Sainte-Soline: Un reportage contredit la version officielle, la gendarmerie maintient

Un reportage diffusé jeudi soir sur France 2 contredit la version des autorités sur les affrontements survenus le 25 mars à Sainte-Soline (Photo, AFP).
Un reportage diffusé jeudi soir sur France 2 contredit la version des autorités sur les affrontements survenus le 25 mars à Sainte-Soline (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 08 avril 2023

Sainte-Soline: Un reportage contredit la version officielle, la gendarmerie maintient

  • Le reportage montre que de premiers tirs de gaz lacrymogènes ont été effectués pour disperser le cortège jugé le plus radical à 12H17
  • Or, les affrontements entre manifestants radicaux et forces de l'ordre n'ont commencé qu'à 13H05

BORDEAUX: Un reportage diffusé jeudi soir sur France 2 contredit la version des autorités sur les affrontements survenus le 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), où les forces de l'ordre n'auraient fait que répliquer aux violences de certains manifestants.

Interrogée vendredi par l'AFP, la gendarmerie nationale a maintenu cette version.

Le reportage, réalisé pour l'émission "Complément d'enquête", montre que de premiers tirs de gaz lacrymogènes ont été effectués pour disperser le cortège jugé le plus radical à 12H17.

Or, les affrontements entre manifestants radicaux et forces de l'ordre n'ont commencé qu'à 13H05, avec "jets de cocktails Molotov et tirs de mortier d'artifice sur la gendarmerie", selon un rapport remis au ministère de l'Intérieur par le patron de la gendarmerie. Celui de la préfète des Deux-Sèvres donne une chronologie similaire.

"Les policiers et gendarmes ne font que répliquer à des gens qui sont violents. Ce ne sont jamais eux qui, en premier, iraient dans les rues à Sainte-Soline, trouveraient des personnes dans un champ et les attaqueraient", a affirmé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, entendu mercredi par la Commission des lois sur la gestion récente du maintien de l'ordre.

Dans le reportage de Complément d'enquête, le colonel dirigeant les opérations autour de la retenue d'eau de Sainte-Soline, contestée par les manifestants, distingue un cortège composé d'"ultras" et un autre "plutôt familial".

À 12H17, l'officier ordonne à des gendarmes montés sur des quads d'effectuer des "tirs de dispersion" sur le premier cortège, qui se trouve encore à un kilomètre de la bassine. "Ce sont les premières grenades lacrymogènes de la journée", affirment les journalistes de France 2, dont les images ne montrent alors aucune violence venue des manifestants - et le colonel n'en évoque pas.

"Ces tirs de dispersion sont intervenus en réponse à des jets de projectiles de la part d'éléments radicaux qui les avaient pris pour cible juste avant", a affirmé cependant la gendarmerie vendredi à l'AFP, en précisant que ces tirs ont été précédés d'"avertissements lancés par porte-voix" alors que "l'emploi de la force avait été autorisé".

La gendarmerie explique qu'elle ne dispose pas d'images de cet épisode car toutes ont été remises à la justice, mais assure que les déclarations du ministre de l'Intérieur correspondent à ce qui s'est passé.

Dans le reportage de France 2 ensuite, lorsque le cortège jugé pacifique arrive aux abords de la réserve d'eau, le colonel ordonne de nouveaux "tirs de dispersion" sur celui perçu comme le plus violent.

Mais les gendarmes se trompent de cible: les quads s'arrêtent à hauteur du premier cortège et les grenades lacrymogènes fusent. "Et putain, mais ils tirent ! Ils sont cons ou quoi?", lance l'officier devant la caméra. "C'était pas le bon cortège?", lui demande un journaliste. "Non", répond le colonel.

Il est alors 12H48. Selon des journalistes de l'AFP présents sur les lieux, ces tirs sur le cortège pacifique ont déclenché les affrontements. Ils ont fait 47 blessés côté gendarmes selon le parquet, et 200, dont 40 graves, côté manifestants selon les organisateurs - un homme restant entre la vie et la mort deux semaines plus tard.

Menacé de dissolution, «les Soulèvements de la terre» ne comptent «pas s'arrêter»

Sous le coup d'une procédure de dissolution, le mouvement "Les Soulèvements de la terre", co-organisateur de la manifestation contre la retenue d'eau artificielle de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) le 25 mars, a dénoncé vendredi "une volonté du gouvernement d'étouffer les mouvements qui s'opposent sur un plan écologique"", ajoutant que "dissolution ou pas", il ne va "pas s'arrêter".

"Cette dissolution, c'est une manière de détourner l'attention (...) et de retourner la responsabilité du gouvernement dans la répression brutale de manifestants ces dernières semaines, et notamment à Sainte-Soline", a déclaré Benoît Feuillu, porte-parole du mouvement, avant un rendez-vous au ministère de l'Intérieur à Paris.

Lui-même et une petite dizaine de représentants des "Soulèvements de la terre", venus déposer des obervations dans le cadre de la procédure de dissolution, n'ont finalement pas été reçus au ministère, ce dernier ne souhaitant recevoir que Benoît Feuillu et les avocats du mouvement alors que la délégation réclamait d'être reçue dans son ensemble.

Les avocats ont néanmoins pu déposer leurs observations écrites pour répondre aux griefs formulés par le ministère.

Le ministre Gérald Darmanin a annoncé le 28 mars son intention de dissoudre le groupe, citant "l'extrême violence de groupuscules fichés par les services de renseignement parfois depuis de très nombreuses années, comme le groupement de fait 'Soulèvements de la terre'".

Les militants dénoncent un "motif fallacieux".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".