PARIS: L'Assemblée nationale a validé mercredi soir la création d'une commission d'enquête demandée par la majorité présidentielle sur les "groupuscules, auteurs de violences à l'occasion de manifestations" comme celles de Sainte-Soline ou du 1er mai, sous les protestations des députés LFI, communistes et écologistes.
Cette commission d'enquête parlementaire, approuvée par 204 voix contre 47, entend plancher sur "la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences" durant des manifestations et rassemblements "intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023".
Le 16 mars est le jour du déclenchement par le gouvernement du 49.3 pour faire passer sans vote la réforme des retraites à l'Assemblée, suscitant des mobilisations et des heurts.
Les délais choisis visent aussi à examiner les affrontements entre des gendarmes et des opposants aux mégabassines, des retenues d'eau, le 25 mars à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.
Concernée également : la mobilisation du 1er mai contre la réforme des retraites, marquée par des violences, avec 540 personnes interpellées en France dont 305 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur.
Dans une ambiance houleuse, LFI, communistes et écologistes ont reproché à la majorité présidentielle de vouloir "criminaliser les oppositions" dans cette commission d'enquête et de faire "diversion" face à la contestation contre la réforme des retraites.
Aux yeux de la LFI Marianne Maximi, le gouvernement porte "une lourde responsabilité politique sur les violences", par "l'impasse politique" des retraites. La gauche a réclamé un changement de doctrine du maintien de l'ordre, en insistant sur les manifestants "mutilés".
Le macroniste Florent Boudié, rapporteur, a expliqué viser dans cette commission d'enquête les "groupuscules" qui viennent avec des "mortiers d'artifice, des frondes à billes de plomb" ou des "cocktails molotov", afin "d'attenter à la vie des forces de l'ordre".
Le socialiste Roger Vicot a condamné toutes "les violences d'où qu'elles viennent, de l'extrême droite, de l'extrême gauche" et "parfois des policiers", en jugeant "légitime" et "démocratique" cette commission d'enquête.
A l'extrême droite, le RN Julien Odoul a soutenu la création de la commission, mais reproche au camp présidentiel de ne pas clairement mentionner les "milices d'extrême gauche, antifas, blacks blocs, anarchistes, écologistes extrémistes" qui "gangrènent les mouvements sociaux depuis des années", estime-t-il.
Les commissions d'enquête sont composées de trente membres au plus, désignés à la proportionnelle des groupes politiques. Leurs travaux ne peuvent excéder six mois.