BRUXELLES: La Commission européenne va proposer mercredi un instrument financier pour pousser la capacité de production de munitions de l'Union européenne à un million d'obus par an afin de reconstituer ses arsenaux et aider l'Ukraine.
"Je suis confiant que d’ici à 12 mois, nous pourront monter notre capacité de production à 1 million de munitions par an en Europe", a assuré mardi le commissaire à l'Industrie Thierry Breton.
Cette proposition est la troisième phase du plan d'action approuvé fin mars par l'UE pour fournir au moins un million d'obus de 155 mm aux forces ukrainiennes et pour reconstituer les stocks stratégiques des pays européens dont certains sont proches de la rupture.
Elle sera dotée de 500 millions d'euros, dont 260 millions tirés du Fonds Européen de la Défense. Elle permettra de co-financer les investissements des industriels pour augmenter la production de leurs usines dans l'UE. Une quinzaine d'entreprises produisent dans onze états membres.
Ces industriels "n'ont pas aujourd’hui l’envergure pour répondre au besoin sécuritaire de l’Ukraine et de nos États membres. Mais ils ont tout le potentiel pour le faire", selon Thierry Breton qui a visité les sites des principaux producteurs de munitions de l'UE.
"Nous pouvons et devons relancer notre base industrielle pour l’adapter au besoin de conflit à haute intensité", a-t-il expliqué.
"Le rythme actuel ne permet pas de soutenir l'effort de guerre de l'Ukraine qui consomme plus que l'UE ne produit", a confirmé à l'AFP le représentant d'un État membre.
La proposition n'est pas destinée à répondre aux besoins immédiats de l'Ukraine qui se prépare à une offensive pour tenter de reprendre des territoires occupés par la Russie.
"Pour soutenir l’Ukraine à très court terme, nous devons continuer à donner de nos stocks", a insisté le commissaire.
Depuis l'appel lancé le 9 février par le président Volodymyr Zelensky, les pays de l'UE ont fourni à l'Ukraine près de 40.000 obus et plus d'un millier de missiles pour leurs armes de défense anti-aérienne et anti-chars, selon les indications obtenues par l'AFP.
Mais ces données correspondent aux demandes de remboursement soumises par les États membres. Elles ne reflètent pas la réalité des fournitures couvertes par le secret défense, a-t-on expliqué.
Une enveloppe d'un milliard d'euros est prévue pour rembourser une partie des munitions prélevées par les États membres dans leurs arsenaux.
Une seconde enveloppe d'un milliard d'euros sera utilisée pour co-financer des achats communs d'obus de 155 mm destinés à l'Ukraine. Les commandes seront passées en septembre aux industriels dont la production est réalisée dans l'UE et en Norvège.
L'argent mis sur la table doit donner à l'UE une autonomie dans la production de munitions et mettre son industrie en capacité de répondre à des conflits de haute intensité, comme celui en Ukraine. "En matière de défense, nos industriels doivent désormais passer en mode économie de guerre", a affirmé Thierry Breton.