Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 30 avril 2023

Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

  • La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster
  • L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations

LONDRES: Drapeaux peu à peu hissés dans les rues, fanions et objets aux couleurs de l'Union Jack en vente dans les magasins, le Royaume-Uni se prépare sans ferveur démesurée au couronnement du roi Charles III le 6 mai à Londres.

La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster, comme le veut la tradition depuis Guillaume le Conquérant en 1066.

La plupart des Britanniques n'ont jamais vécu un tel évènement, trop jeunes ou pas encore nés il y a 70 ans au moment du couronnement de la reine Elizabeth II, décédée en septembre dernier à 96 ans. Mais l'engouement pour ce nouveau roi de 74 ans qu'ils observent depuis des années, peine encore à se faire sentir dans un pays en proie à l'inflation et à un avenir économique incertain.

Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Et Charles, souvent perçu comme un monarque de transition avant l'arrivée sur le trône de son fils William, hérite d'une monarchie défendue par à peine plus de la moitié des Britanniques (58%) selon un sondage publié cette semaine.

Conscient de ce décalage, surtout chez les jeunes, cet écologiste convaincu et enclin à ouvrir les dossiers sensibles comme le passé colonial du Royaume, affiche sa volonté de moderniser la monarchie.

Le couronnement doit en témoigner, avec une durée réduite à deux heures devant 2 000 invités (contre trois heures et 8 000 personnes pour Elizabeth II), dont environ 500 personnes issues de la société civile et choisies pour leur rôle au sein de la communauté.

"Ce sera une grande célébration de notre histoire, mais aussi de ce qui viendra dans le futur et de ce que le roi va faire", a salué le Premier ministre Rishi Sunak sur Sky news.

Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).

Onction et procession

Pour la première fois le roi prononcera à haute voix une courte prière, des représentants d'autres cultes y tiendront un rôle actif, tandis que la reine recevra l'onction à la vue de tous et que des passages du service seront dit en gallois, gaélique écossais et gaélique irlandais.

Le coeur du rituel reste lui immuable: chef de l'Eglise d'Angleterre, Charles prêtera serment et recevra l'onction de l'archevêque de Canterbury, ainsi que les attributs royaux. Puis la couronne de Saint-Edouard sera déposée sur sa tête.

La reine consort Camilla, 75 ans, seconde épouse de Charles après son divorce avec la princesse Diana, sera également couronnée.

Accompagné par près de 4 000 militaires, le couple royal repartira en carrosse vers le palais de Buckingham où les membres actifs de la famille royale salueront la foule depuis le célèbre balcon.

Après des semaines de suspense, le palais a fait savoir que le prince Harry serait présent à l'abbaye. Mais sans Meghan et leurs deux enfants, restés en Californie.

Après leurs attaques virulentes contre la famille royale, la place attribuée à Harry sera scrutée par tous, comme un symbole de la distance qui le sépare désormais de son père, et surtout de son frère William.

Harry : un bref retour très scruté pour le couronnement

Au couronnement de Charles III, les regards ne seront pas seulement tournés vers le nouveau roi mais aussi vers son fils cadet, le prince Harry, qui apparaîtra pour la première fois avec la famille royale depuis la publication de son autobiographie très critique.

Le prince de 38 ans a répondu seulement le 12 avril à l'invitation. Il sera bien présent au couronnement, le 6 mai à Londres, mais sans son épouse Meghan et leurs enfants, qui resteront en Californie où les "Sussex" se sont installés en 2020 après avoir quitté avec fracas le Royaume-Uni.

Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).
Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).

Sa réponse a mis fin à un suspense de plusieurs semaines, mais a ouvert la porte à d'autres questions sur son rôle dans le couronnement. Où sera-t-il assis dans l'abbaye de Westminster? Parlera-t-il avec son frère William et la reine consort Camilla, sérieusement attaqués dans ses mémoires "Le Suppléant", sortis en janvier?

"Les gens vont suivre de près les interactions entre lui et les autres membres de la famille royale", anticipe Pauline Maclaran de l'université Royal Holloway. "Mais j'imagine que les deux frères seront tenus éloignés l'un de l'autre", ajoute la professeure, autrice d'un livre sur la monarchie.

