Assassinat de Samuel Paty: 14 personnes renvoyées en procès

L'assassinat du professeur Samuel Paty, qui avait sidéré le monde entier, fera l'objet de deux procès. (AFP)
L'assassinat du professeur Samuel Paty, qui avait sidéré le monde entier, fera l'objet de deux procès. (AFP)
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Publié le Mardi 16 mai 2023

Assassinat de Samuel Paty: 14 personnes renvoyées en procès

  • Les magistrats antiterroristes ont ordonné mardi des procès aux assises pour huit majeurs et devant le tribunal pour enfants pour six adolescents
  • A ce jour, six des huit adultes impliqués dans le dossier sont encore en détention provisoire

PARIS: L'assassinat du professeur Samuel Paty, qui avait sidéré le monde entier, fera l'objet de deux procès: les magistrats antiterroristes ont ordonné mardi des procès aux assises pour huit majeurs et devant le tribunal pour enfants pour six adolescents.

Le 16 octobre 2020, l'enseignant en histoire-géographie de 47 ans avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d'origine tchétchène.

Cet islamiste radicalisé avait été abattu dans la foulée par la police.

Cet attentat s'inscrit dans un contexte particulier, celui du "procès des attentats de janvier 2015 commis notamment au sein des locaux de Charlie Hebdo (…) et dans le contexte de menaces terroristes très élevées en France", soulignent les juges d'instruction d'après des éléments de l'ordonnance de mise en accusation dont l'AFP a eu connaissance mardi.

Deux autres attaques ont eu lieu à cette période, début septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris et fin octobre à la basilique de Nice.

Pour les magistrats, Abdoullakh "Anzorov, déjà ancré dans la violence depuis son jeune âge (...) s'est radicalisé fortement à l'été en 2020".

«Vengeance»

Pour les juges, son "mobile" était "la vengeance d'une offense qu'il estimait avoir été faite à son Prophète, qui méritait une condamnation à mort du professeur, souhaitée par son dieu et sa religion".

Pour cet acte qui avait suscité un immense émoi en France et à l'étranger, conformément aux réquisitions du parquet antiterroriste (Pnat), les magistrats instructeurs demandent que l'infraction la plus lourde, la complicité d'assassinat terroriste, soit retenue pour deux amis d'Abdoullakh Anzorov, Azim Epsirkhanov et Naïm Boudaoud.

Ils l'avaient accompagné pour acheter des armes, et le second l'avait également véhiculé jusqu'au collège de Conflans-Sainte-Honorine.

Brahim Chnina, père de la collégienne à l'origine de la polémique pour avoir menti sur la teneur d'un cours auquel elle n'avait pas assisté, et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, auteurs de vidéos sur les réseaux sociaux qui avaient attisé la polémique, avaient été mis en examen pour complicité d'assassinat, tout comme Priscilla Mangel, une convertie à l'islam en lien sur Twitter avec l'assassin les jours précédant l'attaque.

Pour ces trois personnes, comme pour trois autres adultes mis en cause à des degrés divers, les juges demandent un procès aux assises mais pour une infraction moins lourde, association de malfaiteurs terroriste criminelle.

"Même si nous nous félicitons que la qualification de complicité (...) ait été abandonnée, nous accueillons avec beaucoup de déception" le renvoi de M. Sefrioui pour association de malfaiteurs terroriste, ce qui "n'a aucun sens juridiquement", ont indiqué ses avocats, Mes Elise Arfi, Ouadie Elhamamouchi et Sefen Guez Guez.

Ils "comptent faire appel" de l'ordonnance.

"L'horreur du crime a aboli tout discernement" de la justice dans cette "instruction à charge", a dénoncé Me Jean-Christophe Basson-Larbi, avocat de l'un des six, Yusuf Cinar.

Requalification 

Les magistrats ordonnent par ailleurs un procès distinct devant le tribunal pour enfants pour cinq adolescents, âgés de 14 et 15 ans au moment des faits, accusés notamment d'avoir procédé à des surveillances près du collège et d'avoir désigné Samuel Paty à l'assaillant.

Initialement visés pour le crime de complicité d'assassinat terroriste, ils devront comparaître pour le délit d'association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées.

Cette requalification "est beaucoup plus appropriée au regard des éléments du dossier", s'est félicité auprès de l'AFP Me Antoine Ory, qui défend un adolescent.

Les magistrats ordonnent aussi la comparution de la fille de Brahim Chnina devant le tribunal pour enfants pour dénonciation calomnieuse.

Dans leur ordonnance, les magistrats soulignent que l'enquête judiciaire "a buté sur la suppression et l'effacement par l'ensemble des mis en cause de leurs données et applications de réseaux sociaux (...) aussitôt après la commission des faits".

A ce jour, six des huit adultes impliqués dans le dossier sont encore en détention provisoire.

Contactés mardi, les avocats de la famille de Samuel Paty n'ont pas réagi dans l'immédiat.

Une partie de la famille a déposé une plainte visant les ministères de l'Intérieur et de l'Education nationale, accusés de n'avoir pas pris suffisamment en compte le péril. Une enquête distincte est ouverte à Paris depuis avril 2022.


«Nouveau Front Populaire» : comment la gauche a refait l'union en quatre jours

Le Nouveau Front Populaire annonce aussi vouloir un "protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" et "mettre fin aux accords de libre-échange".  (AFP)
Le Nouveau Front Populaire annonce aussi vouloir un "protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" et "mettre fin aux accords de libre-échange". (AFP)
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  • Le Nouveau Front Populaire, alliance des principales forces de gauche, a dévoilé vendredi son programme pour les législatives
  • Il promet sur le plan national d'abroger les réformes des retraites, de l'assurance-chômage et de l'immigration

PARIS: En 2022, les négociations pour former la Nupes avaient duré 13 jours - et 13 nuits. En 2024, face au risque qui n'a jamais été aussi fort de voir l'extrême droite arriver au pouvoir, les partis de gauche auront réussi à s'entendre autour d'un "Nouveau Front populaire" en quatre jours. Non sans tensions.

"Il me faut une cigarette. J'ai pas dormi depuis deux nuits", soupire jeudi Sébastien Vincini, secrétaire national du PS, devant le siège des Ecologistes, rue des Petits Hôtels à Paris.

Dès dimanche soir, à peine le choc de la dissolution de l'Assemblée nationale passé, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier annonce qu'elle "va prendre les uns et les autres, à deux, à trois" pour tenter de former une union à gauche face au Rassemblement national.

Un pari des plus risqués alors que depuis plusieurs mois et l'explosion de la Nupes, les relations sont au plus bas entre communistes, Insoumis, socialistes et Ecologistes. Voire exécrables.

Après des semaines de campagne pour les européennes où les Insoumis ont régulièrement attaqué Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, et tenté de siphonner le vote écologiste, les bises et les retrouvailles sont fraiches quand LFI arrive chez les écolos lundi après-midi.

"Laissez-les passer, on les a invités!", lance Marine Tondelier aux journalistes qui s'agglutinent autour de la délégation conduite par le coordinateur du mouvement Manuel Bompard et la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.


Législatives: Glucksmann soutient l'union de la gauche mais assure que Mélenchon ne sera pas Premier ministre

L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national. (AFP).
L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national. (AFP).
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  • L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national
  • Disant comprendre que ceux qui ont voté pour lui aux européennes "puissent se sentir trahis", M. Glucksmann a assuré sur France Inter avoir "obtenu" des "engagements extrêmement clairs" sur l'Ukraine, l'Europe et le conflit israélo-palestinien

PARIS: L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national aux législatives, validant ainsi le "Nouveau Front Populaire" malgré ses désaccords avec La France insoumise.

Disant comprendre que ceux qui ont voté pour lui aux européennes "puissent se sentir trahis", M. Glucksmann a assuré sur France Inter avoir "obtenu" des "engagements extrêmement clairs" sur l'Ukraine, l'Europe et le conflit israélo-palestinien, et affirmé que le chef de file de cette union "ne sera pas Jean-Luc Mélenchon" car "il faut une personne qui fasse consensus".

 


Législatives en France: la gauche en ordre de marche, la droite déchirée

Côté majorité présidentielle, M. Attal doit se rendre vendredi aux chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, dans l'Ouest, pour un déplacement consacré à l'économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI. (AFP)
Côté majorité présidentielle, M. Attal doit se rendre vendredi aux chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, dans l'Ouest, pour un déplacement consacré à l'économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI. (AFP)
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  • Quatre jours après le séisme provoqué par la dissolution de l'Assemblée par le chef de l'Etat à la suite de la victoire de l'extrême droite aux européennes, les principaux partis de gauche ont annoncé jeudi soir un accord
  • Fruit d'intenses tractations, ce programme commun de "rupture", avec une "déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat", doit être détaillé à 11H30 (09H30 GMT) à Paris

PARIS: Les partis de gauche français doivent détailler vendredi leur programme commun pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, annoncées à la surprise générale par le président Emmanuel Macron et qui n'en finissent pas de diviser à droite.

Quatre jours après le séisme provoqué par la dissolution de l'Assemblée par le chef de l'Etat à la suite de la victoire de l'extrême droite aux européennes, les principaux partis de gauche ont annoncé jeudi soir un accord portant sur un "programme de gouvernement et des candidatures uniques".

Fruit d'intenses tractations, ce programme commun de "rupture", avec une "déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat", doit être détaillé à 11H30 (09H30 GMT) à Paris lors d'une conférence de presse des chefs de file de ce "Nouveau Front Populaire".

Les ténors socialistes, La France insoumise (LFI, gauche radicale), écologistes et communistes ont multiplié jeudi les superlatifs pour saluer un "événement politique considérable en France", "une page de l'Histoire".

Même l'ancien président socialiste François Hollande, pourtant très hostile à LFI, a dit soutenir cet accord. Pour faire barrage à "l'extrême droite", "on va au-delà des divergences", a-t-il expliqué sur TF1.

Ainsi unie pour ce scrutin uninominal à deux tours, la gauche se prend désormais à espérer une "victoire" face au Rassemblement national (RN), donné largement en tête. Reste un sujet épineux: le choix du nom d'un éventuel Premier ministre.

Recours en justice 

Un paysage loin des fractures au parti conservateur Les Républicains (LR), dont le président Eric Ciotti conteste son exclusion pour son ralliement au Rassemblement national. Le tribunal judiciaire de Paris doit examiner vendredi son recours.

Dans le camp gouvernemental, promis à une lourde défaite, le Premier ministre Gabriel Attal est rentré dans le grand bain jeudi dans le nord du pays, sans réussir à masquer un certain malaise.

M. Macron s'est pour sa part envolé pour l'Italie, où il prend part au sommet du G7 à Bari.

"Je ne crois pas" être affaibli sur la scène internationale, a-t-il assuré jeudi à des journalistes dans les Pouilles, affirmant que ses homologues avaient jugé "courageux" son choix de dissoudre l'Assemblée nationale.

Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont déjeuné jeudi avec M. Ciotti, leur nouvelle prise de guerre.

Les deux responsables d'extrême droite vont faire vendredi campagne sur le terrain, Marine Le Pen dans son fief d'Hénin-Beaumont, dans le nord de la France, pour une déambulation sur le marché le matin, et Jordan Bardella dans une exploitation agricole du Loiret (centre), l'après-midi.

Huit mois après l'implosion de la Nupes, leur précédente alliance, les partis de gauche ont arrêté un partage des 577 circonscriptions du pays prévoyant notamment 229 candidatures pour LFI, 175 pour le PS, 92 pour les Ecologistes et 50 pour les communistes.

Incertitudes pour les JO 

Les responsables des Républicains doivent pour leur part réunir un nouveau bureau politique pour valider formellement l'éviction de leur président prononcée mercredi.

Mais les responsables de LR n'en ont pas fini avec leurs divergences, notamment au sujet de l'attitude à adopter dans les cas de duels entre le "Nouveau Front Populaire" et le RN au second tour le 7 juin.

L'eurodéputé François-Xavier Bellamy voterait "bien sûr" pour le RN, a-t-il lâché avant de temporiser sur les réseaux sociaux, quand d'autres prônent l'abstention.

Côté majorité présidentielle, M. Attal doit se rendre vendredi aux chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, dans l'Ouest, pour un déplacement consacré à l'économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI.

Jeudi, il a fustigé un "accord de la honte" à gauche, estimant que les électeurs du candidat soutenu par le Parti socialiste, Raphaël Glucksmann, "doivent se sentir tellement trahis" par l'alliance avec LFI.

En marge du G7, Emmanuel Macron a convoqué pour sa part un autre argument: l'approche des JO de Paris du 26 juillet au 11 août.

Les Français vont "intégrer les Jeux olympiques" dans leurs "choix" aux législatives, a-t-il assuré. "Je pense qu'ils n'ont pas envie d'avoir des Jeux olympiques qui se présentent mal"  avec "des gens qui ne sont pas prêts du tout" à organiser, a-t-il souligné en visant implicitement les dirigeants du Rassemblement national.