Chypre attache une «grande importance à la région du Golfe»

Un soldat de la Garde nationale chypriote en masque monte la garde devant un poste de sécurité près de la zone tampon à Nicosie, la dernière capitale divisée du monde, le 26 novembre 2020 (Photo, AFP/Archives)
Un soldat de la Garde nationale chypriote en masque monte la garde devant un poste de sécurité près de la zone tampon à Nicosie, la dernière capitale divisée du monde, le 26 novembre 2020 (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 04 décembre 2020

Chypre attache une «grande importance à la région du Golfe»

  • La Turquie n'a absolument pas le droit de forer là, c’est pour cette raison qu’elle a été condamnée par l'UE et la communauté internationale.
  • Aucun pays ne voudrait inclure la Turquie dans les mécanismes de coopération régionale, y compris les réseaux énergétiques et sécuritaires, plus que nous

DUBAÏ: La décision de la Turquie d'arrêter la prospection de pétrole et de gaz naturel en mer Méditerranée survient à la veille d’une réunion des leaders de l'Union européenne. A l’ordre du jour, décider ou non d’imposer des sanctions à Ankara pour ses projets de forage dans ce que la Grèce et Chypre considèrent comme étant leur territoire maritime.

Les leaders du continent vont décider lors du sommet du 10 et 11 décembre du sort des potentielles sanctions potentielles concernant les activités turques.

Les tensions entre la Turquie et les deux pays membres de l’UE vives étaient à fleur de peau au cours des incursions sporadiques de cette dernière dans les eaux contestées.

La Turquie a repris à la mi-octobre ses activités de prospection, après un bref arrêt, renvoyant l'Oruc Reis vers la Méditerranée orientale. Lundi, le gouvernement turc a annoncé que le navire a terminé les levés sismiques et se dirigeait vers le port d'Antalya.

Dans une interview via le Zoom avec Arab News, Demetris Samuel, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République de Chypre, a donné le point de vue de son gouvernement sur un éventail de questions, y compris les relations diplomatiques et économiques avec les pays du Golfe.

Q: La Turquie a commencé ses opérations de forage pétrolier et gazier au large de Chypre, dans ce qu'elle appelle «son plateau continental». Que peut Chypre faire au-delà des protestation et des avertissements de l'UE?

R: Nous avons fait de grands efforts pour délimiter nos zones maritimes avec nos voisins. Nous pensons qu’il faut un dialogue avec la Turquie sur la base du droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM). Nous avons délimité nos zones maritimes avec l'Égypte, Israël et le Liban et nous avons appelé à plusieurs reprises la Turquie à engager un dialogue afin de pouvoir également délimiter nos frontières maritimes avec Ankara.

La Turquie a jusqu'à présent refusé, puisqu’elle ne reconnaît pas la République de Chypre. Au cours des derniers dix-huit mois, la Turquie a mené six forages illégaux dans la zone économique exclusive ou sur le plateau continental de Chypre. Elle a même exécuté des opérations de forage dans les eaux territoriales de Chypre, dans les 12 milles marins de Chypre précisément. La Turquie a foré principalement au sud des eaux territoriales chypriotes et égyptiennes. La Turquie n'a absolument pas le droit de forer là, c’est pour cette raison qu’elle a été condamnée par l'UE et la communauté internationale.

Q: Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a affirmé que le dernier retrait par la Turquie du navire Oruc Reis «réduira certainement les tensions et facilitera également les progrès dans le processus de désescalade du conflit». Considérez-vous cela comme un développement positif pour la région dans son ensemble, y compris Chypre?

R: Si vous regardez la situation autant que telle, c’est une évolution positive, mais n’oublions pas que c’est une situation que nous avons vécue dans le passé avec la Turquie. Nous savons comment cela se termine. La Turquie retire le navire quelques jours avant le prochain Conseil européen afin de montrer à nos partenaires européens qu'elle prend du recul pour permettre un espace de dialogue. Puis, dès que la réunion du conseil se termine, le navire de forage ou le navire d'exploration poursuis sa mission. La Turquie n'a pas admis publiquement qu'elle avait a réellement retiré le navire.

