BEYROUTH: La Banque mondiale a rejeté un appel du Liban, pays touché par la crise, à subventionner les médicaments, malgré les avertissements selon lesquels les stocks de médicaments vitaux s’épuisent.
Le président de la commission parlementaire de la santé publique, le député Assem Araji, s’est entretenu vendredi, via visioconférence, avec des représentants de la Banque mondiale dans le but d’obtenir un soutien financier supplémentaire et de garantir la stabilité des produits médicaux au Liban.
Cependant, la Banque mondiale a indiqué clairement qu’ « aucune aide ne sera fournie au Liban sans réformes immédiates du gouvernement », a expliqué M. Araji.
Cette réunion importante fait suite à un avertissement par la Banque Centrale du Liban(BDL) selon lequel le pays sera incapable, à cause de l’épuisement des réserves, de subventionner les produits essentiels, tels que les médicaments, la farine et le carburant au-delà du début de l’année 2021.
Les Libanais sont de plus en plus préoccupés par le fait que le prix des médicaments montera en flèche en raison de la forte dévaluation de la monnaie locale.
Les responsables de la santé ont affirmé que cette pénurie de médicaments a été aggravée par les achats de panique et l’accaparement provoqués par l’avertissement de la BDL.
M. Araji a mentionné que les établissements de santé risqueraient de s’effondrer s’il y a un arrêt des subventions sur les médicaments.
« Nous serons confrontés à une catastrophe si les subventions sur les médicaments essentiels sont retirées. Notre situation est très triste, et nous nous dirigeons vers une crise majeure », a-t-il déploré.
La position radicale de la Banque mondiale fait partie de la pression internationale croissante sur les politiciens libanais pour former un gouvernement capable de mettre en œuvre des réformes urgentes.
Samedi, le Coordinateur des Nations-Unies au Liban, Jan Kubis, a rappelé aux dirigeants sur Twitter qu’il est nécessaire d’entreprendre des « réformes qui rétabliront la confiance des Libanais et de la communauté internationale ».
Les autorités préviennent que, sans fin en vue de l’impasse politique, le Liban tombera dans une catastrophe économique, financière et sociale.
Le député du bloc du Futur, Mohammed Al-Hajjar, a déclaré à Arab News : « Nous ignorons où mènera la pression internationale. Le Premier ministre Hariri veut former un gouvernement en accord avec l’initiative française et cette décision a été approuvée par tous. Mais s’il n’y a pas d’accord, le pays se dirige vers le chaos ».
M. Al-Hajjar a mentionné que M. Hariri avait promis d’être franc avec les Libanais, ajoutant que « certains partis évoquent toujours la logique des quotas ».
Toutefois, le Courant patriotique libre (CPL) a indiqué, après une réunion de son conseil politique samedi, que M. Hariri « est responsable du retard dans la formation du gouvernement ».
Le CPL a insisté qu’il « continuera à se battre pour un audit juricomptable des comptes de la BDL ».
Le député du bloc du Liban fort, Alain Aoun, a souligné que « les éléments de base dans la formation du gouvernement ne peuvent pas être négligés ».
La désignation des ministres et l’élection de portefeuilles ministériels est un « processus participatif », a-t-il ajouté.
Selon M. Aoun, la relation entre le CPL et le bloc du Futur est « caractérisée par l’aliénation ».
Lors d’un évènement religieux samedi, le patriarche maronite Béchara Al-Raï a de nouveau critiqué « le manque de sagesse et de confiance des politiciens » et a averti que « les prochains jours seront plus difficile qu’aujourd’hui en raison de la pratique politique condamnée ».
Par ailleurs, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a déclaré que l’un de ses convois avait été attaqué par des civils vendredi dans le village de Kawtharia Al-Siyad au sud du Liban.
Le porte-parole de la FINUL, Andrea Tenente, a mentionné que des équipements ont été volés du convoi durant l’attaque qui a eu lieu dans la région de Zahrani, en dehors de la zone où opère la mission.
Il a affirmé que la liberté de mouvement et de sécurité « font partie intégrante de la mise en œuvre efficace du mandant (de la FINUL) ».
« Les autorités libanaises doivent assurer la sécurité et la liberté de circulation de la FINUL », a-t-il poursuivi.
La FINUL et l’armée libanaise enquêtent sur l’incident.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur www.Arabnews.com