La dernière fois que les princes sont apparus ensemble remonte à septembre, après le décès d'Elizabeth II. Les deux frères étaient venus saluer la foule avec leurs épouses devant le château de Windsor, pour afficher un semblant d'unité dans ce moment de deuil. Mais les deux couples avaient à peine échangé un mot.

Not My King

Aucune autre monarchie européenne n'a conservé une telle cérémonie, surtout symbolique, Charles III ayant accédé au trône il y a huit mois dès la mort d'Elizabeth II.

"Elle est l'héritage d'un temps où plusieurs prétendants se disputaient le trône et le couronnement légitimait le monarque", qui règne désormais sur le Royaume-Uni et 14 autres Etats, dont le Canada et l'Australie, explique l'expert royal Richard Fitzwilliams à l'AFP.

L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations, avec dimanche des fêtes de voisinage et un concert au château de Windsor, boudé par les stars britanniques, puis un jour férié le lundi durant lequel les Britanniques sont invités au bénévolat.

Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Le soir, un concert aura lieu au château de Windsor, à l'ouest de Londres, auquel 10 000 Britanniques tirés au sort pourront assister. Katy Perry, Lionel Ritchie, le ténor Andrea Bocelli ou le pianiste Lang Lang seront les têtes d'une affiche marquée par l'absence de stars britanniques.

Enfin, la famille royale appelle les Britanniques à faire des actions de bénévolat le lundi 8 mai férié.

Les anti-monarchistes, voulant saisir l'occasion de faire entendre sa voix, ont appelé à des rassemblements. Inaudibles sous Elizabeth II, ils gagnent en visibilité et Charles est régulièrement accueilli dans ses déplacements par des manifestants arborant pancartes et t-shirts "Not my King" (pas mon roi).

26% des Britanniques souhaitent même désormais un chef d'Etat élu, mais sans relai politique le mouvement ne menace pas sérieusement l'institution, toujours vecteur d'unité face aux velléités indépendantistes en Ecosse ou aux tensions politiques en Irlande du nord.

A l'approche du couronnement, les préparatifs se poursuivent imperturbables. La "pierre du destin", pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse.

La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).
La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).

Haendel superstar

"Zadok The Priest" de Georg Friedrich Haendel sera la musique attendue de la cérémonie. A l'occasion du couronnement de George II en 1727, le plus anglais des compositeurs allemands a créé cet hymne qui sera chanté par la suite à chaque couronnement.

"Ca semble ancien, mais à chaque fois qu'on l'entend, c'est tellement intemporel", affirme à l'AFP la professeure Susan Wollenberg, de la faculté de musique à l'Université d'Oxford, précisant que c'est "avec l'arrivée de Haendel que la musique du couronnement a pris tout son poids".

Basé sur un récit de l'Ancien Testament, "Zadok the priest" intervient au moment le plus sacré du couronnement, l'onction, puisque les paroles évoquent comment Sadoq le prêtre et Nathan le prophète ont oint Salomon. "Dieu sauve le Roi, longue vie au Roi, que le Roi vive pour l'éternité!", clame le choeur.

L'oeuvre est si populaire qu'elle a inspiré le célèbre hymne de la Ligue des champions de l'UEFA, créé en 1992 par Tony Britten.

La fortune de Charles III dépassera celle d'Elizabeth II grâce à ses investissements

Charles III qui sera couronné le 6 mai est à la tête d'une fortune considérable, ajoutant à son héritage une partie des actifs qu'il a fait fructifier en tant que prince.

Après avoir touché l'héritage de sa mère Elizabeth II, évalué à 360 millions de livres, la fortune de Charles III s'élèvera à 600 millions de livres, estime le Times.

Selon un proche de la famille royale cité par le quotidien, l'ancien prince de Galles a mené une politique ambitieuse d'investissements pour renflouer ses coffres après avoir divorcé de Diana.

Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).
Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).

La séparation lui coûte 17 millions de livres en 1996, mais Charles ne repart pas de zéro et peut compter sur les ressources du Duché de Cornouailles, dont il a reçu les bénéfices de l'accession de sa mère au trône en 1952 au décès de cette dernière en 2022.

Ce patrimoine a été mis en place au XIVe siècle pour donner une indépendance financière à l'héritier royal.

Concrètement, ce dernier ne possède pas les actifs de ce fonds, mais touche ses profits jusqu'à son accession au trône.

Pour Charles, le duché "rassemble tout ce qui le passionne", assurait sa femme Camilla, dans un documentaire de la chaîne ITV datant de 2019.

Le futur roi y fait le tour des fermes qu'il loue à des exploitants et les incite à utiliser des méthodes d'agriculture durables.

Outre 260 fermes, le duché possède 52 450 hectares de terres, et loue 345 millions de livres de propriétés commerciales.

«Vivat Rex!»

"Depuis le couronnement en 1661 de Charles II, le monarque fait son entrée à l'Abbaye de Westminster sur l'hymne +I was Glad when They Said Unto me+", rappelle Peter Linnitt, bibliothécaire du Royal College of Music de Londres.

La version la plus célèbre est celle composée en 1902 pour le couronnement d'Edouard VII par Hubert Parry qui a "calibré sa musique de manière à ce que le monarque arrive près du choeur au moment des acclamations +Vivat Rex+ ("Longue vie au roi)", précise-t-il. L'hymne a été chanté au mariage de William et de Kate en 2011.

«Communion nationale»

"Pendant des siècles, la musique du couronnement a été centrée autour de l'Eglise", mais certaines compositions d'Edward Elgar (1857-1934), avec leurs accents patriotiques, "ont donné aux Britanniques un sentiment de communion nationale", affirme M. Schama.

Ses marches "Pomp and Circumstance" sont très célèbres, notamment la No. 1: créée en 1901 puis assortie de paroles (Land of Hope and Glory) un an plus tard à l'occasion du couronnement d'Edouard VII, elle est devenue quasiment l'hymne non officiel de la Grande-Bretagne.

Utilisée (sans les paroles) au couronnement d'Elizabeth II, elle figure traditionnellement au dernier concert des Proms de la BBC, mais également avant des matchs de rugby ou de foot. Ses paroles liées à l'Empire britannique ont été au centre d'une controverse en 2020.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.
La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes (Photo, AFP).

 

«Beaucoup de bonheur» : Joyce, 90 ans, était à Londres pour le couronnement d'Elizabeth II

"Un grand privilège" et "beaucoup de bonheur": Joyce Lewis vient de fêter ses 90 ans mais se souvient très bien de ce 2 juin 1953 où elle a assisté parmi la foule massée à Londres au couronnement d'Elizabeth II.

La veille de la cérémonie, elle campe une nuit avec des amis sur le Mall, l'avenue menant au palais de Buckingham, pour voir passer la procession emmenant la reine vers l'Abbaye de Westminster.

Il pleuvait des cordes, mais Joyce se souvient de l'ambiance "joyeuse" dans l'attente de l'événement.

"Il y avait beaucoup de rires, beaucoup de bonheur. Les gens attendaient une très grande occasion et ça le fut", raconte-t-elle à l'AFP depuis sa maison dans la campagne du Warwickshire, dans le centre de l'Angleterre.

Après une nuit passée à même le sol, le silence se fait sur le Mall lorsque le soleil se lève. "A un moment nous avons entendu une voix lointaine disant : +l'Everest est conquis. Hillary a conquis l'Everest+. Et il y a eu bien sûr des acclamations".

Le célèbre alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary et son sherpa Tenzing Norgay avaient réalisé quelques jours plus tôt la célèbre ascension, une première mondiale, et la nouvelle était arrivée au Royaume-Uni le jour du couronnement.

Durant la matinée du 2 juin, à mesure que la foule grossit, Joyce est repoussée parmi les derniers rangs. "Mais cet adorable homme d'origine asiatique se retourne vers moi et me dit: "Venez, c'est votre reine", en la ramenant au premier rang au moment où la parade débute.

