PARIS : Les Etats-Unis, la Russie et la France ont réaffirmé jeudi l'importance du Groupe de Minsk qu'ils coprésident pour régler le conflit du Nagorny Karabakh alors que la Turquie revendique un nouveau format de négociations dont elle serait partie prenante.
Paris, Moscou et Washington «exhortent l'Arménie et l'Azerbaïdjan à mettre à profit le cessez-le-feu actuel pour négocier un accord de paix durable et viable sous l'égide de la coprésidence du Groupe de Minsk», ont déclaré les chefs de la diplomatie russe et française ainsi qu'un secrétaire d'Etat adjoint américain dans une déclaration commune.
Les trois capitales demandent ainsi «instamment aux parties d'accueillir les coprésidents dès que possible dans la région et de s'engager dans des négociations de fond pour résoudre toutes les questions en suspens selon un calendrier agréé», ajoutent Sergueï Lavrov, Jean-Yves Le Drian et Stephen Biegun.
Fondé dans les années 1990 après une première guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, le Groupe de Minsk de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) est chargé de la médiation sur le Nagorny Karabakh, une république autoproclamée à majorité arménienne faisant partie de l'Azerbaïdjan.
Mais la Russie a joué un rôle crucial pour mettre fin aux combats récents entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, confirmant son statut d'arbitre régional.
L'accord de cessez-le-feu conclu sous ses auspices le 9 novembre a également montré l'influence grandissante de la Turquie, alliée sans faille de Bakou, qui mettra en place avec Moscou un «centre de coordination» chargé de surveiller le respect de la trêve.
Ankara réclame aussi la création d'un «nouveau mécanisme», associant Russie, Turquie, Arménie et Azerbaïdjan, remplaçant le Groupe de Minsk pour régler le conflit du Nagorny Karabakh.
L'Azerbaïdjan a appelé de son coté à exclure la France de la médiation après le vote par le Sénat français d'un texte réclamant «la reconnaissance» du Nagorny Karabakh.
Paris, Moscou et Washington ont par ailleurs demandé «le départ complet et sans délai de tous les mercenaires étrangers de la région» et appelé «toutes les parties à faciliter ce départ».
La Turquie a été accusée d'envoyer des combattants syriens au Nagorny Karabakh pour épauler les forces de Bakou, ce que le président Recep Tayyip Erdogan a démenti.
Plus de 900 combattants syriens proturcs sont retournés en Syrie depuis la fin des combats au Nagorny Karabakh, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui estime leur nombre total à plus de 2500.
Paris, Washington et Moscou ont également insisté sur le respect du droit international concernant «les échanges de prisonniers de guerre et le rapatriement des dépouilles» et sur un «retour volontaire et durable, en toute sécurité, dans la dignité et la durée, des personnes déplacées» en raison du conflit.