Q: La Turquie a critiqué l'accord entre Chypre et le département d'État américain sur la création d'un centre de formation de sécurité commun, affirmant qu'il «nuirait à la solution du problème chypriote». Selon vous, quel type de solution satisfera la Turquie, qui n'est pas membre signataire de la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer?

R: L'objectif ultime de la Turquie depuis le début, depuis qu’elle a envahi Chypre en 1974, était d'avoir une influence, d’avoir le dernier mot sur ce qui se passe sur l'île. Elle a utilisé la communauté chypriote turque comme prétexte pour se mêler des affaires internes de l'île.

 

Cette photographie publiée par le ministère turc de la Défense le 12 août 2020 montre le navire de recherche sismique turc Oruc Reis qui se dirige vers l'ouest d'Antalya, dans la mer Méditerranée. (Photo, AFP/Ministère turc de la défense/d'archives)

La seule préoccupation du (Président) Erdogan est d’utiliser les Chypriotes turcs comme prétexte en vue de prouver sa domination sur Chypre. Après l’élection d'Ersin Tatar en tant que nouveau chef chypriote turc en octobre dans la zone occupée, le côté turc parle, publiquement même, d'une solution à deux États.

Q: Les dernières initiatives américaines sont considérées par beaucoup comme faisant partie des efforts de Washington pour détourner Nicosie de l'influence de Moscou. Chypre ressent-elle la pression des deux rivaux pour les garder heureux ou considère-t-elle que la concurrence est entièrement à son avantage?

R: Ni l'un ni l'autre. Nous menons notre politique étrangère sur la base d'un agenda positif. Nous ne pensons pas qu’il serait bénéfique de parier sur les États-Unis contre la Russie et vice versa.

Le maintien de nos excellentes relations avec les membres du Conseil de sécurité de l’ONU est l’un des piliers de notre politique étrangère et nous sommes très conscients que cela n’est pas affecté par tout ce que nous faisons dans une direction particulière.

Nous sommes un petit pays avec un problème existentiel. Nous avons 40 000 soldats étrangers sur notre sol, nous croyons fortement au droit international, et nous attachons une grande importance aux résolutions du Conseil de sécurité. Étant donné que les États-Unis et la Russie sont tous deux membres de ce Conseil, nous ferons de notre mieux pour ne pas laisser nos actions avoir un impact sur des acteurs internationaux de poids. Nous ne voyons pas notre politique étrangère comme un jeu à somme nulle.

Q: Lors de réunions tenues en août, le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, le prince Faisal bin Farhan, a réitéré le soutien de Riyad aux droits souverains de Chypre, tandis que son homologue chypriote a déclaré que «la solidarité et le soutien de pays comme l’Arabie saoudite» étaient une nécessité absolue pour Chypre. Comment décririez-vous cette relation?

R: Si vous regardez les faits concrètement, vous pouvez se rendre compte de l'importance que nous attachons à la région du Golfe. Certes, Chypre est l'un des plus petits États membres de l'Union européenne mais nous avons l'un des réseaux diplomatiques les plus étendus dans la région. Nous investissons beaucoup dans nos relations avec les pays du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite. Il convient de noter que nos relations bilatérales ont évolué rapidement au cours des dernières années. (Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et Chypre en 2016), nous avons ouvert des ambassades dans les capitales des deux pays et nous avons échangé un certain nombre de visites de haut niveau.

Les relations d'affaires ont également prospéré et, sans la pandémie, nous aurions déjà des vols directs entre Chypre et l'Arabie saoudite. Au cours des quatre dernières années, nous avons couvert un terrain d’entente et des relations diplomatiques qui prennent normalement de 20 à 30 ans à établir. Nous entretenons d'excellentes relations avec l'Arabie saoudite. Cela est une relation très dynamique qui est basée sur notre respect mutuel du droit international.

