NEW YORK: Un groupe de parlementaires américains a demandé au gendarme de Wall Street d'exiger une enquête indépendante sur les accusations de travail forcé des Ouïghours à l'encontre de plusieurs groupes d'habillement déjà coté, parmi lesquels Nike et Adidas, ou qui pourraient l'être, à l'instar du chinois Shein.
Dans des courriers adressés aux différentes entreprises concernées, que l'AFP a pu consulter, la commission en charge "de la compétition stratégique entre les États-Unis et le Parti communiste chinois", s'est inquiétée que les entreprises ciblées aient pu se fournir dans le Xinjiang en vêtements ou matières premières, comme le coton.
Les élus assurent notamment aux PDG de Nike et Adidas qu'un expert entendu lors d'une audition les a spécifiquement cité.
"Nous souhaitons donner la possibilité" aux deux groupes, écrivent les parlementaires, "de répondre à ces graves accusations et apporter des informations" susceptibles de démontrer qu'ils respectent la législation américaine en la matière, citant une quinzaine de points précis.
Le comité cible également plus spécifiquement les groupes chinois Temu et Shein.
Fondé en 2008 en Chine et actuellement basé à Singapour, Shein est devenu un des symboles de la mode très bon marché.
Le groupe est régulièrement accusé, comme d'autres grands noms du textile, de tirer profit de l'exploitation des membres de la minorité musulmane ouïghoure dans des champs de coton et ateliers de la région du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine
Mais Shein assure ne pas avoir de fournisseurs dans cette zone, et ne pas avoir le projet d'entrer en Bourse.
"Bien que Shein affirme que ses produits n'utilisent pas le travail forcé des Ouïghours et qu'ils travaillent avec des parties tiers pour auditer leurs installations, les experts affirment que ces types d'audits sont facilement manipulés ou falsifiés sous la pression des autorités", écrivent les parlementaires, démocrates et républicains, dans une lettre adressée lundi à l'agence supervisant les marchés boursiers (SEC).
Aussi, si les rumeurs sur une possible arrivée de Shein à la Bourse de New York d'ici la fin de l'année se confirmaient, et considérant les "allégations crédibles d'utilisation de main-d'oeuvre sous-payée et forcée", la SEC doit exiger qu'un cabinet indépendant vérifie que le groupe n'utilise pas le travail forcé des Ouïghours, demandent les 24 parlementaires signataires de la lettre.
Dans un message transmis à l'AFP, Shein écrit n'avoir "pas de fournisseurs dans la région du Xinjiang" mais dans d'autres régions comme le Brésil, le sud de la Chine et la Turquie.
"Nous prenons au sérieux la visibilité de l'ensemble de notre chaîne d'approvisionnement et nous nous engageons à respecter les droits humains et à adhérer aux lois locales dans chaque marché où nous opérons", souligne le groupe, précisant que ses fournisseurs doivent aussi "adhérer à un code de conduite strict".
"Nous n'avons aucune tolérance pour le travail forcé", écrit aussi Shein.
Les autorités chinoises sont accusées par les pays occidentaux d'avoir massivement enfermé des Ouïghours dans des camps de rééducation, après des attentats sanglants dans la région du Xinjiang.