WASHINGTON: Un dirigeant républicain de premier plan a affirmé jeudi entrevoir "une percée" dans les pourparlers pour éviter un défaut de paiement des États-Unis, mais les tiraillements politiques persistants, au sein même du camp conservateur comme du parti démocrate.
Le gouvernement s'attend à ce que le plafond de la dette fédérale soit atteint dès le 1er juin, si le Congrès ne vote pas, comme il en a l'obligation, pour le relever.
Cela fait craindre que la plus grande économie du monde fasse défaut sur les remboursements de sa dette, déclenchant une tempête financière mondiale, et étranglant la croissance comme l'emploi dans le pays.
"Nous n'avons encore rien convenu -– mais je vois une percée par laquelle nous pourrons parvenir à un accord", a déclaré le patron républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, que l'on n'avait jamais entendu si confiant.
Le conservateur a obtenu le marteau du président de la Chambre en janvier en promettant aux élus les plus à droite de son parti qu'il n'y aurait pas d'augmentation de la limite d'emprunt sans tailles conséquentes dans les dépenses publiques.
Point final
Or ces mêmes parlementaires trumpistes, réunis au sein d'un groupe appelé le "Freedom Caucus", lui ont demandé jeudi de ne plus faire de concessions au président démocrate Joe Biden, et de défendre le projet républicain de rigueur budgétaire tel qu'il est.
« Finies les discussions pour le diluer. Point final », a réclamé cette fraction sur Twitter.
La Maison Blanche de son côté souligne que le plafond de la dette a été relevé des dizaines de fois sans négociations budgétaires. Elle accuse les républicains de tenir l'économie américaine "en otage" et de vouloir sacrifier nombre de prestations sociales.
"Le Congrès ne doit pas justifier cette crise", a répété jeudi la vice-présidente Kamala Harris, faisant valoir que ce fameux plafond d'endettement avait été relevé trois fois pendant la présidence de Donald Trump.
Joe Biden nommé deux négociateurs spéciaux sur le dossier. L'américain, qui participe au sommet du G7 au Japon, a par ailleurs écourté une tournée diplomatique prévue dans la foulée, afin de revenir dès dimanche à Washington, histoire de superviser les discussions.
Il a déjà réuni deux fois les principaux dirigeants parlementaires dans le Bureau ovale.
Tout accord doit être adopté par la Chambre dirigée par les républicains et par le Sénat à majorité démocrate avant la date limite, ou le calendrier parlementaire est ainsi fait que les jours de sessions sont rares.
Kevin McCarthy a jugé "important d'essayer d'avoir un accord - surtout sur le principe - d'ici ce week-end".
Pour ce faire, Joe Biden devra lui aussi s'assurer que son parti reste en rangs serrés.
Constitution
Certains démocrates du Sénat le poussent à passer en force, en invoquant le 14e amendement de la Constitution, ce qui lui permet de continuer à émettre des emprunts d'État même sans vote du Congrès.
Onze sénateurs, renvoyés par Bernie Sanders, figure progressiste, ont publié jeudi une lettre dénonçant les "coupes budgétaires massives" demandées par les républicains, qui "causeraient des dégâts incalculables dans la vie des travailleurs".
Estimant qu'un accord est "apparemment impossible à ce stade" au vu des exigences des conservateurs, ils "demandent instamment (à Joe Biden) de se préparer à exercer ses prérogatives au titre du 14e amendement de la Constitution".
Ce texte énonce que "la validité de la dette publique des États-Unis, autorisée par la loi, (...) ne doit pas être remise en question".
Y avoir recours signifierait pour Joe Biden engager une longue bataille juridique à l'issue incertaine. Jusqu'ici le président ne l'envisage pas pour résoudre la crise actuelle, mais une promesse d'étudier à plus long terme la capacité de cette stratégie constitutionnelle.