Nous sommes présents avec des missions résidentes dans tout le Golfe à l'exception de Bahreïn. Nous étudions actuellement la possibilité d'ouvrir une mission diplomatique et une ambassade à Bahreïn. Nous attachons une grande importance au Golfe car nous considérons le Golfe comme faisant partie de la région dans laquelle nous nous trouvons; ceci est, bien entendu, un élément très crucial. Nous pensons que ce qui se passe dans le Golfe a un impact considérable sur toute la région au sens large. Nous constatons également qu'il y a énormément de potentiel dans la grande région; en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient ainsi que dans le Golfe.

En renforçant la coopération, nous estimons que nous pouvons exploiter ce potentiel au profit de nos peuples, au profit de la stabilité et de la sécurité dans la région toute entière. C’est une région cruciale pour la stabilité et la sécurité au niveau mondial. Si nous pouvons accroître et renforcer la stabilité, la coopération et la sécurité dans cette région, alors nous avons donc franchi (un long chemin vers) le renforcement de la sécurité et de la stabilité dans le monde entier.

Q: L'Arabie saoudite et Chypre ont tous deux tenu à promouvoir la signature d'une série d'accords bilatéraux, à organiser deux forums d'affaires d'ici la fin de l'année, et à inaugurer des vols directs entre les deux pays. Ces projets sont-ils sur la bonne voie?

R: Oui, bien sûr, tout est sur la bonne voie, mais nous avons connu quelques retards dus aux restrictions de la Covid-19, notamment en ce qui concerne le forum des entreprises.

Q: Chypre et l’Égypte ont l’intention de construire un pipeline maritime direct dans le cadre de leurs efforts pour transporter le gaz naturel du champ de gaz Aphrodite de votre pays vers des usines égyptiennes pour enfin le réexporter vers l’Europe. Ces projets respectent-ils le calendrier ou ont-ils été perturbés par la situation tendue en Méditerranée orientale?

R: Il y a certes des perturbations, mais elles ne sont pas dues à la situation en Méditerranée orientale mais à cause de la situation actuelle dans les marchés mondiaux en matière d'énergie. Le cadre intergouvernemental et juridique pour la mise en œuvre de ces projets a été déjà établi. Cependant, tout dépend bien sûr du marché et de son évolution. Même le développement de l'infrastructure qui se fera avec des investissements privés sera déterminé par les facteurs du marché mondial.

La pandémie a surtout perturbé le fonctionnement du marché en affectant les prix. Les décisions finales sont donc en cours de réévaluation. Ce qui ne change pas, c'est les cadres juridique et intergouvernemental qui sont nécessaires pour que ces projets se poursuivent et se concrétisent selon le marché.

Q: Rétrospectivement, pensez-vous que c'était une erreur en janvier 2019 d'éloigner la Turquie du Forum du gaz de la Méditerranée orientale et de lui refuser les avantages de la baisse des coûts et des prix compétitifs d'un marché gazier régional?

R: Aucun pays ne voudrait inclure la Turquie dans les mécanismes de coopération régionale, y compris les réseaux énergétiques et sécuritaires, plus que nous. Pourquoi? Notre approche est simplement pragmatique. En quelque sorte, la géographie détermine le destin.

S’il y a bien un pays qui aimerait avoir un voisin respectueux du droit international et des relations de bon voisinage, c'est nous. Nous aimerions avoir un tel voisin. Nous sommes les plus grands partisans du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, et plus que quiconque, nous aimons voir la Turquie ajuster sa politique étrangère et ses attitudes d'une manière qui en ferait un voisin que tout le monde aimerait avoir.

Nous appuyons pleinement l’inclusion de la Turquie dans ce réseau régional de coopération. Sans la Turquie, cette coopération ne serait jamais complète, ce pays est indéniablement un acteur très important dans la région.

