En France, exposition inédite sur l’art et la culture rom en Europe

Un visiteur regarde le travail de l'artiste roumain Emanuel Barica dans le cadre de l'exposition "Barvalo, Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Voyageurs" au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille, dans le sud de la France, le 9 mai 2023. (AFP)
Un visiteur regarde le travail de l'artiste roumain Emanuel Barica dans le cadre de l'exposition "Barvalo, Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Voyageurs" au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille, dans le sud de la France, le 9 mai 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 10 mai 2023

En France, exposition inédite sur l’art et la culture rom en Europe

  • A Marseille, une exposition d'une ampleur inédite en France retrace les contributions des Roms, Sinti et Gitans à l'histoire politique et artistique européenne
  • «Barvalo», un mot romani, une langue commune parlée par les ancêtres venus d'Inde de ces différents groupes constituant désormais la plus grande minorité d'Europe

MARSEILLE: La gouaille de Charlie Chaplin, le jazz de Django Reinhardt mais aussi l'héroïsme d'Alfreda Markowska, qui sauva des enfants de l'Holocauste: à Marseille, une exposition d'une ampleur inédite en France retrace les contributions des Roms, Sinti et Gitans à l'histoire politique et artistique européenne.

"Peut-être que les gens qui sont racistes, qui discriminent, aiment Charlie Chaplin et ne savent pas qu'il fait partie de cette minorité", espère Emanuel Barica, 28 ans, dessinateur rom roumain vivant en Allemagne, auteur pour l'exposition d'une série de portraits de Roms célèbres.

Y apparaissent les visages d'une partie de ces Manouches, Gitans ou Roms dont le travail et la lutte l'inspirent et qui "serviront peut-être à combattre les préjugés": Charlie Chaplin, Django Reinhardt, qui joua avec les plus grands jazzmen américains, Pierre-André Gignac, footballeur gitan de l'équipe de France, ou Alina Serban, première femme dramaturge rom à entrer au répertoire d'un théâtre national en Roumanie, après une enfance dans un taudis, et dont le trophée de meilleure actrice d'Allemagne en 2020 est exposé.

Sur la façade du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem), au coeur de la deuxième ville de France, s'affiche en grand le titre de l'exposition inaugurée mardi soir et qui durera jusqu'au 4 septembre: "Barvalo: Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Voyageurs...".

"Barvalo", un mot romani, une langue commune parlée par les ancêtres venus d'Inde de ces différents groupes constituant désormais la plus grande minorité d'Europe, forte, selon les estimations, d'environ 12 millions de personnes. "Barvalo signifie +riche+ spirituellement ou matériellement, comme le sont les cultures romani, mais par extension +fier+", dit Julia Ferloni, conservatrice au Mucem.

Cette fierté, Cristian Padure, Rom roumain enseignant-chercheur à l'Université de Bucarest, l'a ressentie en voyant la façade du Mucem et en traduisant en romani l'ensemble du catalogue de l'exposition réunissant 200 oeuvres et archives de musées et collections privées européennes ou créées spécialement par des artistes contemporains roms, gitans ou voyageurs.

"Qu'un musée national européen comme le Mucem organise une exposition d'une telle ampleur est une reconnaissance. C'est très émouvant", témoigne le linguiste de Roumanie, pays où les Roms furent réduits en esclavage durant 500 ans, du XIVe au XIXe siècle. Des archives roumaines montrent par exemple une annonce mettant en vente "une jeune tsigane" pour 29 pièces.

"Cette exposition est unique car c'est la première fois que l'histoire, l'art et la culture romani sont présentés avec une telle visibilité, mais surtout parce qu'elle a été conçue par les communautés roms, avec leurs experts, artistes et guides", souligne Jonah Steinberg, maître de conférence à l'Université américaine du Vermont, à l'origine du projet après avoir noté combien les musées ignoraient les Roms.

L'exposition retrace d'autres persécutions contre ces populations, comme les carnets anthropométriques français, assimilant les gens du voyage --qui se nomment eux "voyageurs"-- à des malfaiteurs en les fichant, facilitant leur déportation durant la Seconde Guerre mondiale.

Les nazis et leurs alliés ont tué jusqu'à 500.000 Roms, selon le musée de l'Holocauste à Washington. Rom autrichienne, Ceija Stojka (1933-2013), rescapée de trois camps de concentration, a peint cette page sombre longtemps restée sous silence.

Conçue avec les Roms 

Mais l'exposition montre aussi la résistance du voyageur français Raymond Gurême, des Roms tchèque Josef Serinek ou polonaise Alfreda Markowska. Condamnée au travail forcé sur les voies ferrées vers Auschwitz, elle sauva 50 enfants juifs et roms.

"Nous aussi nous avons des aïeux qui ont combattu dans toutes les guerres, les voyageurs sont des hommes et des femmes qui servent leur pays", insiste Sylvie Debart, foraine sinti française, dont le grand-père, Marius Janel, fut un résistant reconnu.

"Les voyageurs, malheureusement, sont médiatisés uniquement quand ils mettent leur caravane" quelque part, "pas quand ils ont servi dans une guerre", regrette celle qui est une des guides de Barvalo.

"Pour une fois, nous avons pu participer à écrire l'histoire qui est dite sur nous", se réjouit Anna Mirga-Kruszelnicka, directrice adjointe de l'Institut européen pour les Arts et la Culture Rom (Eriac), qui a participé à ce projet avec 18 personnalités, pour beaucoup romani.

"Barvalo peut permettre à des jeunes Roms de trouver l'estime de soi", souligne Luna de Rosa, artiste italienne qui cacha un temps son identité face à "l'anti-tsiganisme". Un groupe d'adolescents roms vivant ou ayant vécu en bidonvilles à Marseille a visité l'exposition mardi soir, les yeux brillants.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com