L'Assemblée vote l'abrogation de l'obligation vaccinale anti-Covid, échec pour le gouvernement

Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 2 mai 2023 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 2 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 05 mai 2023

L'Assemblée vote l'abrogation de l'obligation vaccinale anti-Covid, échec pour le gouvernement

  • «Le complotisme l'a emporté sur la science», a déploré après le premier vote le ministre de la Santé François Braun
  • Le gouvernement a déjà annoncé la réintégration à venir des soignants non-vaccinés, après un avis de la Haute autorité de Santé

PARIS: Les députés ont adopté jeudi en première lecture une proposition de loi pour abroger, et pas seulement suspendre, l'obligation vaccinale anti-Covid des soignants, un échec pour gouvernement et majorité, qui ont essuyé un deuxième revers sur un texte concernant EDF.

"Le complotisme l'a emporté sur la science", a déploré après le premier vote le ministre de la Santé François Braun, s'opposant à un texte qui va selon lui "affaiblir notre capacité de réponse" face à la Covid et qui envoie un "message regrettable".

Le gouvernement a déjà annoncé la réintégration à venir des soignants non-vaccinés, après un avis de la Haute autorité de Santé (HAS). Elle pourrait débuter dès le 15 mai.

Mais la proposition gouvernementale est insuffisante pour de nombreux députés d'opposition, notamment d'outre-mer. À l'instar de Jean-Victor Castor (Guyane), auteur du texte étudié dans le cadre d'une journée réservée à son groupe à majorité communiste.

"Le décret ne fera que suspendre les suspensions (de personnels), laissant la possibilité au gouvernement" d'y recourir à nouveau, a insisté le député. Son texte prévoit également que les agents "conservent le droit à l'avancement qu'ils possédaient avant la suspension".

Le débat est resté globalement calme, loin de l'embrasement qu'avait suscité un texte de La France insoumise portant sur le même sujet, en novembre dernier.

Les députés de gauche se sont attachés à rejeter les accusations en "complotisme". "Je redis le respect que nous avons pour les scientifiques, pour la vaccination", a insisté le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

Plusieurs élus ont insisté pour obtenir une abrogation, afin qu'une éventuelle nouvelle obligation vaccinale passe forcément par le Parlement, et non par décret.

Les députés de la majorité présidentielle se sont tous prononcés contre. Insuffisant face aux voix combinées des oppositions, qui ont fait passer le texte avec 157 voix contre 137.

Ce vote a fait vivement réagir plusieurs organisations de soignants. Le vice-président du Conseil national de l'ordre des médecins, Jean-Marcel Mourgues, a dit son "incompréhension", alors que la "Covid continue de rendre malade et de tuer beaucoup de monde".

«Manoeuvres» côté majorité

Dans la soirée, communistes et socialistes ont transformé l'essai contre le gouvernement, avec un texte de Philippe Brun (PS), adopté en deuxième lecture, qui prévoit notamment que le capital d'EDF soit détenu à 100% par l'État. Pour s'y opposer, le gouvernement argue qu'il mène déjà une opération de nationalisation.

Épaulé par le communiste Sébastien Jumel, le député socialiste veut également graver dans la loi les activités d'EDF, pour empêcher tout projet de "démantèlement", soupçonnant l'exécutif de ne pas avoir renoncé à un projet controversé de restructuration. Ce dernier dément fermement.

La proposition de loi prévoit aussi d'étendre les tarifs réglementés de l'électricité à certaines entreprises et, ont ajouté les députés, à des collectivités. Le texte va poursuivre sa navette avec le Sénat.

"On ne peut que se féliciter que la démocratie en France fonctionne encore", a salué Frédéric Roy, artisan boulanger, lors d'un rassemblement en soutien au texte devant l'Assemblée.

Mais cela n'a pas été sans peine. Le camp présidentiel a fait de l'"obstruction" pour tenter de reporter le vote, ont dénoncé l'ensemble des oppositions.

Suspensions de séance rallongées et longues prises de parole se sont succédé, sans empêcher le vote final, gagné par 127 voix contre 89.

En cet anniversaire des un an de l'alliance de gauche Nupes, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'est élevé contre "une journée à 10 milliards d'euros" à l'Assemblée, qui risque d'"envoyer la France dans le décor".

En début de matinée, les communistes avaient échoué à faire adopter une résolution non contraignante, condamnant le "régime d'apartheid institué par l'État d'Israël".

La course contre la montre inhérente aux journées de "niche" a bouleversé le programme du groupe, qui a renoncé à un texte prévoyant de repousser l'ouverture à la concurrence des bus RATP. Ils ont également retiré une proposition de sanctuariser des lignes du réseau SNCF et, à "contrecoeur", un texte pour prioriser l'emploi dans les Outre-mer de fonctionnaires d'État issus de ces territoires.

Reste au menu de la soirée la proposition d'indexer la dotation globale de fonctionnement des collectivités sur l'inflation. Mais les communistes redoutent de ne pas parvenir au bout de son examen avant minuit.


