Le journaliste de l'AFP Arman Soldin tué en Ukraine

Le coordinateur vidéo de l'Agence France-Presse en Ukraine, Arman Soldin, a été tué mardi après-midi lors d'une attaque de roquettes Grad dans l'est de l'Ukraine (Photo, AFP)
Le coordinateur vidéo de l'Agence France-Presse en Ukraine, Arman Soldin, a été tué mardi après-midi lors d'une attaque de roquettes Grad dans l'est de l'Ukraine (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 10 mai 2023

Le journaliste de l'AFP Arman Soldin tué en Ukraine

  • Arman Soldin, 32 ans, était en compagnie de quatre collègues qui sont tous indemnes
  • Journaliste reporter d'images expérimenté précédemment en poste à Londres, Arman Soldin était le coordinateur vidéo en Ukraine depuis septembre 2022 et se rendait très régulièrement sur le front

CHASIV YAR, UKRAINE: Le coordinateur vidéo de l'Agence France-Presse en Ukraine, Arman Soldin, a été tué mardi après-midi lors d'une attaque de roquettes russes dans l'Est de l'Ukraine, près de la ville assiégée de Bakhmout.

Dans la soirée, Emmanuel Macron lui a rendu hommage. "Journaliste de l'Agence France-Presse, l'un de nos compatriotes, Arman Soldin, a été tué en Ukraine. Avec courage, dès les premières heures du conflit il était au front pour établir les faits. Pour nous informer", a écrit sur Twitter le président français.

Peu après, le ministère de la Défense ukrainien a présenté ses "sincères condoléances à sa famille et à ses collègues", ajoutant, sur le même réseau social: "Il a consacré sa vie à rendre compte de la vérité au monde".

Arman Soldin faisait partie d'une équipe de cinq reporters de l'AFP qui accompagnaient des soldats ukrainiens sur le front le plus actif de la guerre, dans les environs de Tchassiv Iar, localité ukrainienne proche de Bakhmout et visée quotidiennement par les forces russes.

La salve de roquettes Grad qui l'a touchée a été tirée vers 16H30 locales (13H30 GMT). Il a été touché alors qu'il s'était couché au sol pour tenter de se protéger. Le reste de l'équipe s'en est sorti indemne.

"L'Agence dans son ensemble est effondrée", a déclaré Fabrice Fries, le PDG de l'AFP. "Sa mort est un terrible rappel des risques et dangers auxquels sont confrontés les journalistes au quotidien en couvrant le conflit en Ukraine".

Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'AFP, a salué la mémoire d'un journaliste "courageux, créatif et tenace". "Le travail brillant d'Arman résumait tout ce qui nous rend fier du journalisme de l'AFP en Ukraine", a-t-il ajouté.

Les journalistes et salariés de l'AFP morts en mission ou dans des attentats

Comme Arman Soldin, journaliste vidéaste tué mardi dans l’est de l’Ukraine, de nombreux journalistes et salariés de l'Agence France-Presse sont morts en mission ou dans des attentats depuis la création de l'Agence en 1944.

Les journalistes, permanents ou pigistes, et autres salariés de l'AFP morts en mission ou dans des attentats:

- Mai 2023 - Arman SOLDIN (Ukraine) - Coordinateur vidéo de l'AFP en Ukraine

- Juillet 2018 - Mohammad AKHTAR (Afghanistan) - Chauffeur au bureau de Kaboul

- Avril 2018 - Shah MARAI (Afghanistan) - Chef photographe du bureau de Kaboul

- Avril 2018 - Abdullah AL-QADRY (Yemen) - Vidéaste qui avait travaillé pour l'AFP

- Mai 2017 - Javier VALDEZ (Mexique) - Pigiste

- Août 2014 - James FOLEY (Syrie) - Journaliste indépendant

- Mars 2014 - Sardar AHMAD (Afghanistan) - Journaliste

- Avril 2006 - Salah JALIL AL GHARRAOUI (Irak) - Responsable administratif

- Mai 2005 - Raed JAFFAT (Irak) - Correspondant

- Mai 2005 - Paolo COCCO (Italie) - Photographe

- Décembre 2004 - Deyda HYDARA (Gambie) - Correspondant

- Juin 2003 - Acquitté KISEMBO (République démocratique du Congo) - Correspondant

- Juillet 2003 - Ali ASTAMIROV (Ingouchie) - Correspondant

- Septembre 1995 - Mushtaq ALI (Cachemire) - Photographe

- Octobre 1995 - Georges BENDRIHEM (Tunisie) - Photographe

- Avril 1994 - Lissy SCHMIDT (Kurdistan irakien) - Correspondante

- Décembre 1989 - Eloy GUEVARA (Salvador) - Photographe

- Juin 1975 - Bernard CABANES (Paris) - Journaliste

- Mars 1975 - Paul LEANDRI (Vietnam) - Journaliste

- Avril 1974 - Marc FILLIOUX (Laos/Cambodge) - Correspondant

- Décembre 1969 - Alain SAINT-PAUL (Vietnam) - Journaliste

- Septembre 1962 - Paul GUIHARD (Etats-Unis) - Journaliste

- Février 1951 - Jean-Marie de PREMONVILLE (Corée) - Journaliste

- Juillet 1950 - Maximilien PHILONENKO (Japon) - Journaliste

Journaliste reporter d'images expérimenté précédemment en poste à Londres, Arman Soldin était le coordinateur vidéo en Ukraine depuis septembre 2022 et se rendait régulièrement sur le front.

Il faisait partie également de l'équipe AFP qui avait couvert les tout premiers jours de l'invasion russe.

"Arman était enthousiaste, énergique, courageux. C'était un vrai reporter de terrain, toujours prêt à partir y compris dans les zones les plus difficiles", a dit la directrice Europe de l'AFP, Christine Buhagiar.

Evacué de Sarajevo à un an 

A l'Assemblée nationale française, les députés de tous les groupes se sont levés mardi soir pour applaudir en hommage au journaliste.

Recruté à Rome en 2015 en tant que stagiaire avant de rejoindre le bureau de Londres la même année, Arman, de nationalité française et bosnien d'origine, était né à Sarajevo. Il était l'un des premier évacués en France en 1992 au début du siège de la ville. Il avait à peine un an.

"Les histoires de réfugiés me touchent", racontait-il l'année dernière pour le blog Making Of de l'AFP, interrogé depuis Kiev alors qu'il s'éclairait à la bougie.

Il parlait couramment français, anglais et italien mais ses origines l'aidaient dans son travail en Ukraine: "Je baragouine un peu en bosniaque, c'est aussi une langue slave, on se comprend un peu (...) "Beaucoup de femmes s'appellent Oksana, ma mère aussi".

Footballeur doué, il avait joué, jeune, au Stade Rennais dans l'ouest de la France mais avait abandonné ses espoirs d'accéder à une carrière professionnelle.

Quand la Russie a envahi l'Ukraine en février l'année dernière, Arman s'est porté volontaire pour faire partie des premiers envoyés spéciaux de l'Agence.

"Un an presque jour pour jour depuis mon arrivée en Ukraine pour la première fois qui a changé ma vie", écrivait-il en février, se disant "très fier et ému du travail, des efforts et des larmes que nous y avons consacrés avec mes collègues".  "Ce n'est pas fini", ajoutait-il.

Il est au moins le onzième reporter, fixer ou chauffeur de journalistes a avoir été tué en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022, selon un décompte des ONG spécialisées RSF et CPJ.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.