WASHINGTON: Joe Biden a jugé dimanche "inacceptables" les propositions des républicains dans le cadre des négociations tendues sur le plafond de la dette américaine, tout en estimant qu'une solution pouvait encore être trouvée pour éviter aux Etats-Unis un défaut de paiement.
"Il est temps que l'autre camp abandonne ses positions extrêmes, car une grande partie de ce qu'il a déjà proposé est tout simplement, franchement, inacceptable", a déclaré M. Biden depuis Hiroshima, au Japon, où il participait au sommet des dirigeants du G7.
Toutes les grandes économies ou presque vivent à crédit depuis des décennies. Les Etats-Unis ont déjà relevé à de nombreuses reprises le plafond de la dette -- le montant maximum d'endettement du pays -- une prérogative du Congrès. Mais les républicains refusent cette année de se rallier à Joe Biden, assurant que cela reviendrait à donner un chèque en blanc au président démocrate.
Joe Biden a indiqué qu'il s'entretiendrait directement avec Kevin McCarthy, le chef des républicains à la Chambre des représentants, pendant son voyage retour en avion dimanche, estimant qu'ils pouvaient "trouver un accord".
Mais il songe aussi à la possibilité d'utiliser l'arme constitutionnelle pour éviter un défaut de paiement du pays. "Je me penche sur le 14ème amendement" a dit M. Biden.
Cet article de la Constitution américaine stipule que "la validité de la dette publique des Etats-Unis (...) ne doit pas être remise en question", de quoi théoriquement permettre de contourner l'obligation de relever son plafond même si cette interprétation est très controversée parmi les juristes.
"Je pense que nous en avons le pouvoir. La question c'est est-ce que ça pourra être fait et invoqué à temps", a-t-il ajouté, évoquant les possibles batailles juridiques et l'échéance très proche.
Faute d'accord, les Etats-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement dès le 1er juin, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour l'économie américaine, et même mondiale.
USA: un accord sur la dette doit être trouvé avant le 1er juin, alerte la secrétaire au Trésor
Le plafond de la dette des Etats-Unis doit être relevé avant le 1er juin pour que le pays puisse continuer à payer ses factures au-delà du 15 juin, a averti dimanche la ministre des Finances, Janet Yellen, alors que les négociations entre la Maison Blanche et l'opposition républicaine sont dans l'impasse.
"Il y a toujours de l'incertitude au sujet des recettes et des dépenses fiscales. Et donc il est difficile d'avoir une certitude, mais mon évaluation est que les chances d'atteindre le 15 juin tout en étant en mesure de payer toutes nos factures sont assez faibles", a déclaré la secrétaire au Trésor lors d'une interview sur la chaîne NBC.
"J'ai indiqué dans ma dernière lettre au Congrès (lundi, NDLR) que nous prévoyons de ne pas pouvoir payer toutes nos factures à partir de début juin, et peut-être dès le 1er juin", a souligné Janet Yellen, précisant que son estimation par rapport à ce délai restait la même.
La Maison Blanche et l'opposition républicaine sont engagées dans une course contre la montre pour relever le plafond d'endettement des Etats-Unis, et ainsi éviter que la première économie du monde ne se retrouve dans l'incapacité de payer ses factures.
Mais les négociations étaient dans l'impasse dimanche, en raison de profonds désaccords sur les coupes budgétaires exigées par les républicains.
Joe Biden, qui se trouve au Japon pour le sommet du G7, doit s'entretenir par téléphone dimanche avec Kevin McCarthy, le chef des républicains à la Chambre des représentants, pendant son voyage retour en avion, estimant qu"ils pouvaient "trouver un accord".
Il songe aussi à un recours au 14e amendement de la Constitution américaine, qui stipule que "la validité de la dette publique des Etats-Unis (...) ne doit pas être remise en question".
Cela ne semble cependant pas pouvoir "être utilisé de manière appropriée dans ces circonstances, étant donné l'incertitude juridique qui l'entoure et compte tenu du délai serré dans lequel nous nous trouvons", a cependant balayé Janet Yellen.
"Si le plafond de la dette n'est pas relevé, il y aura des choix difficiles à faire concernant les factures impayées", a-t-elle encore averti.
"Il ne peut y avoir de résultats acceptables si le plafond de la dette n'est pas relevé, quelles que soient les décisions que nous prenons", a-t-elle encore mis en garde.
«Pas en arrière»
Les négociations se sont déroulées en l'absence de Joe Biden qui a écourté sa tournée en Asie-Pacifique en raison de cette crise de la dette, retournant à Washington dès dimanche sans passer comme prévu par le Japon et l'Australie.
Les républicains exigent des coupes budgétaires drastiques du gouvernement avant de donner leur feu vert au relèvement du plafond de la dette.
L'équipe républicaine a mis vendredi soir sur la table "une offre qui était un grand pas en arrière et contenait un ensemble de revendications partisanes extrêmes qui ne pourraient jamais être adoptées dans les deux chambres du Congrès", a déclaré dans un communiqué la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, appelant à "être sérieux".
Et, selon elle, ce sont les responsables républicains sous la coupe des proches de Donald Trump "qui (menacent) de mettre notre nation en défaut pour la première fois de notre histoire", mais "pas le président (Joe Biden) ni les responsables démocrates".
M. McCarthy a lui indiqué samedi soir, dans un tweet, que "la Maison Blanche a fait un pas en arrière dans les négociations".
"Malheureusement, l'aile gauche du parti démocrate semble être aux commandes, surtout avec le président Biden hors du pays", a-t-il déploré.
Joe Biden a estimé que M. McCarthy attendait probablement son retour pour reprendre les discussions : "Je pense qu'il veut traiter directement avec moi", a commenté le président américain dimanche.
Augmenter les impôts
Le point de friction entre les deux camps: la demande des républicains de réduire les dépenses fédérales, pour les ramener aux niveaux de 2022. C'est-à-dire couper 130 milliards de dollars de dépenses.
"On ne peut pas dépenser davantage d'argent l'année prochaine", a affirmé Kevin McCarthy.
Une ligne rouge que les démocrates refusent de franchir.
L'administration Biden propose de son côté de réduire des dépenses tout en augmentant les impôts pour les plus riches et les entreprises qui aujourd'hui bénéficient de généreuses remises fiscales. Mais les républicains ne veulent pas de hausses d'impôts.
"C'est sur ce point que nous avons de grands désaccords, du côté des recettes", a indiqué le président dimanche.
Il a prévenu que le 14e amendement n'était pas une arme magique, vu qu'il ne pouvait pas être sûr de pouvoir l'invoquer dans les temps.
"Nous n'avons pas trouvé de plan unilatéral qui pourrait réussir en deux ou trois semaines. C'est le problème. Ca dépendra donc des législateurs", a-t-il ajouté.