1er-Mai: des milliers de personnes défilent pour les salaires ou pour la paix

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT  (Photo, AFP).
Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT (Photo, AFP).
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  • Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée
  • A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie

PARIS: "La colère sociale, elle est bel et bien présente": des milliers de personnes manifestent en France mercredi à l'occasion du 1er-Mai, avec des revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, la paix, Gaza ou encore une Europe "plus protectrice".

Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée.

A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie comme Fabien Roussel (PCF) à Lille ou Manon Aubry (LFI) à Lyon. A Saint-Etienne, la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann a été empêché de rejoindre le cortège après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Une éviction que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit désapprouver "totalement".

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT, sous un ciel gris, derrière une banderole proclamant: "Mobilisés pour la paix et le progrès social".

A Rennes, la manifestation a attiré 1.400 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Nantes, ils étaient entre 4.000 et 5.000, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers midi, de premières dégradations avaient lieu.

A Lyon aussi, entre 6.500 (préfecture) et 13.000 (CGT) ont défilé. Au moins 17  personnes ont été interpellées après des dégradations et des tensions avec les forces de l'ordre.

A Toulouse, ils étaient 3.000, selon la préfecture, 8.000, selon les organisateurs. Le défilé, sous la pluie, s'est tenu au milieu de drapeaux syndicaux, mais aussi palestiniens. "Stop à la guerre, augmentez les salaires" ou "contre la précarité", pouvait-on lire sur des pancartes.

A Paris, la manifestation doit s'élancer à 14H00 de la place de la République vers la place de la Nation. Dans une unité assez large, puisque la CFDT et l'Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires.

Avant le départ du cortège parisien, la numéro un de la CGT Sophie Binet a notamment mis en avant "le refus des politiques de casse sociale" et la défense des libertés, y compris syndicales.

La CGT, FSU et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l'Unef, la Fage ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment "contre l'austérité", pour l'emploi et les salaires ou encore la paix.

Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à "rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses". Sa numéro un Marylise Léon devait se rendre à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes.

«plus compliqué»

Son homologue de FO, Frédéric Souillot, était à Montauban, en Occitanie, et dans la capitale les militants devaient manifester séparément depuis la place d'Italie à midi.

L'an dernier, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites.

"Là évidemment, c'est plus compliqué", a reconnu sur BFMTV Benoit Teste (FSU), tout en soulignant comme Marylise Léon, plus tôt sur France Inter, que les appels sont signés "assez largement" localement, notamment à Paris.

Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, consultée par l'AFP.

C'est nettement moins que l'an dernier où la mobilisation avait rassemblé près de 800.000 manifestants, selon les autorités, et 2,3 millions, selon la CGT, bien au delà d'un 1er mai classique. A titre de comparaison en 2022, la police avait dénombré quelque 116.000 manifestants (dans la fourchette ordinaire se situant entre 100.000 et 160.000) et la CGT 210.000.

Selon les remontées de la CGT, la mobilisation est "un petit peu plus élevée que le 1er mai 2022. (...) La colère sociale, elle est bel et bien présente", a affirmé Sophie Binet.

A Paris entre 15.000 et 30.000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux.

Mais les autorités s'attendent globalement à des manifestations "plus apaisées" que l'an dernier. De source policière, 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 5.000 à Paris.


Visite du chef de la diplomatie française au Caire mercredi

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  • Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée
  • La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer

 

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères a décidé de prolonger sa tournée au Moyen-Orient par une visite au Caire mercredi "dans le cadre des efforts de l'Egypte pour obtenir la libération des otages et une trêve à Gaza", a indiqué son entourage à l'AFP.

Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée pour porter "le sujet des trois otages français et la coopération humanitaire".

Cette visite intervient alors qu'une médiation qatarie, égyptienne et américaine de longue haleine a fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, associée à la libération d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi quotidiens dans la bande de Gaza.

La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer alors que la population manque de tout.

Israël a donné "jusqu'à mercredi soir" au Hamas pour répondre à son offre de trêve discutée au Caire.

L'Egypte avait affirmé lundi avoir "bon espoir" concernant une trêve. Mais Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a déclaré à l'AFP qu'il était "trop tôt pour parler d'une atmosphère positive dans les négociations".

Quelque 250 personnes ont été enlevées par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Ecrans: Macron donne un mois au gouvernement pour dégager des mesures

Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
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  • «Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe» : c’est l'objet du rapport
  • La commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents

PARIS: Le gouvernement a un mois pour dégager des mesures à partir du rapport remis par une commission mandatée pour plancher sur l'usage des écrans et des téléphones portables chez les enfants et adolescents, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.

"Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe : c’est l'objet du rapport qui m'a été remis par la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans que j’avais lancée. J’ai donné un mois au gouvernement pour examiner ses recommandations et les traduire en actions", a écrit sur X le chef de l'Etat.

Dans ce rapport d'une centaine de pages, la commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents. Elle alerte en particulier sur "les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité ou encore la myopie.

Les dix experts dépeignent également les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", et jugent "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus violents. Ils proposent donc par exemple de pouvoir donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux à partir de 13 ans seulement, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".