"Il n'y avait personne devant moi. Nous étions suffisamment près pour voir à l'intérieur du carrosse" dont les flancs étaient "magnifiquement peints". "C'était vraiment quelque chose d'inoubliable", se souvient Joyce.

"Une chose dont je me souviens c'est le bouquet de fleurs blanches que la reine avait sur ses genoux. Alors que le carrosse avançait, les fleurs remuaient très doucement (...) Et bien sûr, au retour (après la cérémonie) elle portait l'orbe et le sceptre".

"Elle était tellement jeune", se remémore Joyce. "C'était une jeune mère, avec de jeunes enfants. Et le décès de son père a été soudain. Mais bien sûr elle était bien préparée", ajoute la nonagénaire.

Un nouvel hymne

Pour son couronnement, le roi mélomane a passé des commandes à 12 compositeurs, notamment Andrew Lloyd Webber, connu dans le monde entier pour ses comédies musicales "Cats" et "Phantom of the Opera", qui est restée 35 ans à l'affiche de Broadway, un record.

M. Weber a été chargé de composer un nouvel hymne ("Make a Joyful Noise"), sur la base du Psaume 98.

Des souvenirs royaux sont en vente sur un étal du centre de Londres le 29 avril 2023 (Photo, AFP).

Patrick Doyle composera une nouvelle marche, Iain Farrington créera un morceau pour orgue représentant des thèmes musicaux de différents pays du Commonwealth, Tarik O'Regan mêlera sonorités arabes et irlandaises dans son "Agnus Dei", tandis que Paul Mealor composera la première création en langue galloise jouée à un couronnement.

Les compositrices à l'honneur

Cinq compositrices créeront des pièces pour la cérémonie, du jamais vu. Parmi elles, Judith Weir, "Maître de musique du Roi" - première femme titulaire de ce poste qu'elle occupe depuis 2014; la compositrice de films Sarah Class, activement engagée pour l'environnement, ou encore Debbie Wiseman qui a créé d’innombrables bandes-son pour le cinéma et la télé.

Les tabloïds et Buckingham, liés pour le meilleur et pour le pire

Des histoires qui font vendre du papier contre une place réservée dans les gros titres, si possibles positifs: c'est l'accord tacite entre la monarchie britannique et la presse tabloïd. Un donnant-donnant qui parfois dérape.

"C'est une relation d'intérêt mutuel", reconnait Michala Hulme, qui enseigne l'Histoire à l'université de Birmingham.

Pour la monarchie, "les médias sont utiles pour montrer aux contribuables britanniques ce que font les membres de la famille royale avec l'argent public" qui finance leur train de vie somptuaire, ou pour attirer l'attention sur les œuvres caritatives qu'ils défendent, remarque Mme Hulme.

Et pour les médias, les "Royals", dans leurs fonctions publiques et leurs tribulations privées, représentent une source inépuisable d'histoires générant ventes et audience.

La société de marketing Brand Financial estime que la famille royale a contribué à hauteur de 125 millions de livres (142 millions d'euros ) aux recettes des médias en 2022. "Une évaluation conservative de la valeur publicitaire" de la couverture médiatique de la famille royale, affirme un responsable de Brand à l'AFP.

Cet échange de bons procédés se manifeste notamment par la "rota", le petit groupe de médias accrédités à Buckingham, qui ont un accès quasi permanent aux communicants des Windsor et aux événements auxquels participent les membres de la famille.

Symbole d'une relation qui peuvent tourner à l'endogamie: les anciens journalistes des tabloïds passent parfois de l'autre côté comme le nouveau directeur de la communication de Charles et Camilla, Tobyn Andreae, ancien rédacteur en chef adjoint du Daily Mail.

Mais s'ils ont besoin les uns des autres, leurs intérêts parfois divergent.

"Les membres de la famille royale ont besoin de publicité mais selon leurs propres termes. Les journaux tabloïds veulent des histoires sur les royaux, mais à leur façon", résume Ivor Gaber, professeur à l'université du Sussex.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.