DUBAÏ: Alors que le Royaume-Uni se prépare pour le couronnement du roi Charles III le 6 mai, des membres de familles royales du monde entier se préparent à assister à la cérémonie du couronnement du nouveau monarque britannique.
Conformément à la tradition, le couronnement aura lieu à l'abbaye de Westminster où Charles sera oint d'huile sainte et couronné de la couronne de Saint-Édouard, datant du XVIIe siècle et modelée pour s'adapter à sa tête.
Des milliers de personnes devraient se rassembler à l'abbaye et dans les rues environnantes à Londres pour assister à cet événement historique et grandiose, et prêter allégeance à leur nouveau roi.
Des membres des familles royales arabes assisteront à cet événement, des familles dirigeantes qui ont eu des liens étroits avec la maison de Windsor pendant sept décennies sous le règne de feue la reine Elizabeth II, et que le nouveau roi britannique connaît bien.
L'attrait de Charles pour le monde arabe, et plus largement le Moyen-Orient, a créé un lien particulier avec la région. Il en va de même pour sa curiosité pour l'islam, un fait qui l'a amené à étudier cette foi en profondeur et à adopter bon nombre de ses principes.
Des objets d’art islamique ornent de nombreux palais royaux britanniques. Charles a activement participé au dialogue interreligieux entre les chefs des religions monothéistes. Il a remis l’ordre de l'Empire britannique honorifique au citoyen saoudien Mohammed Abdel Latif Jamil, qui a organisé l'exposition d'art islamique au Victoria and Albert Museum de Londres.
Son enthousiasme pour le Moyen-Orient est tel que Charles a dit à des amis parmi les membres des familles royales du Golfe que certaines de ses expériences les plus profondes de la vie se sont déroulées dans les déserts du Hijaz, que les prophètes parcouraient autrefois, et où l'histoire de la région et sa foi profonde ont été forgées.
Le couronnement réunira des chefs d'État nationaux et internationaux, des familles royales et leurs représentants du monde entier, notamment d'Arabie saoudite, de Jordanie et du Koweït.
Faisant écho à la relation que sa défunte mère, la reine Elizabeth, a forgée avec le Moyen-Orient, le roi Charles devrait resserrer encore pendant son règne ce lien étroit pour lequel il est connu.
À titre d’exemple, il considérait feu le roi Abdallah d'Arabie saoudite comme un ami personnel. Après son décès en janvier 2015, Charles s'est envolé pour Riyad afin de présenter ses condoléances en personne à son successeur, le roi Salmane, et rendre un dernier hommage à son ami.
Charles a visité la région pour la dernière fois avec sa femme, la reine consort Camilla, en novembre 2021, lorsqu’ il s'est rendu en Égypte et en Jordanie pour renforcer le dialogue interreligieux.
En Jordanie, il a également rendu visite à des réfugiés syriens et palestiniens qui dépendent grandement des dons saoudiens et britanniques pour s’en sortir.
Au total, Charles a effectué douze visites officielles en Arabie saoudite, sept aux Émirats arabes unis et au Koweït, six au Qatar et cinq en Jordanie.
Son admiration et son amour pour le Moyen-Orient se reflètent même dans ses aquarelles où il s'inspire souvent de Wadi Arkam et de Diriyah en Arabie saoudite, ainsi que d'Aqaba en Jordanie.
Le prince de Galles de l'époque a créé de nombreuses fondations caritatives au Moyen-Orient, notamment la Prince's Foundation, qui se donne pour mission de «réaliser la vision du prince de Galles de créer des communautés pour un monde plus durable».
La fondation se concentre sur l'éducation, l'appréciation du patrimoine et la création d'opportunités égales pour les jeunes au Royaume-Uni et à l'étranger. Elle gère des programmes satellites dans plus de vingt pays, dont l'Arabie saoudite et l'Égypte, où elle a construit des centres.
Dans la vieille ville de Djeddah, Al-Balad, elle a créé un centre d'art et d'artisanat, permettant aux étudiants de participer aux projets de restauration du ministère de la Culture.
Lors du festival Tantora à AlUla qui s'est tenu en hiver, du 10 janvier au 21 mars 2020, la fondation a présenté une exposition intitulée Cosmos, couleur et artisanat: l'art de l'ordre de la nature à AlUla. Elle a également organisé une série d'ateliers de travail en coopération avec la Commission royale pour AlUla.
Le nouveau roi, bien que n'ayant pas de pouvoirs exécutifs, détient le titre de défenseur de la foi et de gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre. Pour un grand nombre de personnes, ses opinions chaleureuses sur l'islam et son intérêt pour cette religion sont un signe d'espoir.
Après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, Charles, qui s'est longtemps immergé dans l'islam, étudiant les tissus, les jardins et l'architecture de la religion, a renforcé encore ses opinions contre l'islamophobie.
Citant le Saint Coran lors de sa visite au Pakistan en 2006, il a déclaré: «Seuls ceux qui ont du cœur prêtent de l’attention; seuls ceux qui ont du cœur croient ou voient les signes.»
Charles, qui est également le parrain du Centre d'études islamiques d'Oxford, a appris l'arabe pendant six mois avant sa tournée dans le Golfe en 2016.
En 2020, il s'est rendu pour la première fois dans les territoires palestiniens et a souhaité aux Palestiniens «liberté, justice et égalité», tout en exhortant à plusieurs reprises le gouvernement britannique à œuvrer davantage pour l’amélioration des conditions et de niveau de vie des Palestiniens.
Alors que son accession au trône signifie qu'il ne pourra plus exprimer librement son point de vue, il a clairement exprimé son opinion sur le Moyen-Orient et l'islam.
Avec plus de trois millions de musulmans au Royaume-Uni, l'islam est la deuxième religion du pays, et les opinions du nouveau monarque à ce sujet sont bien connues.
Après l'annonce de la mort de la reine Elizabeth le 8 septembre, des prières et des sermons ont eu lieu dans tout le pays en son honneur. Un sermon du vendredi a eu lieu dans la mosquée centrale de Cambridge où l’imam Abdal Hakim Murad a lu quelques lignes de l'un des discours de Charles. Il a dit: «Que nous soyons monarchistes ou non, que nous nous soucions de cela ou non, il importe qu'à une époque de montée de l'islamophobie, certaines personnes souhaitent se tenir à nos côtés.»
Charles aurait par ailleurs dit: «L'islam peut nous enseigner aujourd'hui une façon de comprendre et de vivre dans le monde que le christianisme lui-même s’est appauvri d'avoir perdu. Au cœur de l'islam se trouve la préservation d'une vision intégrale de l'univers.»
En 2006, à Al-Azhar en Égypte, la principale université d'enseignement islamique, le prince de Galles de l'époque a déclaré: «Nous, en Occident, sommes redevables aux érudits de l'islam, car c'est grâce à eux que pendant l'âge des ténèbres en Europe les trésoriers du savoir classique ont été maintenus en vie.»
En 2010, lors d'un discours à l'Université d'Oxford, Charles a affirmé: «Le monde islamique est le gardien de l'un des plus grands trésors de sagesse accumulée et de connaissances spirituelles existants pour l'humanité.»
À une époque où l'islamophobie et la xénophobie sont en hausse dans tout l'Occident, le nouveau monarque britannique donne du pouvoir aux communautés musulmanes, sa position n'a d'égale chez aucune autre personnalité politique occidentale.
Charles a été l'un des rares à s'opposer publiquement à l'interdiction européenne de la burqa et à condamner la caricature danoise insultant le prophète Mahomet.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com