LONDRES: La nouvelle que la Grande-Bretagne a approuvé le vaccin contre le coronavirus développé par Pfizer/BioNTech a suscité des attentes dans d'autres pays qui pourraient également commencer la vaccination dans un proche avenir et faire lentement tomber le rideau sur une pandémie qui a perturbé l'ordre social et économique mondial comme aucun autre événement dans la mémoire vivante.
Des essais ont montré que le vaccin Pfizer/BioNTech offre une protection de 95 % contre le Sars-CoV-2, le virus responsable du coronavirus (Covid-19), qui, à ce jour, a infecté 64 millions de personnes dans le monde et en a tué près d’1,5 million depuis sa première apparition dans la ville chinoise de Wuhan à la fin de 2019.
L’approbation par l'Agence indépendante de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) signifie qu’une campagne de vaccination de masse pourrait commencer au Royaume-Uni dès la semaine prochaine, les 800 000 premières doses étant distribuées en priorité aux personnes âgées et aux plus vulnérables. Le gouvernement a déjà commandé quelque 40 millions de doses – suffisamment pour vacciner 20 millions de personnes.
Les receveurs recevront deux injections, espacées de vingt et un jours, l'immunité se développant après la première dose. Son plein effet commence environ une semaine après le deuxième rappel. Les scientifiques indiquent que les effets secondaires sont légers et ont tendance à ne pas durer plus d'un jour ou deux. Pfizer/BioNTech a fixé le prix du vaccin à environ 19,50 dollars (1 dollar = 0,82 euro) par dose, soit 39 dollars par patient.
«Avec 450 personnes qui meurent chaque jour de l'infection à la Covid-19 au Royaume-Uni, les avantages de l'approbation rapide des vaccins l'emportent sur les risques potentiels», a déclaré à l'agence de presse Reuters Andrew Hill, chercheur principal au département de pharmacologie de l'université de Liverpool.
Le vaccin à ARN messager est vraiment révolutionnaire, son action consistant à prendre un petit fragment de code génétique de la Covid-19 pour entraîner la réponse immunitaire du corps à reconnaître le virus. Jusqu'à mercredi, rien de tel n'avait été approuvé pour une utilisation humaine.
Cette annonce a été un énorme soulagement pour le public, les entreprises et les gouvernements du monde entier après des mois de mesures de confinements, de pression paralysante sur les services de santé et de tourmente économique. On s'attend également à ce que cette information calme l'anxiété et le stress alors que les familles et les personnes forcées de rester à l'intérieur et séparées de leurs proches voient la lumière au bout du tunnel.
«C’est la protection des vaccins qui nous permettra en fin de compte de reprendre nos vies et de relancer l’économie», a déclaré Boris Johnson, le Premier ministre britannique, dans ses remarques louant cette approbation.
Pfizer/BioNTech a annoncé le succès de ses essais avancés de phase 3 au début de novembre, un exploit remarquable, ses travaux n’ayant commencé qu’il a que dix mois. Le développement d'un vaccin peut prendre jusqu'à une décennie dans des circonstances normales.
Depuis, le géant pharmaceutique américain Moderna et l’équipe britannique de l’université d’Oxford/AstraZeneca ont dévoilé leurs propres vaccins utilisables, signe rassurant que le virus peut être combattu sur plusieurs fronts.
Bien que le vaccin Pfizer/BioNTech soit très efficace, il est également coûteux. Il doit être conservé dans des boîtes spéciales, à une température de -70°C, grâce à l’adjonction de neige carbonique, et ne peut être conservé au réfrigérateur que cinq jours une fois livré. Pour les pays en développement, les coûts élevés et les défis logistiques pourraient s'avérer prohibitifs. Si d'autres approbations de vaccins suivent dans les jours et semaines à venir, les gouvernements chercheront probablement la meilleure offre.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, portant un masque facial en raison de la pandémie de coronavirus, quitte le 10 Downing Street dans le centre de Londres, le 2 décembre 2020, pour participer à la séance de questions au Premier ministre (PMQ) à la Chambre des communes. (AFP)
Le vaccin Moderna, qui utilise le même modèle d'ARNm que celui qui est utilisé par Pfizer/BioNTech, affiche un taux d'efficacité tout aussi impressionnant (95 %) dans les essais de phase 3. Mieux encore, il est stable aux températures normales du réfrigérateur, de2°C à 8°C, pendant trente jours maximum et peut être conservé pendant des mois à -20°C.
L'équipe d'Oxford a trouvé une alternative moins coûteuse avec un vaccin à l’efficacité moyenne de 70 %, mais qui peut être conservé à la température d’un réfrigérateur. Ce vaccin, qui adapte un virus du chimpanzé inoffensif pour l'homme afin entraîner d’activer le système immunitaire, peut s'avérer une option bien plus pratique pour les pays en développement.
