KHARTOUM : La création au Soudan d'une instance dotée de larges pouvoirs décrétée par le général Abdel Fatah al-Burhane, chef du Conseil de souveraineté, la plus haute instance exécutive, suscite la discorde entre militaires et civils qui se partagent le pouvoir depuis quinze mois.
Un accord de transition entre militaires et civils a été signé en août 2019, à la suite d'un mouvement de contestation ayant entraîné la chute de l'autocrate Omar el-Béchir.
Rendu public mardi, le décret qui a mis le feu aux poudres établit un «Conseil des partenaires de la transition» (CPT), «chargé de diriger la période de transition, résoudre les divergences (entre les composantes au pouvoir) et doté de toutes les prérogatives nécessaires pour exercer son pouvoir».
Le Conseil des ministres dirigé par Abdallah Hamdok a rejeté cette décision, estimant que le général Burhane avait outrepassé ses prérogatives en accordant à cette instance des pouvoirs exorbitants.
Le Conseil de souveraineté s'était auparavant mis d'accord avec le gouvernement pour confier uniquement au CPT la tâche «de coordonner et résoudre les différends pouvant surgir durant la période de transition», a indiqué samedi dans un communiqué le porte-parole du gouvernement Fayçal Mohamed Saleh.
«En tant qu'organe exécutif auquel le peuple soudanais a fait confiance pour protéger les acquis de la glorieuse révolution de décembre, il est impératif que nous déclarions notre désaccord avec la formation du CPT dans sa forme actuelle», a souligné M. Saleh.
Pour lui, le décret du général Burhane est en contradiction avec le document constitutionnel signé en août 2019 entre les militants pro-démocratie et les militaires.
Ce document avait été amendé en novembre dernier après l'accord de paix signé entre le gouvernement et les mouvements de guérilla des régions du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu.
Selon la presse, M. Hamdok a informé les Forces de la liberté et du changement (FLC) de son désaccord sur les pouvoirs accordés à cette instance.
«Son rôle doit être purement consultatif et elle ne peut en aucun cas interférer dans les activités des organes exécutif, législatif ni dans celui du Conseil de souveraineté», a-t-il insisté.
Les FLC, qui furent le moteur du soulèvement anti-Bechir et qui jouent un rôle prépondérant dans la politique actuelle du Soudan, ont exprimé aussi leur désaccord avec le décret.