PARIS: La France réunit mardi à Paris l'alliance des pays européens pro-nucléaire, pour un rassemblement qui vise notamment à la consolider un peu plus, mais aussi à renforcer l'indépendance du continent vis-à-vis de la Russie, a-t-on appris lundi auprès des organisateurs.
C'est la troisième fois que se réunit cette alliance, constituée pour défendre le nucléaire dans la décarbonation de l'économie face à des pays qui ont choisi de s'en passer comme l'Allemagne.
Mais c'est la première fois qu'elle le fait en tant qu'événement dédié et non en marge d'un conseil européen de l'énergie.
La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher réunit mardi dans son ministère 16 pays : Belgique, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovénie, Suède, Slovaquie, ainsi qu'Italie (pays observateur) et Royaume-Uni, comme "invité spécial", pour faire partager son retour d'expérience.
Cette réunion accueillera également la commissaire européenne à l'énergie Kadri Simson, a indiqué à la presse le cabinet de Mme Pannier-Runacher.
Au menu de la première session d'échanges, "la construction d'une chaîne de valeur européenne résiliente et indépendante", notamment à l'aide d'"actions de soutien" de l'UE vis-à-vis de l'industrie nucléaire.
Mais les ministres discuteront également des pistes envisageables pour "renforcer l'indépendance de l'Europe vis-à-vis de la Russie, notamment sur le plan des combustibles et sur le plan industriel de façon générale", a indiqué l'entourage de la ministre.
"Compte tenu des contraintes industrielles, ce n'est pas quelque chose qui peut se faire du jour au lendemain", reconnaît-on au ministère, puisque certains pays ont des centrales russes sur leur territoire, ce qui renforce la dépendance au combustible russe. "Mais ce qu'a montré l'actualité récente, c'est qu'être dépendant sur le plan énergétique de la Russie, ce n'est pas une bonne situation".
Afin de mettre fin à cette dépendance vis-à-vis des combustibles nucléaires russes, la France se dit prête "à mettre à disposition sa filière", notamment sur l'amont du combustible.
Si EDF importe encore de l'uranium enrichi de Russie le français Orano se prépare à augmenter ses capacités de production de ce matériau stratégique, dans son site du Tricastin, plus grand complexe nucléaire d'Europe.
Les échanges des participants porteront également sur la "relance de l'industrie nucléaire en Europe": dans cette optique, les participants écouteront les enseignements tirés par le Royaume-Uni, de son immense chantier d'Hinkley Point, où EDF construit actuellement deux puissants réacteurs nucléaires.