S’il s’agit là de bonnes nouvelles, les experts ont tout de même averti à plusieurs reprises que le monde ne devrait pas s'attendre à ce que la pandémie se résorbe du jour au lendemain. La production, la distribution et la réparation des dommages économiques causés par les confinements prendront plusieurs mois en supposant qu'aucun nouveau problème imprévisible ne survienne.
«La distribution des vaccins dans le monde entier signifie qu'il y aura un délai considérable avant que la Covid-19 ne soit vraiment maîtrisée, avec des pertes personnelles et économiques toujours plus importantes en cours de route», a déclaré récemment à Arab News Dr John C. Hulsman, président et associé directeur de John C. Hulsman Enterprises.
L’annonce du Royaume-Uni fait espérer que d'autres pays pourraient également commencer les vaccinations dans un proche avenir et faire lentement tomber le rideau sur une pandémie qui a perturbé l'ordre social et économique mondial comme aucun autre événement dans la mémoire vivante. (Photo, AFP/ Archives)
«On estime qu'il faudra attendre la fin de l'été prochain (août ou septembre) avant que le virus ne soit totalement sous contrôle et que le monde puisse recommencer à respirer et revenir à la normale. Même dans ce cas, l'humanité ne sera pas encore tirée d’affaire, car on ne sait pas combien de temps l'immunité offerte par les vaccins durera.»
Plusieurs pays, dont certains au Moyen-Orient, sont en discussion avec des entreprises et des instituts de recherche de premier plan engagés dans diverses phases d'essais. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), quant à elle, est engagée dans des discussions préparatoires avec les pays sur les moyens d’assurer une distribution rapide et équitable des vaccins candidats retenus.
De nombreuses nations, y compris des pays arabes entretenant des relations étroites avec des États producteurs potentiels, ont entamé des pourparlers plus tôt cette année en vue d'obtenir un vaccin. «Je sais que la plupart des ministères de la Santé se sont entretenus avec Moderna et AstraZeneca pour réserver leurs stocks», a déclaré au mois d’août, Belal Zuiter, conseiller senior chez Cambridge Pharma Consultancy à Londres. «Je pense que le monde arabe recevra suffisamment de doses dans les deux ou trois premiers mois suivant la production d'un vaccin.»
Le 27 novembre, Saudi Pharmaceutical Industries and Medical Appliances Corp. (Spimaco) a signé un accord avec la société biopharmaceutique allemande CureVac pour fournir et distribuer un vaccin contre le coronavirus dans le Royaume. Le vaccin CureVac a passé avec succès la première phase des essais cliniques avec une efficacité de plus de 90 % au début de novembre.
Un accord pharmaceutique saoudien et allemand signé en novembre prévoit la possibilité d'étendre les droits d'approvisionnement et de distribution aux Émirats arabes unis, au Koweït, à Bahreïn et à Oman. (Photo, AFP/ Archives)
L'accord inclut la possibilité d'étendre les droits d'approvisionnement et de distribution aux Émirats arabes unis, au Koweït, à Bahreïn et à Oman.
«L'Arabie saoudite sera l'un des premiers pays à recevoir les vaccins», a déclaré Abdallah al-Assiri, sous-ministre adjoint chargé de la Santé préventive, lors d'une interview sur Saudia TV début novembre. Les responsables saoudiens de la santé ont déjà annoncé leur intention d'offrir des vaccins gratuits d'ici à la fin de 2021, à 70 % des résidents qui n'ont pas contracté le virus.
Plusieurs pays arabes ont été parmi ceux qui ont formellement exprimé leur intérêt à participer au dispositif Covax, décrit comme une «police d'assurance» pour accéder aux vaccins contre la Covid-19. Le mécanisme est conçu pour garantir un accès rapide, juste et équitable au portefeuille de vaccins le plus vaste et le plus diversifié au monde.
«L'idée derrière Covax est simplement de s'assurer que tous les pays, qu'ils soient riches, à revenu intermédiaire ou à faible revenu, pourront accéder à au moins suffisamment de vaccins pour les groupes prioritaires», a déclaré plus tôt à Arab News le Dr Abdinasir Abubakar, chef de l'unité de gestion des maladies infectieuses au bureau régional de l'OMS au Caire.
Une fois qu'un vaccin a été approuvé par les agences de réglementation et/ou a été préqualifié par l'OMS, le mécanisme Covax permettra ensuite d’acheter ces vaccins pour essayer de fournir initialement des doses à une moyenne de 20 % de la population de chaque pays, en se concentrant sur les agents de santé et les groupes les plus vulnérables.
L'objectif est de délivrer 2 milliards de doses d'ici à la fin de 2021.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com