Nous ne pouvons néanmoins pas parler de tout cela pendant que la Turquie menace et viole les droits souverains de ses voisins, tout en en ignorant de manière flagrante le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Vous n’avez qu’à regarder les relations que la Turquie entretient avec les pays de la région, notamment l'Égypte, Israël, l'Irak, la Grèce et l'Arménie. Quand Erdogan est arrivé au pouvoir en 2003, son slogan était «zéro problème avec nos voisins». Il a complètement changé sa philosophie en «des problèmes avec tous les voisins».

La Turquie veut avoir ce rôle hégémonique dans la région et dicter à chacun comment les choses sont décidées et déterminées, y compris comment fonctionne la coopération. Ce n'est pas du tout le modèle sur lequel nous autres travaillons.

Q: Pensez-vous que les différends entre la Turquie et Chypre éloigneront davantage les Chypriotes grecs et turcs, ou les rapprocheront émotionnellement et contribueront indirectement, à long terme, à la réunification de l’île?

R: Si la Turquie était hors de l'équation et que des choses étaient laissées entre les Chypriotes grecs et turcs, les deux communautés de l'île, nous pourrions résoudre le problème très rapidement, en quelques jours même.

La Turquie utilise la présence de la communauté chypriote turque sur l’île comme prétexte pour de promouvoir ce qu’elle considère comme ses propres intérêts nationaux. Elle ne se soucie nullement du bien-être des Chypriotes turcs.

Chypre se trouve dans le plan stratégique de la Turquie. Par conséquent, son insistance à jouer un rôle dans les affaires d’un État indépendant et souverain, une Chypre fédérale qui évoluera à partir d’une résolution du problème chypriote, est le principal obstacle à la réunification de l’île.

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Liban : le Hezbollah organise les funérailles de son chef devant une foule immense

Une bannière géante portant les portraits du leader assassiné du Hezbollah, Hassan Nasrallah (à gauche), et de Hachem Safieddine, qui avait été choisi pour lui succéder avant d'être également tué, est suspendue sur une scène devant des rangées de chaises dans la cité sportive Camil Chamoun de Beyrouth, le 22 février 2025. (Photo Ibrahim AMRO / AFP)
Une bannière géante portant les portraits du leader assassiné du Hezbollah, Hassan Nasrallah (à gauche), et de Hachem Safieddine, qui avait été choisi pour lui succéder avant d'être également tué, est suspendue sur une scène devant des rangées de chaises dans la cité sportive Camil Chamoun de Beyrouth, le 22 février 2025. (Photo Ibrahim AMRO / AFP)
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  • Près de cinq mois après, le Hezbollah organise dimanche les funérailles de son ancien chef Hassan Nasrallah en présence de dizaines de milliers de personnes attendues.
  • Les funérailles, qui devraient paralyser le pays avec l'afflux de dizaines de milliers de personnes venant du Liban et de l'étranger, commenceront à 13 heures dans le stade de la Cité sportive, en périphérie sud de Beyrouth.

BEYROUTH : Près de cinq mois après la mort de Hassan Nasrallah dans une frappe israélienne dévastatrice sur Beyrouth, le Hezbollah organise dimanche les funérailles de son ancien chef en présence de dizaines de milliers de personnes attendues.

Hassan Nasrallah, figure emblématique du Hezbollah durant 32 ans, a été tué le 27 septembre à l'âge de 64 ans dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de la capitale libanaise, bastion du mouvement armé chiite.

Dès samedi, des partisans du Hezbollah sont arrivés en voiture depuis le sud et l'est du pays, agitant le drapeau du mouvement, et envahissant les routes déjà embouteillées.

Ces funérailles sont le premier événement populaire organisé par le Hezbollah depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu fin novembre, après plus d'un an de conflit avec Israël qui a affaibli le mouvement. Malgré le cessez-le-feu, Israël continue de mener des frappes sporadiques contre le Liban.

Les funérailles, qui devraient paralyser le pays avec l'afflux de dizaines de milliers de personnes venant du Liban et de l'étranger, commenceront à 13 heures (11 heures GMT) dans le stade de la Cité sportive, en périphérie sud de Beyrouth.

