LONDRES: Selon un sondage réalisé par Arab News-YouGov, les Palestiniens sont convaincus que l'économie devrait être la priorité d'un futur État palestinien indépendant.
Les personnes interrogées ont été invitées à classer six priorités politiques potentielles sur une échelle d'importance de 1 à 6. Une majorité de 41% des réponses ont attribué au développement économique et à la création d'emplois la première place sur la liste des priorités.
Près de 30% ont placé le contrôle des frontières et la sécurité intérieure en tête des priorités.
Il reste toutefois clair que tant que la question de la croissance économique n'est pas traitée, il est peu probable que les électeurs palestiniens se préoccupent des autres principales fonctions du gouvernement d'un futur État palestinien.
Le système de santé, par exemple, n'est une priorité que pour 5% des répondants. Les infrastructures (7%), les relations internationales (8%) et l'éducation (10%) bénéficient également de peu d’intérêt.
«Je suis tout à fait d'accord pour dire que le développement économique et la création d'emplois doivent être une priorité absolue», souligne Jason Greenblatt, ancien envoyé de la Maison Blanche au Moyen-Orient sous l'administration Trump et auteur de l'ouvrage In the Path of Abraham: How Donald Trump Made Peace in the Middle East, paru en 2022.
«Je pense que les mots “État palestinien indépendant” sont l'une des questions les plus souvent passées sous silence dans le conflit», affirme-t-il.
«Je pense que ce projet n'est pas réalisable dans un avenir proche, compte tenu de l'histoire du conflit.»
En revanche, ajoute-t-il, «je pense que ce que nous avons créé dans le cadre du plan de paix de Trump donne aux Palestiniens des outils qu'ils pourraient transformer en un immense succès».
C'est pourquoi, selon lui, les Palestiniens commettent une «grave erreur» en s'opposant aux accords d'Abraham.
Le sondage d'Arab News révèle qu'une majorité (64%) reste opposée à la normalisation des relations entre les États arabes et Israël avant toute résolution de la question palestinienne, malgré l'importance accordée par l'initiative au développement économique.
«Tout d'abord, les Palestiniens ont bénéficié du soutien financier des pays du Golfe pendant des décennies», rappelle M. Greenblatt.
«Ils devraient en être reconnaissants et ne pas critiquer des pays comme les Émirats arabes unis et d'autres.»
Les Émirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Israël en août 2020, suivis par le Soudan, Bahreïn et le Maroc. En mai 2022, Israël et les Émirats arabes unis ont signé un accord de libre-échange, une première historique pour un pays arabe.
L'accord de partenariat économique global, entré en vigueur le 1er avril dernier, met en place un «environnement ouvert et non discriminatoire pour le commerce transfrontalier avec Israël». Il accorde ainsi aux produits et services des Émirats arabes unis un accès plus important au marché israélien.
Les Palestiniens, affirme M. Greenblatt, «pourraient participer au succès économique des accords d'Abraham sans renoncer à leurs positions de négociation».
«Imaginez le nombre de vies palestiniennes qui pourraient être améliorées, même en l'absence de paix avec Israël, si les Palestiniens participaient à la nouvelle économie des accords d'Abraham.»
Selon lui, il s'agit d'une «occasion historique, et encore une fois manquée, pour les Palestiniens».
En revanche, le journaliste, auteur et consultant en médias américano-palestinien Ramzy Baroud pense que les Palestiniens «continuent de rejeter massivement la normalisation car le monde arabe et musulman sert historiquement de profondeur stratégique à la Palestine».
«Les Palestiniens comprennent qu'il ne s'agit pas uniquement de leur combat, mais d'un combat pour la paix et la justice dans l'ensemble de la région. Ils comprennent également que le développement économique sans droits politiques et juridiques est inutile», déclare-t-il à Arab News.
«Israël a déjà tenté ce type d'approche, la soi-disant paix économique, et a échoué lamentablement.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com