RAMALLAH: L'armée israélienne a tué quatre Palestiniens à Naplouse, en Cisjordanie occupée, jeudi – trois d'entre eux lors d'une opération militaire à l'intérieur de la vieille ville, et le quatrième, une jeune femme, au poste de contrôle de Huwara, au sud de la ville.
Ces décès portent à 108 le nombre de Palestiniens tués par des Israéliens depuis le début de l'année, dont 20 enfants et une femme.
Les trois victimes ont été identifiées comme étant Muath al-Masri, Ibrahim Jabr et Hassan Qatanani. Ils ont été tués lors d'un raid sur leur maison.
Deux corps ont été retrouvés gravement défigurés en raison de l'intensité des tirs israéliens, a indiqué le ministère palestinien de la Santé.
Une grève générale a été observée pour protester contre l'attaque israélienne, et des milliers de personnes ont participé aux funérailles des victimes jeudi après-midi.
L'armée israélienne a accusé deux des trois jeunes hommes d'être responsables du meurtre de trois colons israéliens dans la vallée du Jourdain, il y a plusieurs semaines.
La quatrième victime, une femme identifiée comme Iman Odeh, 26 ans, a été tuée d'une balle dans la poitrine tirée par des soldats israéliens à Hawara. L'armée a affirmé qu'elle avait tenté de commettre une attaque à l'arme blanche.
Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que les militaires israéliens avaient empêché les ambulanciers de lui sauver la vie.
Lors d'une réunion avec une délégation de l'UE, le Premier ministre palestinien, Mohammed Chtayyeh, a demandé à l'Union Européenne de faire pression sur les autorités israéliennes pour qu'elles cessent de tuer des Palestiniens.
Shawan Jabarin directeur de l'organisation de défense des droits de l'homme Al-Haq à Ramallah, a déclaré à Arab News, que les trois hommes auraient pu être arrêtés si les soldats israéliens l'avaient voulu.
L'opération de l'armée israélienne équivaut à une «exécution extrajudiciaire» et à un «crime de guerre», a-t-il signalé.
«Lorsque l'armée israélienne prend pour cible des personnes spécifiques dont l'identité est connue, il s'agit d'une exécution extrajudiciaire, qui est considérée comme un crime de guerre», a insisté Jabarin.
La politique israélienne à cet égard est évidente, puisque les forces qui ont fait irruption dans la maison avaient l'intention de tuer et non de procéder à des arrestations, a-t-il ajouté.
Jabarin a indiqué que son organisation préparait un rapport détaillé sur les exécutions extrajudiciaires de Palestiniens, qui serait bientôt soumis à la Cour pénale internationale.
Il a mentionné que cette question était douloureuse parce qu'il n’y a toujours pas d'organisme local, régional ou international chargé d'enquêter sur les abus israéliens et les exécutions extrajudiciaires de Palestiniens, «ce qui permet aux soldats meurtriers et à leurs chefs d'échapper en toute impunité».
Taysir Nasrallah, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah à Naplouse, a déclaré à Arab News que l'armée israélienne aurait pu arrêter les trois jeunes hommes et les juger s'ils étaient accusés.
«Les agents infiltrés sont entrés dans la vieille ville dans le but de commettre un meurtre prémédité. Si les Palestiniens les avaient découverts, les agents auraient pu commettre un massacre contre des civils», a-t-il précisé.
Nasrallah a condamné le déploiement de tireurs d'élite sur les toits des bâtiments voisins, qui ne se souciaient pas de savoir si des civils sans lien pouvaient être tués, ainsi que l'utilisation de drones qui ont tiré des obus sur la maison ciblée, la détruisant.
«Les forces spéciales de l'armée israélienne sont venues pour tuer et commettre un massacre, et elles ne se sont pas souciées du risque de tuer dix civils sans aucun lien avec l'affaire. Leurs opérations militaires terrorisent les Palestiniens et les poussent à se venger», a déclaré Nasrallah à Arab News.
L'opération a débuté à 7h20, heure à laquelle les travailleurs et les étudiants se déplacent habituellement en grand nombre, ce qui les expose au danger d'être pris dans un feu croisé.
Les écoles ont décidé de décaler les cours jusqu'à ce que les forces israéliennes quittent la ville, craignant pour la vie des élèves.
Nasrallah a appelé l'Autorité palestinienne à ne pas participer à la réunion sur la sécurité qui devrait se tenir avant la fin du mois dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh.
«Tant que l'armée israélienne ne s'engage pas à mettre fin aux meurtres de Palestiniens, à utiliser la violence contre eux, à prendre d'assaut les villes palestiniennes et à ignorer complètement la présence de l'Autorité palestinienne et de ses services de sécurité, quel est l'intérêt de ces réunions ?» s’est demandé Nasrallah.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com