En Grèce, l'Eglise orthodoxe sceptique rattrapée par le coronavirus

Une église orthodoxe vide lors des célébrations du Vendredi saint le 17 avril 2020 à Athènes. (AFP)
Une église orthodoxe vide lors des célébrations du Vendredi saint le 17 avril 2020 à Athènes. (AFP)
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Publié le Vendredi 04 décembre 2020

En Grèce, l'Eglise orthodoxe sceptique rattrapée par le coronavirus

  • Le mois dernier, au moins cinq prélats de l’Église orthodoxe grecque ont été contaminés par le virus, dont l'un est mort
  • Peu après le début du deuxième confinement, l'association des prêtres grecs s'était plainte de mesures "excessives" qui "entravent la liberté de religion".

ATHÈNES : La puissante Eglise orthodoxe grecque, jusqu'ici largement sceptique voire hostile aux mesures imposées contre le coronavirus, doit faire face à la réalité de la pandémie, après la contamination de cinq prélats - dont son propre chef.

L'Eglise "n'a d'abord pas réalisé l'ampleur du problème", explique Chrysostomos Stamoulis, professeur de théologie à l'Université de Thessalonique.

"Dans plusieurs cas, l'arrogance a prévalu, plusieurs (prêtres) se sentant invulnérables", dit-il.

Mais le mois dernier, au moins cinq prélats ont été contaminés par le virus, dont l'un est mort.

Parmi eux, l'archevêque Iéronymos, 82 ans, le chef de l'influente Eglise orthodoxe, non séparée de l'Etat en Grèce.

"J'étais dans la peur et la douleur de même que d'autres personnes", a déclaré Mgr Iéronymos en sortant de l'hôpital où il était resté près de deux semaines.

Au Mont Athos aussi, les moines reclus n'ont pas été épargnés par le virus, malgré leur isolement dans un massif montagneux du nord de la Grèce.

Si l'Etat grec a interdit les offices religieux, au même titre que tout rassemblement du public, les églises du pays sont restées ouvertes, pendant le premier confinement du printemps, comme pour le second débuté le 7 novembre.

Une indulgence qui a valu de nombreuses critiques au gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis, dont les liens avec l'Eglise sont étroits.

Des images, dénoncées par l'opposition, montraient des membres du clergé sans masque ni distanciation sociale, ou pratiquant même la communion.

Mgr Iéronymos lui-même, bien avant son hospitalisation, avait insisté sur l'importance de poursuivre le rituel de la communion, malgré les réticences des scientifiques. "Sans la communion, il n'y pas d'Eglise", avait-il dit au quotidien Kathimerini au printemps.

Peu après le début du deuxième confinement, l'association des prêtres grecs s'est plainte de mesures "excessives" qui "entravent la liberté de religion".

"Responsabilité de tous"

Ce n'est qu'après l'aggravation de la situation sanitaire et la contamination de plusieurs popes, que le chef de l'Eglise a appelé le clergé à "respectueusement suivre les règles et les mesures des autorités sanitaires compétentes".

"Nous avons tous la responsabilité de protéger par notre comportement l'homme et la santé publique, afin de pouvoir fêter Noël dans nos églises", a déclaré le dignitaire modéré, le 14 novembre lors d'une rencontre avec le Premier ministre.

Mais le chef de l'Eglise a du mal à convaincre. "En réalité, on a donné les clés de nos églises", s'est plaint Serafeim, l'évêque de Cythère, le 30 novembre dans une lettre à Mgr Iéronymos.

Généralement, la réponse du clergé a été "pour le moins problématique", estime Alexandros Sakellariou, maître de conférences en religion à l'université à distance de Grèce.

"On peut plaider qu'en tant que prêtres orthodoxes (...) ils espèrent rencontrer leur créateur", dit-il.

Mais entre mai et octobre, "surtout dans les zones rurales", les prêtres allaient jusqu'à se moquer des fidèles venant à l'église avec un masque, rapporte l'universitaire.

Des dignitaires religieux se montraient sans masque à d'importants cérémonies nationales, comme à l'investiture de nouveaux ministres en août ou lors d'une importante célébration religieuse à Thessalonique en octobre.

De l'eau bénite comme "traitement"

Et un évêque à la retraite, guéri du coronavirus, a même déclaré que son "traitement régulier" était constitué d'eau bénite.

"L'Eglise a créé des obstacles plutôt que d'aider l'Etat" qui paye aussi ses salaires, selon M. Sakellariou. "Aucune autre communauté religieuse (de Grèce) n'a exprimé de telles objections".

A Pâques, la plus grande fête religieuse de Grèce, l'Eglise avait refusé de suspendre le rituel de la communion.

Le Saint-Synode estime qu'il n'y a pas de risque de contamination lors de ce rituel, au cours duquel le pain est trempé dans le vin dans un seul et même calice.

Encore mi-novembre, la haute autorité de l'Eglise jugeait déplacés et "très exagérés" les appels à suspendre le sacrement, alors que l'évêque de Crète comparait le port du masque à de "l'esclavage".

Les nombreux mariages et baptêmes tenus sans précaution cet été sont soupçonnés d'avoir contribué au pic des infections.

L'Eglise doit "finalement se plier devant la science, avec laquelle elle n'a jamais eu de très bonnes relations", observe M. Sakellariou.

L'universitaire craint cependant qu'une partie du clergé reste corona-sceptique. "Si l'on lit les articles de théologiens et de prêtres, il est clair que ce point de vue existe toujours", dit-il.

 


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.