BEYROUTH: Le Premier ministre libanais sortant Najib Mikati a condamné les exercices militaires à balles réelles du Hezbollah, mettant en garde contre toute action qui «porte atteinte à l'autorité et à la souveraineté de l'État».
Ces propos répondaient à une question de Joanna Wronecka, coordinatrice spéciale des États-Unis pour le Liban, concernant la manœuvre du Hezbollah, qui s'est déroulée dimanche dans le sud du Liban.
L'exercice comprenait des démonstrations d'armes lourdes, de missiles et de drones.
«La question des armes du Hezbollah en particulier est liée à une réalité qui nécessite un consensus national global et doit être une priorité pour la phase à venir», a déclaré M. Mikati.
Il a ajouté que le gouvernement se concentrait sur le maintien de la sécurité sur tout le territoire libanais et sur la prévention des actions qui menacent la stabilité.
M. Mikati a également rappelé la coopération entre l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) dans la zone opérationnelle de la mission de l'ONU, soulignant l'engagement du Liban à l'égard de la résolution 1701.
Il a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à instaurer un cessez-le-feu permanent dans le sud du pays et à contraindre Israël à mettre fin à ses violations de la souveraineté libanaise.
«Ce qui compte pour nous, c'est la stabilité du Liban, et nous encourageons toujours l'élection sans délai d'un nouveau président pour soutenir le Liban et son peuple», a indiqué Mme Wronecka dans un communiqué.
La manœuvre militaire du Hezbollah, organisée à l'approche de l'anniversaire de la libération du Sud-Liban de l'occupation israélienne, s'est déroulée dans un camp militaire appartenant au parti chiite dans la région d'Aaramta, au nord du fleuve Litani, à l'extérieur de la zone opérationnelle de la Finul.
La manœuvre a suscité l'indignation des opposants du Hezbollah et soulevé des questions sur les objectifs du groupe, d'autant plus qu'elle a eu lieu le lendemain de la conclusion du sommet de la Ligue arabe à Djeddah.
Des journalistes libanais et étrangers ont pu assister à la manœuvre, mais les communications dans la zone ont été interdites afin d'empêcher les prises de vue et les diffusions non autorisées.
Samir Geagea, chef du parti des Forces libanaises, a fermement condamné l'exercice, déclarant qu'il «rejetait complètement» la manœuvre.
Il a ajouté que l'exercice du Hezbollah sapait les efforts de la population libanaise, qui «travaille jour et nuit pour reconstruire son État et regagner la confiance des Arabes et de la communauté internationale dans le pays».
M. Geagea a affirmé que les actions du Hezbollah démontrent son indifférence à l'égard des événements dans la région, car le parti maintient la même stratégie depuis vingt ans.
Il a décrit la manœuvre comme un «acte irréfléchi» qui ne ferait que nuire au Liban et saper l'aspiration de son peuple à la création d'un véritable État. Cet exercice aura également un impact négatif sur les récents progrès réalisés dans la région arabe et ne profitera en fin de compte qu'à Israël.
Dans un communiqué commun, le Conseil national contre l'occupation iranienne et la Rencontre de Saydet el-Jabal ont déclaré que la manœuvre semblait mettre à l'écart le rôle de l'armée libanaise et la résolution 1701.
L'exercice a eu lieu moins d'un mois après une visite du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dans le sud du pays, où il a affirmé que l'Iran, par l'intermédiaire du Hezbollah, était actif à la frontière israélienne, ajoute la déclaration.
Les deux groupes ont mis en garde contre les intentions du Hezbollah de révéler, tant au niveau national qu'international, son intention de tirer parti des changements rapides dans la région pour renforcer sa domination au Liban, en particulier dans la bataille présidentielle.
L'exercice a été conçu pour intimider les nouveaux dirigeants potentiels, selon le communiqué.
Malgré l'attention portée à la manœuvre du Hezbollah, l'affaire du gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, poursuivi en justice en Europe, continue de faire couler de l'encre.
Lundi, le premier juge d'instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra, a chargé deux unités des Forces de sécurité intérieure de Beyrouth et du Mont-Liban de notifier à Raja Salamé, le frère du gouverneur, et à Marianne Hoayek, son assistante, les dates de leurs interrogatoires devant un tribunal de Paris, le 31 mai et le 13 juin, respectivement.
Riad Salamé n’a pas comparu devant le tribunal de Paris lors de la séance prévue le 16 mai, car il était indisponible pour la réception de la notification, comme l'exige la loi libanaise.
Par conséquent, la justice française a émis un mandat d'arrêt à l'encontre de M. Salamé par le biais d'une notice rouge d'Interpol, transmise au Liban vendredi dernier.
L'ancien procureur général Hatem Madi a déclaré à Arab News que la note de la justice française n'avait aucun effet juridique au Liban.
Il a ajouté qu'il était impossible d'exécuter un mandat d'arrêt international contre un citoyen libanais et de l'extrader vers la France.
«Cependant, si un citoyen libanais est soupçonné, il doit être interrogé et un procès doit être intenté contre lui au Liban», a-t-il indiqué.
M. Madi a déclaré que la non-exécution du mandat international ne signifiait pas que M. Salamé avait échappé à la justice.
Le député réformiste Elias Jarada a critiqué le traitement de l'affaire judiciaire de Riad Salamé par certains juges libanais, les accusant de négligence et de contribuer à l'action de la justice française.
Il a affirmé qu'une décision délibérée avait été prise au sein de la classe politique qui contrôle le pouvoir judiciaire pour empêcher l'arrestation de M. Salamé, par crainte que l'ancien gouverneur ne les implique dans des scandales financiers.
Selon M. Jarada, le fait que M. Salamé n'ait pas été notifié de la séance du 16 mai devant la juge française Aude Buresi est «insultant».
Il a appelé la justice libanaise à poursuivre le gouverneur pour les accusations portées contre lui devant la justice française, conformément au Code Pénal.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com