D'immenses portraits de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine, son cousin et également tué dans une frappe israélienne en octobre après avoir été choisi pour lui succéder, ont été affichés dans le stade. Ses funérailles sont également célébrées ce dimanche.

Selon les organisateurs, plus de 23 000 sièges ont été installés sur la pelouse, en plus des 55 000 places sur les gradins.

Des écrans seront également déployés dans les rues avoisinantes, où 35 000 sièges sont prévus pour les hommes et 25 000 dans un secteur réservé aux femmes.

Selon la télévision du Hezbollah, al-Manar, 70 points d'accueil offriront de l'eau, de la nourriture et même un hébergement aux voyageurs.

Après la cérémonie, les participants se dirigeront vers le lieu de l'enterrement, près des deux routes menant à l'aéroport.

Le corps de Hassan Nasrallah avait été enterré secrètement dans un lieu inconnu, en attendant la fin de la guerre.

- « Démonstration de soutien » -

« Nous voulons faire de ces obsèques une démonstration de soutien », a déclaré Naïm Qassem, le chef du Hezbollah, qui doit prononcer un discours et a appelé à une « participation massive ».

Le Hezbollah a invité les responsables libanais à assister aux obsèques, où près de 79 pays seront représentés, selon les organisateurs.

L'Iran a confirmé sa participation « à un haut niveau ». Selon des médias iraniens, le président du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf, devrait être présent.

Des représentants des factions irakiennes pro-iraniennes et d'autres alliés du Hezbollah au sein de l'« axe de la résistance » contre Israël sont également attendus.

4 000 soldats et membres des forces de l'ordre libanaises sont mobilisés, selon une source des services de sécurité, tandis que 25 000 hommes du Hezbollah assureront la sécurité à l'intérieur du stade, selon la chaîne de télévision al-Manar.

Le trafic aérien à l'aéroport sera suspendu entre 12 h et 16 h. L'ambassade des États-Unis et le consulat français ont demandé à leurs ressortissants d'éviter la zone.

- « Un jour difficile » -

Les organisateurs ont exhorté les citoyens à éviter les tirs en l'air, habituels lors des funérailles au Liban, alors que les licences de port d'armes sont gelées du 22 au 25 février.

L'armée libanaise a interdit les prises de vue par drones jusqu'à dimanche soir.

Hassan Nasrallah avait acquis une stature régionale après le retrait israélien du Liban en 2000 et durant la guerre de 2006 contre Israël, mais sa popularité s'est érodée après l'implication du Hezbollah en Syrie aux côtés de l'ancien président Bachar el-Assad.

Sa mort a été un choc pour ses partisans, comme Maryam Chourba, 80 ans, qui compte assister aux funérailles.

« C'est un jour difficile », dit-elle depuis la banlieue sud de Beyrouth. « Sayyed (Nasrallah) nous était très cher, et quoi que nous fassions, nous ne pourrons jamais lui rendre justice. »

Le Hezbollah, qui a dominé la scène politique libanaise pendant des années, est cependant contesté par de nombreux Libanais qui lui reprochent d'être « un État dans l'État ».


Israël retarde la libération de Palestiniens pour des raisons de « cérémonies humiliantes » imposées aux otages

L'otage israélien Tal Shoham est guidé par des militants palestiniens du Hamas avant d'être remis à la Croix-Rouge lors de sa libération à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 février 2025. Des militants masqués ont fait défiler Tal Shoham et Avera Mengistu sur scène dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, avant de les remettre à des représentants de la Croix-Rouge. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
L'otage israélien Tal Shoham est guidé par des militants palestiniens du Hamas avant d'être remis à la Croix-Rouge lors de sa libération à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 février 2025. Des militants masqués ont fait défiler Tal Shoham et Avera Mengistu sur scène dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, avant de les remettre à des représentants de la Croix-Rouge. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
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  • Israël a annoncé reporter les libérations de prisonniers palestiniens, prévues dans le cadre du fragile cessez-le-feu en vigueur à Gaza, en attendant que le Hamas garantisse qu'il mettra fin aux « cérémonies humiliantes » pour les otages libérés.
  • Comme les précédents, l'echange a été marqué par des mises en scène du Hamas qui a exhibé cinq otages sur des podiums, face à la foule, avant de les remettre au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

