BEYROUTH: Le Liban est sur le point de ne plus pouvoir se nourrir, avertit jeudi un ministre britannique, alors que la crise financière du pays aggrave la pauvreté et l’inflation.
James Cleverly, le ministre britannique des Affaires étrangères pour le Moyen-Orient, évoque un «problème d’origine humaine qui aurait pu être évité». Il rejoint ainsi de nombreuses voix qui reprochent aux dirigeants libanais de ne pas avoir réussi à planifier une voie de sortie de crise.
Depuis l'année dernière, en effet, une crise sans précédent a fait chuter la devise et a supprimé des emplois. Des photos de personnes fouillant dans les poubelles ou vendant leurs biens en ligne pour acheter de la nourriture ont largement circulé ces derniers mois.
La recrudescence de la Covid-19, ainsi que la gigantesque explosion dans le port, qui a tué environ deux cents personnes en août dernier, ont aggravé leurs malheurs.
«La menace la plus pressante est le risque pour la sécurité alimentaire: le Liban est sur le point de ne pas pouvoir se nourrir», déplore dans un communiqué James Cleverly, qui a rencontré jeudi des responsables libanais à Beyrouth.
«Quatre mois après l'explosion, le Liban est menacé par un tsunami silencieux. Les dirigeants libanais doivent agir», ajoute le ministre.
Les commentaires sur la fin imminente des subventions, épuisant des réserves de devises qui avaient déjà atteint un stade critique, ont fait craindre des pénuries. Le Liban importe beaucoup – notamment une grande partie de sa consommation interne de blé – et produit peu.
La Banque centrale et le gouvernement libanais se reprochent mutuellement les causes de la crise. La Banque centrale ne peut maintenir les subventions de base que pour deux mois encore et l'État devrait élaborer un plan de sauvetage, a annoncé mardi dernier son gouverneur, Riad Salamé.
Le Premier ministre sortant, Hassan Diab, fait remarquer pour sa part que la levée des subventions sur les produits de base sans que les pauvres soient aidés pourrait provoquer «une explosion sociale».
James Cleverly prévient que tout arrêt des subventions aggraverait les choses. «Je réitère mon appel aux dirigeants libanais de faire ce qui est nécessaire et de mettre en œuvre des réformes», déclare-t-il. «Sinon, ce qui adviendrait serait horrible.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.