symbolique de passer le flambeau à son fils en le revêtant de l'abaya traditionnelle.
Il s'agissait d'un geste social, suivi d'un geste politique signifiant le transfert progressif de la direction des Druzes à son fils en 2022.
Ces dernières semaines, des rapports ont fait état de divergences d'opinion entre Walid Joumblatt et son fils Taymour concernant l'approche à adopter pour l'élection du prochain président.
Le Liban traverse une grave crise politique, le parlement n'ayant pas réussi à élire un nouveau président lors des 11 sessions électorales organisées depuis septembre 2022.
Ces élections visent à remplacer Michel Aoun, dont le mandat s'est achevé en octobre 2022. Le Liban entame son septième mois sans président.
Selon un observateur politique, Joumblatt a adopté une position modérée lors des élections présidentielles, envisageant la possibilité d'accepter le candidat soutenu par le Hezbollah, Sleiman Frangié, le chef du mouvement Marada.
«Cependant, le député Taymour Joumblatt rejette ce candidat et préconise de nouvelles approches. Il insiste sur la nécessité d'un changement de leadership et de performance politique au Liban», a-t-il indiqué.
Joumblatt a nié tout différend avec son fils et a exprimé son désir de «laisser la place à la nouvelle génération». «Je fais désormais partie de l'histoire et du passé, tandis que l'avenir appartient à Taymour et à sa vision», a-t-il ajouté.
«La démission de Joumblatt est un mouvement organisationnel interne et une étape naturelle du processus électoral», a déclaré Zafer Nasser, secrétaire général du Parti socialiste progressiste, à Arab News.
Interrogé sur le fait de savoir si les membres du parti ramèneraient Joumblatt à la présidence du parti ou si son fils Taymour hériterait de la présidence, Nasser a clarifié : «La semaine prochaine, nous ouvrirons la porte aux nominations et nous verrons qui se présentera. Je comprends qu'il y ait beaucoup de questions, mais je n’ai pas de réponses pour l'instant. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il s'agit d'une étape organisationnelle et que nous ne voulons pas brûler les étapes.»
Nasser a réitéré la déclaration de Joumblatt selon laquelle il n'y a pas de divergence politique entre son fils et lui.
La démission de Joumblatt signifie-t-elle qu'il se retire de la vie politique? «La démission ne signifie pas du tout qu'il se retire du travail politique», assure Nasser.
Joumblatt est connu pour son opposition au régime syrien, surtout à la suite de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005.
Il a été l'un des fondateurs de l'alliance du 14 mars et a participé à la révolution du Cèdre contre la domination syrienne sur le Liban.
Joumblatt s'est également associé au leader du mouvement Amal, Nabih Berri, lors du soulèvement du 6 février 1984 à Beyrouth, qui a entraîné l'effondrement de l'accord du 17 mai entre le Liban et Israël.
Il est devenu député en 1991 après avoir signé l'accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre civile.
Joumblatt a occupé divers postes ministériels, notamment ceux de ministre des Travaux publics, du Tourisme et des Affaires des migrants.
Il a également témoigné devant le Tribunal spécial pour le Liban, chargé d'enquêter sur l'assassinat de Hariri. Son témoignage a été considéré comme directement lié à l'opération d'assassinat et aux raisons présumées qui ont motivé un tel acte.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com