JERUSALEM : Israël a annoncé dimanche reporter les libérations de prisonniers palestiniens, prévues dans le cadre du fragile cessez-le-feu en vigueur à Gaza, en attendant que le Hamas garantisse qu'il mettra fin aux « cérémonies humiliantes » pour les otages libérés.

Le Hamas a effectivement libéré six otages. Mais cet échange a été assombri par la confusion qui a régné sur le sort de l'otage Shiri Bibas, finalement confirmée morte samedi matin. Comme les précédents, l'echange a été marqué par des mises en scène du Hamas qui a exhibé cinq otages sur des podiums, face à la foule, avant de les remettre au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Alors que la libération de 620 prisonniers palestiniens était prévue, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a confirmé à l'issue d'une réunion sécuritaire qu'elle n'aurait pas lieu.

« Il a été décidé de retarder la libération des terroristes (prisonniers palestiniens, ndlr) qui était prévue samedi, jusqu'à ce que la libération des prochains otages soit assurée sans cérémonies humiliantes », a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué de son bureau dans la nuit.

Le Hamas a accusé Israël de « violation flagrante » de l'accord de trêve.

Dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie, occupée par Israël, des familles attendaient pourtant avec impatience la libération de leurs proches et sont reparties bredouilles.

« Notre Seigneur nous donnera la patience et nous attendrons simplement jusqu'à la libération de nos fils », a réagi auprès de l'AFP Oumm Alaa, après avoir attendu en vain la libération de son fils à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Samedi, lors des premières libérations à Rafah, où des combattants en treillis s'étaient déployés, Tal Shoham, un Israélo-Italo-Autrichien de 40 ans enlevé le 7 octobre 2023, a été contraint de prononcer quelques mots.

À ses côtés se tenait, l'air hagard, Avera Mengistu, 38 ans, otage depuis plus de dix ans à Gaza. Il avait été filmé en 2014 alors qu'il escaladait la barrière séparant le territoire d'Israël.

Le même scénario s'est répété à Nousseirat, dans le centre de Gaza, pour la libération d'Eliya Cohen, Omer Shem Tov et Omer Wenkert, âgés de 22 à 27 ans, enlevés au festival de musique Nova. Les trois hommes sont apparus souriants après 505 jours de captivité.

Ces mises en scène ont été dénoncées à plusieurs reprises par Israël, l'ONU et la Croix-Rouge.

Samedi soir, la branche armée du Hamas a également publié une vidéo apparemment tournée dans la journée à Nousseirat, montrant deux otages regardant la libération des trois Israéliens et suppliant Benjamin Netanyahu de les libérer.

Le Forum des familles d'otages a qualifié la vidéo de « dérangeante », y voyant une « démonstration de cruauté particulièrement écœurante ».

Malgré ces scènes, des centaines d'Israéliens ont suivi en direct à Tel Aviv, sur la « place des otages », la retransmission des libérations, entre sanglots et explosions de joie.

Depuis le début de la trêve le 19 janvier, 29 otages israéliens, dont quatre ont été retrouvés décédés, ont été remis à Israël, en échange de plus de 1 100 détenus palestiniens.

Selon le Hamas, seuls quatre otages morts devront encore être rendus à Israël avant la fin de la première phase de l'accord.

Le mouvement a déclaré qu'il était prêt à libérer « en une seule fois » tous les otages qu'il détient encore durant la deuxième phase, censée mettre fin définitivement à la guerre.

Cependant, les négociations indirectes sur cette deuxième étape ont été retardées à la suite d'accusations mutuelles de violations de la trêve.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a averti samedi que le Hamas serait « détruit » s'il ne libérait pas « immédiatement » tous les otages.

Benjamin Netanyahu avait de son côté juré vendredi de faire payer au Hamas le prix fort de sa violation « cruelle » du cessez-le-feu, après avoir affirmé qu'un corps restitué la veille n'était pas celui de l'Israélienne Shiri Bibas, comme annoncé initialement.

Symbole du drame des otages, cette femme avait été capturée le 7 octobre 2023 avec ses deux fils Kfir et Ariel, alors âgés de huit mois et demi et quatre ans.

La dépouille de Shiri Bibas a finalement été restituée dans la nuit de vendredi à samedi. Et l'autopsie de Shiri Bibas et de ses deux enfants n'a révélé aucun indice de blessure causée par un bombardement, a déclaré samedi soir Chen Kugel, chef de l'Institut national de médecine légale.


Le musée de Jeddah organise un spectacle culturel pour mettre à l'honneur le patrimoine

Le Tariq Abdulhakim Center Museum de Jeddah fait partie des institutions culturelles qui célèbrent avec style la Journée de la fondation de l'Arabie saoudite. (Photo Fournie)
Le Tariq Abdulhakim Center Museum de Jeddah fait partie des institutions culturelles qui célèbrent avec style la Journée de la fondation de l'Arabie saoudite. (Photo Fournie)
Le Tariq Abdulhakim Center Museum de Jeddah fait partie des institutions culturelles qui célèbrent avec style la Journée de la fondation de l'Arabie saoudite. (Phot Fournie)
Le Tariq Abdulhakim Center Museum de Jeddah fait partie des institutions culturelles qui célèbrent avec style la Journée de la fondation de l'Arabie saoudite. (Phot Fournie)
Le Tariq Abdulhakim Center Museum de Jeddah fait partie des institutions culturelles qui célèbrent avec style la Journée de la fondation de l'Arabie saoudite. (Phot Fournie)
Le Tariq Abdulhakim Center Museum de Jeddah fait partie des institutions culturelles qui célèbrent avec style la Journée de la fondation de l'Arabie saoudite. (Phot Fournie)
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  • Cette célébration de trois jours, supervisée par la Commission des musées, offre une riche expérience artistique et culturelle, mettant en valeur le patrimoine du Royaume et renforçant l'identité nationale.
  • L'un des points forts de la manifestation était la promenade de la mode traditionnelle organisée par Al-Mugasap, une marque de mode saoudienne.

JDEDDAH : Le musée du centre Tariq Abdulhakim de Jeddah fait partie des institutions culturelles qui célèbrent avec style la Journée de la fondation de l'Arabie saoudite.

Cette célébration de trois jours, supervisée par la Commission des musées, offre une riche expérience artistique et culturelle, mettant en valeur le patrimoine du Royaume et renforçant l'identité nationale.

Les festivités ont débuté par un accueil des visiteurs avec du café saoudien traditionnel, servi en quatre variétés distinctes, conformément aux directives de la Journée de la fondation.

Tayeb Abdullh Altayeb, directeur du musée du centre Tariq Abdulhakim, a déclaré : « L'idée est de célébrer notre nation et ses composantes culturelles, que nous reflétons à travers les différentes offres du musée. Notre principal objectif est de préserver le patrimoine musical et les arts du spectacle saoudiens.

« Tariq Abdulhakim était lui-même un champion de la culture. Il a soutenu la création de la fanfare militaire et a remporté un prix de l'UNESCO pour la préservation de l'identité saoudienne. Il est normal que, à l'occasion de la Journée de la fondation, nous soulignions ses efforts et que nous alignions notre secteur culturel sur la Vision 2030. »

Un responsable du musée a déclaré : « Nous voulons nous assurer que tout le monde a accès aux aspects culturels de l'Arabie saoudite, en particulier lors de la Journée de la fondation. Notre mission est d'être un centre d'activation à faible coût, offrant des programmes pour le public et les enfants afin de les éduquer sur notre patrimoine et nos traditions. »

Les responsables ont noté que le musée sert également de plateforme aux groupes traditionnels, aux artistes et aux écoles pour présenter leurs arts, et ont ajouté que les espaces du musée sont conçus pour accueillir tous les âges, y compris les personnes handicapées.

