L'approbation du vaccin anti-Covid par Londres ravive l'espoir à travers le monde

L'annonce que la Grande-Bretagne a approuvé le vaccin contre le coronavirus développé par Pfizer/BioNTech a suscité des attentes dans d'autres pays qui pourraient également commencer la vaccination dans un proche avenir (Photo, AFP/ Archives)
L'annonce que la Grande-Bretagne a approuvé le vaccin contre le coronavirus développé par Pfizer/BioNTech a suscité des attentes dans d'autres pays qui pourraient également commencer la vaccination dans un proche avenir (Photo, AFP/ Archives)
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Publié le Vendredi 04 décembre 2020

L'approbation du vaccin anti-Covid par Londres ravive l'espoir à travers le monde

  • Lumière au bout du tunnel alors que le vaccin Pfizer/BioNTech remporte l'approbation de l'Agence indépendante de réglementation des médicaments britannique
  • Le déploiement de la semaine prochaine suscite l'espoir de mettre fin à la pandémie et de reconstruire les économies d'ici le milieu de 2021

LONDRES: La nouvelle que la Grande-Bretagne a approuvé le vaccin contre le coronavirus développé par Pfizer/BioNTech a suscité des attentes dans d'autres pays qui pourraient également commencer la vaccination dans un proche avenir et faire lentement tomber le rideau sur une pandémie qui a perturbé l'ordre social et économique mondial comme aucun autre événement dans la mémoire vivante.
Des essais ont montré que le vaccin Pfizer/BioNTech offre une protection de 95 % contre le Sars-CoV-2, le virus responsable du coronavirus (Covid-19), qui, à ce jour, a infecté 64 millions de personnes dans le monde et en a tué près d’1,5 million depuis sa première apparition dans la ville chinoise de Wuhan à la fin de 2019. 
L’approbation par l'Agence indépendante de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) signifie qu’une campagne de vaccination de masse pourrait commencer au Royaume-Uni dès la semaine prochaine, les 800 000 premières doses étant distribuées en priorité aux personnes âgées et aux plus vulnérables. Le gouvernement a déjà commandé quelque 40 millions de doses – suffisamment pour vacciner 20 millions de personnes.
Les receveurs recevront deux injections, espacées de vingt et un jours, l'immunité se développant après la première dose. Son plein effet commence environ une semaine après le deuxième rappel. Les scientifiques indiquent que les effets secondaires sont légers et ont tendance à ne pas durer plus d'un jour ou deux. Pfizer/BioNTech a fixé le prix du vaccin à environ 19,50 dollars (1 dollar = 0,82 euro) par dose, soit 39 dollars par patient.
«Avec 450 personnes qui meurent chaque jour de l'infection à la Covid-19 au Royaume-Uni, les avantages de l'approbation rapide des vaccins l'emportent sur les risques potentiels», a déclaré à l'agence de presse Reuters Andrew Hill, chercheur principal au département de pharmacologie de l'université de Liverpool.
Le vaccin à ARN messager est vraiment révolutionnaire, son action consistant à prendre un petit fragment de code génétique de la Covid-19 pour entraîner la réponse immunitaire du corps à reconnaître le virus. Jusqu'à mercredi, rien de tel n'avait été approuvé pour une utilisation humaine.
Cette annonce a été un énorme soulagement pour le public, les entreprises et les gouvernements du monde entier après des mois de mesures de confinements, de pression paralysante sur les services de santé et de tourmente économique. On s'attend également à ce que cette information calme l'anxiété et le stress alors que les familles et les personnes forcées de rester à l'intérieur et séparées de leurs proches voient la lumière au bout du tunnel.
«C’est la protection des vaccins qui nous permettra en fin de compte de reprendre nos vies et de relancer l’économie», a déclaré Boris Johnson, le Premier ministre britannique, dans ses remarques louant cette approbation.
Pfizer/BioNTech a annoncé le succès de ses essais avancés de phase 3 au début de novembre, un exploit remarquable, ses travaux n’ayant commencé qu’il a que dix mois. Le développement d'un vaccin peut prendre jusqu'à une décennie dans des circonstances normales.
Depuis, le géant pharmaceutique américain Moderna et l’équipe britannique de l’université d’Oxford/AstraZeneca ont dévoilé leurs propres vaccins utilisables, signe rassurant que le virus peut être combattu sur plusieurs fronts.
Bien que le vaccin Pfizer/BioNTech soit très efficace, il est également coûteux. Il doit être conservé dans des boîtes spéciales, à une température de -70°C, grâce à l’adjonction de neige carbonique, et ne peut être conservé au réfrigérateur que cinq jours une fois livré. Pour les pays en développement, les coûts élevés et les défis logistiques pourraient s'avérer prohibitifs. Si d'autres approbations de vaccins suivent dans les jours et semaines à venir, les gouvernements chercheront probablement la meilleure offre.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, portant un masque facial en raison de la pandémie de coronavirus, quitte le 10 Downing Street dans le centre de Londres, le 2 décembre 2020, pour participer à la séance de questions au Premier ministre (PMQ) à la Chambre des communes. (AFP)
