KOWEIT : Les Koweïtiens ont voté samedi aux élections législatives pour la première fois depuis que le cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Sabah est devenu émir en septembre. Plus de 300 candidats, dont 29 femmes, ont disputé 50 sièges dans l’assemblée la plus ancienne et la plus ouverte du Golfe, dotée de pouvoirs législatifs. Les résultats sont attendus dimanche.
Lors d'une visite dans un bureau de vote, le Premier ministre, cheikh Sabah al-Khaled al-Sabah, s'est dit "content" de la participation, sans donner de chiffres. Les bureaux de vote ont fermé Samedi a 17H00 GMT.
Le riche Etat pétrolier de 4,8 millions d'habitants a pris des mesures parmi les plus strictes dans le Golfe pour juguler la pandémie depuis le début de la crise au printemps.
Si certaines des restrictions ont été levées, les traditionnels rassemblements électoraux, avec des buffets copieux, qui attiraient de nombreux Koweïtiens ont été interdits.
A l'entrée des bureaux de vote, du personnel prenait la température des Koweïtiens allant voter qui devaient porter un masque et des gants.
Les personnes contaminées ou celles se trouvant en quarantaine obligatoire sont généralement confinées chez elles, avec des bracelets électroniques rendant compte de leurs mouvements.
Mais dans un effort de ne pas les exclure du scrutin, l'Etat a utilisé cinq écoles pour qu'elles puissent y voter.
Plus de 567.000 Koweïtiens sont appelés à choisir 50 députés parmi 326 candidats, dont 29 femmes.
Contrairement aux autres Etats de la région, le Koweït est doté d'une vie politique dynamique, avec un Parlement -- élu pour quatre ans -- doté de larges pouvoirs législatifs et où les débats sont souvent vifs.
Crises à répétition
Les partis politiques ne sont ni interdits ni reconnus, mais de nombreux groupes, parmi lesquels les islamistes, agissent de facto comme des formations politiques.
Cependant, avec une opposition affaiblie et dont plusieurs cadres ont des démêlés avec la justice, aucun changement dans l'équilibre des forces n'est attendu.
Il s'agit des premières législatives sous le règne du nouvel émir, cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Sabah, qui a pris ses fonctions le 29 septembre, après la mort de cheikh Sabah.
Avec plus de 144.000 cas de contamination au coronavirus, dont 889 morts, le rendez-vous électoral a été assombri cette année par la pandémie.
La campagne s'est ainsi déroulée essentiellement dans les médias et sur les réseaux sociaux: messages sur Twitter, courtes vidéos sur Snapchat, directs sur Instagram ou encore meetings électoraux via Zoom.
Les thèmes habituels des campagnes électorales sont, eux, toujours là, de la lutte contre la corruption à l'emploi des jeunes, en passant par la liberté d'expression, le logement, l'éducation ou encore l'épineux dossier des «Bidoun», les apatrides, une minorité dépourvue de nationalité.
Youssef Ahmed Safar, qui a voté dans le quartier de Al-Nazha à Koweït city, a dit vouloir des réformes.
«Nous voulons que notre situation s'améliore, notamment sur le plan de l'emploi, du logement et également dans la lutte contre la corruption», a-t-il déclaré.
Ce scrutin intervient alors que la crise sanitaire a déclenché une forte baisse des prix du pétrole et de graves conséquences économiques pour les Etats du Golfe.
Le pays est secoué depuis de nombreuses années par des crises politiques à répétition impliquant le gouvernement, des personnalités de la famille régnante et le Parlement, dissous à plusieurs reprises.
De 2009 à 2013, et notamment après le Printemps arabe de 2011, le pays a connu la démission d'une dizaine de gouvernements.
«Il existe toujours des disputes au sujet du système électoral et de la mauvaise gestion de l'argent public», estime Ahmad Deyain, secrétaire général du Mouvement progressif koweïtien, dans l'opposition.
Le Koweït a été le premier Etat arabe du Golfe à adopter un système parlementaire en 1962, et les femmes ont obtenu le droit de vote et celui de se présenter aux élections en 2005.
Les résultats du scrutin sont attendus dimanche.