La journée d'ouverture de la célébration comprenait un défilé artistique interactif et un atelier d'arts du spectacle alliant artisanat et performances en direct. L'un des points forts de la manifestation était la promenade de la mode traditionnelle organisée par Al-Mugasap, une marque de mode saoudienne. L'exposition présentait des vêtements traditionnels provenant des principales régions du Royaume, offrant ainsi aux visiteurs un aperçu de l'histoire et de la civilisation de l'Arabie saoudite.

Sari Salem Hariri, cofondateur et directeur général d'Al-Mugasap, a déclaré : « Nous avons sélectionné des vêtements traditionnels provenant de diverses régions du Royaume. Ils ont été exposés dans des boîtes spéciales pour mettre en valeur la beauté et l'élégance de leurs motifs, ajoutant ainsi de la valeur à notre patrimoine culturel. »

L'événement comprenait également plusieurs sections consacrées à la nourriture traditionnelle et à l'artisanat, ainsi que des jeux interactifs, des spectacles musicaux en direct et une chorale scolaire qui a interprété avec enthousiasme des chansons nationales, symbolisant ainsi l'attachement de la jeune génération au patrimoine du Royaume.

Des artistes traditionnels de tout le Royaume, dont un groupe de Taif, dont Tariq Abdulhakim a été membre, ont également participé à l'événement.

Khalid Jammali, manager du groupe, a déclaré à Arab News : « C'est l'une des plus grandes célébrations en Arabie saoudite : « Il s'agit de l'une des plus grandes célébrations en Arabie saoudite. Nous sommes ici pour représenter la région de Najd, et Tariq Abdulhakim a joué un rôle majeur dans la création de cet héritage. Ses idées ont permis d'élever la qualité et les normes de ces spectacles ».

La célébration s'achèvera par un concert sur le patrimoine national le 23 février, avec un mélange de chansons nationales traditionnelles et modernes. Cette grande finale réunira des artistes et des créateurs de divers domaines, créant un pont entre le passé et le présent tout en célébrant la riche histoire du Royaume et sa vision de l'avenir.

Ghada Shehri, une visiteuse, a déclaré : « L'événement n'était pas seulement divertissant, mais aussi profondément éducatif. J'ai habillé mes enfants avec des vêtements traditionnels saoudiens et ils étaient ravis de voir d'autres personnes habillées de la même manière.

« C'était une occasion merveilleuse de leur faire découvrir notre patrimoine et notre culture de façon amusante et attrayante. La promenade de la mode traditionnelle a été un moment fort pour nous. En voyant les différents styles vestimentaires régionaux, mes enfants ont pris conscience de la diversité de notre Royaume.

Salman Mohammed, un autre visiteur, a déclaré : « Le musée a fait un travail incroyable en présentant le patrimoine saoudien à travers la musique, la nourriture et l'art. Mes enfants ont été particulièrement fascinés par le spectacle de la chorale de l'école. Cela m'a fait chaud au cœur de les voir si engagés et curieux de notre culture. »

Nawwaf Al-Harbi, propriétaire de Dokhan Ahjar Precious Metals and Gemstones, a présenté l'art du polissage des pierres précieuses, avec des pierres provenant de diverses régions d'Arabie saoudite, à l'occasion de la Journée de la fondation.

« Nous polissons ces pierres pour les sertir dans de l'or ou de l'argent, afin de mettre en valeur la beauté des pierres précieuses naturelles de La Mecque, de Médine et d'ailleurs. Notre objectif est de faire découvrir cet artisanat traditionnel et nous nous engageons à transmettre le savoir-faire à un large public », a-t-il déclaré.

Les visiteurs peuvent s'inscrire à l'avance via la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com