Le vaccin Moderna, qui utilise le même modèle d'ARNm que celui qui est utilisé par Pfizer/BioNTech, affiche un taux d'efficacité tout aussi impressionnant (95 %) dans les essais de phase 3. Mieux encore, il est stable aux températures normales du réfrigérateur, de2°C à 8°C, pendant trente jours maximum et peut être conservé pendant des mois à -20°C.
L'équipe d'Oxford a trouvé une alternative moins coûteuse avec un vaccin à l’efficacité moyenne de 70 %, mais qui peut être conservé à la température d’un réfrigérateur. Ce vaccin, qui adapte un virus du chimpanzé inoffensif pour l'homme afin entraîner d’activer le système immunitaire, peut s'avérer une option bien plus pratique pour les pays en développement.
S’il s’agit là de bonnes nouvelles, les experts ont tout de même averti à plusieurs reprises que le monde ne devrait pas s'attendre à ce que la pandémie se résorbe du jour au lendemain. La production, la distribution et la réparation des dommages économiques causés par les confinements prendront plusieurs mois en supposant qu'aucun nouveau problème imprévisible ne survienne.
«La distribution des vaccins dans le monde entier signifie qu'il y aura un délai considérable avant que la Covid-19 ne soit vraiment maîtrisée, avec des pertes personnelles et économiques toujours plus importantes en cours de route», a déclaré récemment à Arab News Dr John C. Hulsman, président et associé directeur de John C. Hulsman Enterprises.
L’annonce du Royaume-Uni fait espérer que d'autres pays pourraient également commencer les vaccinations dans un proche avenir et faire lentement tomber le rideau sur une pandémie qui a perturbé l'ordre social et économique mondial comme aucun autre événement dans la mémoire vivante. (Photo, AFP/ Archives) 
«On estime qu'il faudra attendre la fin de l'été prochain (août ou septembre) avant que le virus ne soit totalement sous contrôle et que le monde puisse recommencer à respirer et revenir à la normale. Même dans ce cas, l'humanité ne sera pas encore tirée d’affaire, car on ne sait pas combien de temps l'immunité offerte par les vaccins durera.»
Plusieurs pays, dont certains au Moyen-Orient, sont en discussion avec des entreprises et des instituts de recherche de premier plan engagés dans diverses phases d'essais. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), quant à elle, est engagée dans des discussions préparatoires avec les pays sur les moyens d’assurer une distribution rapide et équitable des vaccins candidats retenus.
De nombreuses nations, y compris des pays arabes entretenant des relations étroites avec des États producteurs potentiels, ont entamé des pourparlers plus tôt cette année en vue d'obtenir un vaccin. «Je sais que la plupart des ministères de la Santé se sont entretenus avec Moderna et AstraZeneca pour réserver leurs stocks», a déclaré au mois d’août, Belal Zuiter, conseiller senior chez Cambridge Pharma Consultancy à Londres. «Je pense que le monde arabe recevra suffisamment de doses dans les deux ou trois premiers mois suivant la production d'un vaccin.»
Le 27 novembre, Saudi Pharmaceutical Industries and Medical Appliances Corp. (Spimaco) a signé un accord avec la société biopharmaceutique allemande CureVac pour fournir et distribuer un vaccin contre le coronavirus dans le Royaume. Le vaccin CureVac a passé avec succès la première phase des essais cliniques avec une efficacité de plus de 90 % au début de novembre.
Un accord pharmaceutique saoudien et allemand signé en novembre prévoit la possibilité d'étendre les droits d'approvisionnement et de distribution aux Émirats arabes unis, au Koweït, à Bahreïn et à Oman. (Photo, AFP/ Archives)
L'accord inclut la possibilité d'étendre les droits d'approvisionnement et de distribution aux Émirats arabes unis, au Koweït, à Bahreïn et à Oman.
«L'Arabie saoudite sera l'un des premiers pays à recevoir les vaccins», a déclaré Abdallah al-Assiri, sous-ministre adjoint chargé de la Santé préventive, lors d'une interview sur Saudia TV début novembre. Les responsables saoudiens de la santé ont déjà annoncé leur intention d'offrir des vaccins gratuits d'ici à la fin de 2021, à 70 % des résidents qui n'ont pas contracté le virus.
Plusieurs pays arabes ont été parmi ceux qui ont formellement exprimé leur intérêt à participer au dispositif Covax, décrit comme une «police d'assurance» pour accéder aux vaccins contre la Covid-19. Le mécanisme est conçu pour garantir un accès rapide, juste et équitable au portefeuille de vaccins le plus vaste et le plus diversifié au monde.
«L'idée derrière Covax est simplement de s'assurer que tous les pays, qu'ils soient riches, à revenu intermédiaire ou à faible revenu, pourront accéder à au moins suffisamment de vaccins pour les groupes prioritaires», a déclaré plus tôt à Arab News le Dr Abdinasir Abubakar, chef de l'unité de gestion des maladies infectieuses au bureau régional de l'OMS au Caire.
Une fois qu'un vaccin a été approuvé par les agences de réglementation et/ou a été préqualifié par l'OMS, le mécanisme Covax permettra ensuite d’acheter ces vaccins pour essayer de fournir initialement des doses à une moyenne de 20 % de la population de chaque pays, en se concentrant sur les agents de santé et les groupes les plus vulnérables.
L'objectif est de délivrer 2 milliards de doses d'ici à la fin de 2021.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »