PARIS : «Il faut forcer» les multinationales qui fournissent les produits de consommation courante aux supermarchés «à revenir à la table des négociations pour baisser les prix», car pour l'heure ils «font les morts», a déclaré lundi Michel Biero, directeur exécutif achat chez Lidl.
«On attend que les grands industriels, les multinationales qui produisent» les «grandes marques que les Français plébiscitent et consomment tous les jours (...) reviennent à la table des négociations, tel que l'a demandé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, pour que les prix rebaissent», a-t-il affirmé sur RTL.
Chaque année, les supermarchés négocient avec leurs fournisseurs industriels les nouvelles conditions auxquelles ils leur achèteront leurs produits. Les négociations pour 2023, achevées le 1er mars, ont abouti à une hausse moyenne d'environ 10%.
Le gouvernement réunira jeudi à Paris les poids lourds du secteur de la distribution - une seconde réunion avec les industriels doit avoir lieu à une date indéterminée. Il veut pousser distributeurs et industriels à rouvrir des négociations commerciales, car le coût de certaines matières premières baisse depuis plusieurs mois, sans grand impact sur les prix en supermarché.
Les négociations pour les achats pour le second semestre ont toutefois commencé chez Leclerc, a dit fin avril le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc.
«Chez Lidl, ça fait trois semaines qu'on baisse des centaines d'articles (...) mais j'ai pris sur ma marge», a poursuivi M. Biero sur RTL. «Bien évidemment, j'ai envoyé un courrier parallèle à celui de Bruno Le Maire pour dire à cette grande marque (de soda, NDLR): + Ce serait bien de revenir pour discuter de cette baisse de prix que j'ai mise dans le rayon +», a-t-il dit.
Or aujourd'hui «ils font les morts», a affirmé M. Biero, «Il y a un seul et unique industriel qui au moment où je vous parle, est venu me voir spontanément pour me dire: +On va baisser le prix+, c'est (le) grand fabricant français de jambon Fleury Michon».
Si l'on «ne retrouvera pas les prix d'avant-crise, il faut que les prix baissent, parce que beaucoup d'indicateurs sont au vert», a-t-il poursuivi, citant les coûts du fret et de l'énergie, les prix du blé et du colza.