PARIS: Paru aux Éditions au Pont 9 en mars 2023, L’Odeur d’un homme, de Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre, écrivaine et membre du Parlement des écrivaines francophones depuis 2023, raconte le retour d’Inès dans son pays natal, la Tunisie. L’histoire de l’héroïne se déroule dans la période de postrévolution populaire de 2011, au moment de la préparation des premières élections démocratiques du pays, soldées par la victoire des islamistes du parti Ennahdha.
Durant cette période charnière de l’Histoire contemporaine de la Tunisie, les personnages éprouvent des sentiments où l’espoir et la déception se côtoient, les idées se confrontent, puis se divisent. Interrogée sur le choix du cadre dans lequel se situe son roman, l’autrice explique qu’elle voulait que les lecteurs s’intéressent aux pays du Sud comme «des pays riches d’humains, de civilisations, d’Histoire». Son souhait est «que l’on apprenne à aimer l’atmosphère des pays du Maghreb».
En emmenant le lecteur sur les terres de son enfance à Béja, la romancière explore la relation intimiste et sensorielle que l'héroïne y retrouve. Dans cette campagne du nord-ouest de la Tunisie, elle se rapproche de sa famille et de son ami d’enfance, Youssef, un intellectuel militant qui va bouleverser sa petite vie tranquille de bourgeoise expatriée vivant avec son mari Samy dans un somptueux appartement avec vue sur le lac Léman, en Suisse.
Avec Youssef, ses amis et les membres de sa famille, Inès redécouvre son moi profond, revoit ses perceptions, souvent biaisées par des préjugés, et elle s’interroge sur ses choix de vie, ses désirs et ses engagements.
Avec Youssef, ses amis et les membres de sa famille, Inès redécouvre son moi profond, revoit ses perceptions, souvent biaisées par des préjugés, et elle s’interroge sur ses choix de vie, ses désirs et ses engagements. Inès ressent lors de ces retrouvailles une étrange envie de donner un nouveau sens à sa raison d'être, de renouer de manière plus intense et plus sincère avec ses racines, ses proches et son authenticité.
Son histoire romanesque avec Youssef, une personnalité forte et intrigante et l’un des protagonistes engagés à bâtir une Tunisie libre, juste et démocratique, est-elle à l’origine de ses interrogations et de cette remise en question dans sa perception des choses de la vie?
La fleur de myrte, symbole d’union et clin d’œil à l’Histoire
Le lecteur découvre à travers cette écriture olfactive la fleur de myrte, qui, selon l’autrice, est l’un des symboles d’union de la communauté méditerranéenne. «J’ai écrit un roman dans lequel l’histoire commence autour des mosaïques et de l’odeur du myrte, en mettant l’accent sur les richesses ignorées de la Tunisie; la ville moderne de Tunis, sa ville ancienne, ainsi que l’avenue dans laquelle s’est déroulée la révolution. À travers la statue d’Ibn Khaldoun, j’ai eu envie d’expliquer aux gens qui est ce penseur. Dans le bassin méditerranéen, nous avons, nous les Arabes et habitants du Maghreb, de grands penseurs qu’on a tendance à sous-estimer», souligne l’autrice, en citant la visite de l’héroïne dans la vieille médina, qui abrite la célèbre mosquée Zitouna.
Enfin, l’autrice dénonce les caricatures, les stéréotypes, les misères affectives et émotionnelles véhiculés dans les fictions sur les pays du Sud. Avec ce roman, Fatma Bouvet de la Maisonneuve veut sortir des idées reçues et des clichés dominants dans la littérature et dans la fiction qui, souvent, évoquent la délinquance et le misérabilisme. À travers son histoire, la romancière décrit au contraire des personnages créatifs, passionnés et engagés dans la construction d’une vie nouvelle où l’espoir et le travail sont des leitmotivs.