TEHERAN: Le Conseil suprême de la sécurité nationale d'Iran (CSSNI) a appelé samedi à « renforcer l'unité nationale » après une violente polémique entre le gouvernement et le Parlement à propos d'une loi controversée sur la question nucléaire.
Ce texte a été approuvé mercredi par le Conseil des Gardiens de la Constitution après son vote au Parlement.
Pour être promulguée, la loi doit encore être signée par le président Hassan Rohani, mais celui-ci ne devrait pas se précipiter compte tenu de son opposition au texte.
Selon les médias iraniens, le texte enjoint le gouvernement à prendre immédiatement des dispositions pour produire et stocker au « moins 120 kilogrammes par an d'uranium enrichi à 20% » et l'appelle à « mettre fin » aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Ces deux dispositions, si elles étaient appliquées, iraient à l'encontre des engagements pris par la République islamique lors de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.
Elles risqueraient également de renvoyer la question nucléaire iranienne devant le Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui achèverait de tuer cet accord en sursis.
Dans un communiqué repris par les agences iraniennes, le CSSNI estime que le texte de loi « ne pose pas de problème spécifique pour l'intérêt national », contrairement au « désordre » créé par des « attitudes et remarques récentes » ayant "sacrifié l'intérêt national à des intérêts partisans ».
La sortie du Conseil intervient après de vigoureux échanges entre le président du Parlement Mohammad-Bagher Ghalibaf et le président Rohani.
Le Parlement a intensifié et accéléré ses travaux sur cette initiative de loi (introduite début novembre) après l'assassinat le 27 novembre d'un physicien nucléaire, Mohsen Fakhrizadeh, dans une attaque que les autorités attribuent à Israël.
Mercredi, M. Rohani avait jugé le texte « nuisible » aux efforts diplomatiques.
Le président américain Donald Trump a sorti son pays de l'accord de Vienne en mai 2018, avant de rétablir des sanctions ayant plongé la République islamique dans une violente récession.
En riposte, Téhéran s'est désengagé à partir de mai 2019 de la plupart de ses engagements clef pris à Vienne.
Depuis l'annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle du 3 novembre, M. Rohani multiplie les signaux d'ouverture à l'attention du prochain gouvernement américain.
M. Biden a dit sa volonté de réintégrer les Etats-Unis à l'accord de Vienne, mais la voie qu'il propose est jugée inacceptable par le gouvernement iranien.